ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

I LOVE PERU - Ciné Cosy - 2025-07-11

Ciné Cosy - vendredi 11 juillet à 13h15

I LOVE PERU de Hugo David & Raphaël Quenard

PUSHER / PUSHER II : DU SANG SUR LES MAINS / PUSHER III : L'ANGE DE LA MORT - LA TRILOGIE PUSHER - 2025-08-24

LA TRILOGIE PUSHER - dimanche 24 août à 17h30

PUSHER / PUSHER II : DU SANG SUR LES MAINS / PUSHER III : L'ANGE DE LA MORT de Nicolas Winding Refn

MONSIEUR KLEIN - Joseph Losey

A PROPOS

Les années qui ont suivi la sortie du documentaire Le chagrin et la pitié ont brisé le tabou de la représentation cinématographique des noirceurs du régime de Vichy. Après Lacombe Lucien (Louis Malle, 1974), Mr. Klein se déroule également dans une France où règnent les lâchetés, délations, mesquineries et compromissions, dans un contexte d’antisémitisme institutionnalisé. Le film démarre fort, avec la visite médicale d’une femme nue (Isabelle Sadoyan) subissant un examen pour déterminer ses origines ethniques, les propos du docteur assumant un racisme convaincu et ses gestes s’apparentant à ceux d’un vétérinaire. Un spectacle de cabaret raillant les Juifs, auquel assistent Robert Klein et sa maîtresse (Juliet Berto), met en exergue l’attitude inconsciente d’une partie du monde des artistes. L’horreur va crescendo jusqu’à une séquence montrant la préparation et le déroulement de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Entre ces passages emblématiques, on aura vu un affairiste arnaquer un Juif en fuite (Jean Bouise), un employé de préfecture (Michel Aumont) d’un zèle administratif digne de Maurice Papon, des policiers inquiétants (Etienne Chicot et Pierre Vernier), traquant un homme tels des tueurs à gages, un vieux père (Louis Seigner) expliquer que les Klein sont « catholiques depuis Louis XIV », ou un respectable avocat (Michael Lonsdale) dénonçer un Juif forcément criminel à ses yeux. Pourtant, Mr. Klein n’est que partiellement un film historique, les déboires de Robert Klein prenant une dimension kafkaïenne et absurde qui dépasse le souci de vraisemblance et de reconstitution d’époque, pourtant soignée. Bourgeois cultivé, fier d’être Français et faisant confiance à la police de son pays, Mr. Klein a trouvé un créneau.

L’exil des Juifs lui assure une prospérité financière, même s’il n’est pas directement impliqué dans la Collaboration. Bel homme, il est partagé entre Jeanine et la femme de son meilleur ami (Francine Bergé) jusqu’au jour où une curieuse homonymie viendra bouleverser son existence moralement équivoque mais socialement réglée. Arroseur arrosé, Robert mène son enquête mais c’est précisément la complexité de celle-ci et l’ambiguïté de son attitude qui font la force du récit. Volonté de se protéger ou attirance vers le danger qui le menace ? Toute la force de Losey est de ne pas donner de réponse à cette interrogation et de réussir à teinter le film d’un climat étrange et irréel, à l’instar de la séquence d’un dîner en province auprès de châtelains mystérieux (Jeanne Moreau et Massimo Girotti). On pourra voir aussi des correspondances avec The servant (1963), le chef-d’œuvre de sa période anglaise, pour le thèmes de la manipulation et du double, les deux Klein se livrant sans se voir au même jeu du plus fort pratiqué par Dirk Bogarde et James Fox. Comme dans ce film, Losey est un maître dans la captation des sentiments humains et l’aptitude à créer une tension. On se référera ici à la scène où son anti-héros, évasif, sort un rasoir d’un tiroir sous le regard effrayé d’une logeuse (Suzanne Flon) : le film nous mène le temps de quelques secondes vers une fausse piste narrative... Producteur du film, Alain Delon fut très impliqué dans le projet. Froidement accueilli au Festival de Cannes, Mr. Klein fut un échec public mais séduisit les professionnels qui lui donneront les César du meilleur film, du meilleur réalisateur des meilleurs décors (Alexandre Trauner).
Gérard Crespo (aVoiraLire.com)

Séance exceptionnelle
dimanche 30 novembre 2014 à 11h00

projection précédée d'un programme réalisé à partir d'images d'archives et d'extraits, replaçant le film dans son contexte de création et de diffusion initial, présenté par Jean-Jacques Bernard, journaliste

en collaboration avec l'AFCAE Répertoire


MONSIEUR KLEIN

de Joseph Losey

avec Alain Delon, Jeanne Moreau, Francine Bergé
France - 1976 - 2h03 - Réédition - Version restaurée

Paris, 1942. Dans la France occupée par les Allemands, Robert Klein, quadragénaire riche et séduisant, originaire d'Alsace, fait des affaires. Alors qu'il vient de racheter à très bas prix un tableau de maître à son propriétaire juif, il découvre dans son courrier un exemplaire des Informations juives  portant son nom et son adresse. Inquiet, il enquête et découvre que son nom figure sur le fichier de la préfecture de police. Un autre Robert Klein existe, il part à la recherche de cet homonyme.
http://www.festival-lumiere.org/manifestations/monsieur-klein.html

A PROPOS

Les années qui ont suivi la sortie du documentaire Le chagrin et la pitié ont brisé le tabou de la représentation cinématographique des noirceurs du régime de Vichy. Après Lacombe Lucien (Louis Malle, 1974), Mr. Klein se déroule également dans une France où règnent les lâchetés, délations, mesquineries et compromissions, dans un contexte d’antisémitisme institutionnalisé. Le film démarre fort, avec la visite médicale d’une femme nue (Isabelle Sadoyan) subissant un examen pour déterminer ses origines ethniques, les propos du docteur assumant un racisme convaincu et ses gestes s’apparentant à ceux d’un vétérinaire. Un spectacle de cabaret raillant les Juifs, auquel assistent Robert Klein et sa maîtresse (Juliet Berto), met en exergue l’attitude inconsciente d’une partie du monde des artistes. L’horreur va crescendo jusqu’à une séquence montrant la préparation et le déroulement de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Entre ces passages emblématiques, on aura vu un affairiste arnaquer un Juif en fuite (Jean Bouise), un employé de préfecture (Michel Aumont) d’un zèle administratif digne de Maurice Papon, des policiers inquiétants (Etienne Chicot et Pierre Vernier), traquant un homme tels des tueurs à gages, un vieux père (Louis Seigner) expliquer que les Klein sont « catholiques depuis Louis XIV », ou un respectable avocat (Michael Lonsdale) dénonçer un Juif forcément criminel à ses yeux. Pourtant, Mr. Klein n’est que partiellement un film historique, les déboires de Robert Klein prenant une dimension kafkaïenne et absurde qui dépasse le souci de vraisemblance et de reconstitution d’époque, pourtant soignée. Bourgeois cultivé, fier d’être Français et faisant confiance à la police de son pays, Mr. Klein a trouvé un créneau.

L’exil des Juifs lui assure une prospérité financière, même s’il n’est pas directement impliqué dans la Collaboration. Bel homme, il est partagé entre Jeanine et la femme de son meilleur ami (Francine Bergé) jusqu’au jour où une curieuse homonymie viendra bouleverser son existence moralement équivoque mais socialement réglée. Arroseur arrosé, Robert mène son enquête mais c’est précisément la complexité de celle-ci et l’ambiguïté de son attitude qui font la force du récit. Volonté de se protéger ou attirance vers le danger qui le menace ? Toute la force de Losey est de ne pas donner de réponse à cette interrogation et de réussir à teinter le film d’un climat étrange et irréel, à l’instar de la séquence d’un dîner en province auprès de châtelains mystérieux (Jeanne Moreau et Massimo Girotti). On pourra voir aussi des correspondances avec The servant (1963), le chef-d’œuvre de sa période anglaise, pour le thèmes de la manipulation et du double, les deux Klein se livrant sans se voir au même jeu du plus fort pratiqué par Dirk Bogarde et James Fox. Comme dans ce film, Losey est un maître dans la captation des sentiments humains et l’aptitude à créer une tension. On se référera ici à la scène où son anti-héros, évasif, sort un rasoir d’un tiroir sous le regard effrayé d’une logeuse (Suzanne Flon) : le film nous mène le temps de quelques secondes vers une fausse piste narrative... Producteur du film, Alain Delon fut très impliqué dans le projet. Froidement accueilli au Festival de Cannes, Mr. Klein fut un échec public mais séduisit les professionnels qui lui donneront les César du meilleur film, du meilleur réalisateur des meilleurs décors (Alexandre Trauner).
Gérard Crespo (aVoiraLire.com)