ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Documentaire d'immersion, sans commentaire, sans temps mort non plus, La Saga des Conti plonge le spectateur dans la longue lutte des ouvriers de l'usine de pneus Continental à Clairoix qui a fait suite à leur licenciement collectif en mars 2009. Quatre ans après ces événements qui avaient été largement médiatisés à l'époque, le sujet ne semble guère engageant. Le film, pourtant, est passionnant.
Réalisé par Jérôme Palteau, un habitant de Clairoix, il documente précisément la mécanique de ce mouvement autonome, quasiment spontané, affranchi de toute allégeance syndicale, dont l'étincelle de départ est née d'un sentiment partagé d'indignation et de révolte.
La parole des personnages se conjugue aux expressions, souvent inventives, de leur lutte, pour mettre lumière les logiques de solidarité qui ont permis au mouvement de durer, et l'intelligence collective qu'elles ont fait naître, qui a conduit, in fine, à une jolie victoire.
Si une partie de l'histoire est reconstituée a posteriori, par une interview de Xavier Mathieu, leader charismatique qui s'était imposé comme le visage et la voix du mouvement, l'intérêt du film réside surtout dans les scènes prises sur le vif.
Le cinéaste n'a pas pu tout filmer (on imagine que la caméra n'était pas bienvenue partout), mais il a assisté à certaines séances de brainstorming stratégique (orchestrées par l'excellent Roland Szpirko, vieux briscard des luttes sociales venu conseiller les Conti pour cette aventure), il est monté dans le train spécialement affrété pour les ouvriers de Clairoix, partis manifester aux côtés de leurs collègues allemands devant le siège de Continental en Allemagne le jour de l'assemblée générale des actionnaires...
Il a aussi suivi les négociations tripartites avec la direction de Continental et un émissaire du gouvernement, qui ont conduit, après un long bras de fer, à ce que l'on peut légitimement appeler un happy end.
L'élan engendré par le mouvement, la victoire de la dignité humaine qu'il a représentée font toute la valeur de ce film dont on regrette seulement qu'il ne se laisse pas un peu plus aller, sur le plan formel, sur le chemin du rêve ouvert par ses personnages.
Isabelle Regnier (Le Monde)
Ciné doc
mardi 24 septembre
2013 à 20h15
suivi d'une rencontre avec une déléguée syndicale CGT, travaillant à Thomson, des membres de ATTAC 49 et le réalisateur (sous réserve)
Soirée organisée en collaboration avec ATTAC 49
LA SAGA DES CONTI
de Jérôme Palteau
Documentaire
France - 2013 - 1h37
Le 11 mars 2009, les 1 120 salariés de l’usine de pneumatiques "Continental" de Clairoix reçoivent leur lettre de licenciement. Bien que sonnés par ce cataclysme, ceux que l’histoire retiendra sous le nom des "Conti" sont immédiatement habités d’une certitude : celui qui se bat n’est pas sûr de gagner, mais celui qui ne se bat pas a déjà perdu. Entre manifestations publiques et intimité, des ouvriers racontent et portent un regard pertinent et lucide sur leur travail, la société, la crise... A pied, en train, en voiture, forts de leur mobilisation contre la stratégie financière d’une multinationale, ils écrivent une page d’histoire sociale.
https://www.facebook.com/lescontilefilm
A PROPOS
Documentaire d'immersion, sans commentaire, sans temps mort non plus, La Saga des Conti plonge le spectateur dans la longue lutte des ouvriers de l'usine de pneus Continental à Clairoix qui a fait suite à leur licenciement collectif en mars 2009. Quatre ans après ces événements qui avaient été largement médiatisés à l'époque, le sujet ne semble guère engageant. Le film, pourtant, est passionnant.
Réalisé par Jérôme Palteau, un habitant de Clairoix, il documente précisément la mécanique de ce mouvement autonome, quasiment spontané, affranchi de toute allégeance syndicale, dont l'étincelle de départ est née d'un sentiment partagé d'indignation et de révolte.
La parole des personnages se conjugue aux expressions, souvent inventives, de leur lutte, pour mettre lumière les logiques de solidarité qui ont permis au mouvement de durer, et l'intelligence collective qu'elles ont fait naître, qui a conduit, in fine, à une jolie victoire.
Si une partie de l'histoire est reconstituée a posteriori, par une interview de Xavier Mathieu, leader charismatique qui s'était imposé comme le visage et la voix du mouvement, l'intérêt du film réside surtout dans les scènes prises sur le vif.
Le cinéaste n'a pas pu tout filmer (on imagine que la caméra n'était pas bienvenue partout), mais il a assisté à certaines séances de brainstorming stratégique (orchestrées par l'excellent Roland Szpirko, vieux briscard des luttes sociales venu conseiller les Conti pour cette aventure), il est monté dans le train spécialement affrété pour les ouvriers de Clairoix, partis manifester aux côtés de leurs collègues allemands devant le siège de Continental en Allemagne le jour de l'assemblée générale des actionnaires...
Il a aussi suivi les négociations tripartites avec la direction de Continental et un émissaire du gouvernement, qui ont conduit, après un long bras de fer, à ce que l'on peut légitimement appeler un happy end.
L'élan engendré par le mouvement, la victoire de la dignité humaine qu'il a représentée font toute la valeur de ce film dont on regrette seulement qu'il ne se laisse pas un peu plus aller, sur le plan formel, sur le chemin du rêve ouvert par ses personnages.
Isabelle Regnier (Le Monde)