LE MESSAGER - Joseph Losey

A PROPOS

Évocation émue d’une enfance filtrée par la nostalgie, “Le Messager”, de Joseph Losey est un film féroce et vénéneux sur le mépris de classe, porté par la musique de Michel Legrand et par la subtile interprétation de Julie Christie.

Dans un paysage riant du Norfolk, au début du siècle, un jeune garçon de condition modeste découvre le monde du luxe, de l’aristocratie, du mensonge, mais surtout le monde des adultes. Il a été invité par un camarade de classe. Il est ébloui par la beauté du site et par celle de la grande sœur de son copain. Le hasard fera de lui un messager clandestin chargé de transmettre des billets entre cette belle dame et son amant, le métayer. Le gamin est jaloux mais serviable, et curieux des choses de l’amour. Son éducation sentimentale est cruelle mais lumineuse.

« Le passé est une terre étrangère. On y agit tout autrement. » La voix off du Messager (Palme d’or à Cannes en 1971) a des accents cassés. À l’heure de raconter l’été de ses 13 ans, le narrateur sait qu’il retourne en enfer. Pour ce garçon aux origines modestes, le séjour tient du conte : il y fréquente l’aristocratie et gagne l’amitié de Marian (Julie Christie), la jeune fille de la maison.

Sous la splendeur du décor, le malaise s’insinue, pourtant, tel un poison. Escaliers interminables sous les tableaux de maîtres, passages dérobés derrière les boiseries, jardins sauvages. En quelques plans d’une beauté virtuose, Joseph Losey traque la pourriture dans les replis de la soie. Et le château devient la métaphore de deux univers également impénétrables pour Leo : la classe dominante et le monde des adultes. Pour Marian, promise à un homme de son rang, mais amoureuse du métayer (Alan Bates), le garçon est prêt à tout. C’est ainsi qu’il devient le messager des deux amants. Cinéaste de la perversité, Losey exploite avec subtilité la cruauté de la situation et l’égoïsme du couple, qui sacrifie l’enfant sur l’autel de ses plaisirs. Hanté par la musique aux accords dissonants de Michel Legrand, ce drame puissant et solaire concentre les obsessions de Losey : la blessure amoureuse et le mépris de classe. Vénéneux cocktail.
Mathilde Blottière (Télérama)

Ciné classique
dimanche 4 décembre 2022 à 17h45

Présenté par Didier Arnaud, Cinéma Parlant

Soirée organisée en collaboration avec Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue anglaise


LE MESSAGER

de Joseph Losey

avec Julie Christie, Alan Bates, Dominic Guard
GRANDE BRETAGNE - 1971 - 1h58 - VOST - Réédition - Version restaurée 4K

Vers 1900, Leo, un jeune garçon issu d’un milieu modeste, est invité par son camarade d’internat à venir passer les vacances d’été chez sa famille de l’aristocratie britannique. Il devient le messager entre la fille ainée de la maison, Marian, fiancée à un vicomte, et son amant, un fermier, Ted Burgess, tout en gardant le secret sur cette correspondance clandestine…
https://www.acaciasfilms.com/film/le-messager/

A PROPOS

Évocation émue d’une enfance filtrée par la nostalgie, “Le Messager”, de Joseph Losey est un film féroce et vénéneux sur le mépris de classe, porté par la musique de Michel Legrand et par la subtile interprétation de Julie Christie.

Dans un paysage riant du Norfolk, au début du siècle, un jeune garçon de condition modeste découvre le monde du luxe, de l’aristocratie, du mensonge, mais surtout le monde des adultes. Il a été invité par un camarade de classe. Il est ébloui par la beauté du site et par celle de la grande sœur de son copain. Le hasard fera de lui un messager clandestin chargé de transmettre des billets entre cette belle dame et son amant, le métayer. Le gamin est jaloux mais serviable, et curieux des choses de l’amour. Son éducation sentimentale est cruelle mais lumineuse.

« Le passé est une terre étrangère. On y agit tout autrement. » La voix off du Messager (Palme d’or à Cannes en 1971) a des accents cassés. À l’heure de raconter l’été de ses 13 ans, le narrateur sait qu’il retourne en enfer. Pour ce garçon aux origines modestes, le séjour tient du conte : il y fréquente l’aristocratie et gagne l’amitié de Marian (Julie Christie), la jeune fille de la maison.

Sous la splendeur du décor, le malaise s’insinue, pourtant, tel un poison. Escaliers interminables sous les tableaux de maîtres, passages dérobés derrière les boiseries, jardins sauvages. En quelques plans d’une beauté virtuose, Joseph Losey traque la pourriture dans les replis de la soie. Et le château devient la métaphore de deux univers également impénétrables pour Leo : la classe dominante et le monde des adultes. Pour Marian, promise à un homme de son rang, mais amoureuse du métayer (Alan Bates), le garçon est prêt à tout. C’est ainsi qu’il devient le messager des deux amants. Cinéaste de la perversité, Losey exploite avec subtilité la cruauté de la situation et l’égoïsme du couple, qui sacrifie l’enfant sur l’autel de ses plaisirs. Hanté par la musique aux accords dissonants de Michel Legrand, ce drame puissant et solaire concentre les obsessions de Losey : la blessure amoureuse et le mépris de classe. Vénéneux cocktail.
Mathilde Blottière (Télérama)