ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Pour son premier Festival de Cannes, Martin Provost a présenté, dans la section Cannes Première, un film où l’on retrouve tout ce que l’on a aimé chez lui : la comédie (Sage Femme), les portraits d’artistes et la réflexion sur la création (Séraphine, Violette). Cela fait de Bonnard, Pierre et Marthe un biopic habité, où l’histoire du célèbre peintre français et de sa compagne raconte à la fois la comédie de l’amour et de l’infidélité, la vie d’artiste et l’idéal qui peut en naître, un rapport au monde, à la beauté et à la vie.
Une belle et riche palette pour ce film qui sait pourtant garder une vraie simplicité, l’élan dépouillé du Bonnard qui, dans les premières scènes, peint pour la première fois celle qui deviendra sa femme. Comme cet homme qui s’émerveille sans jamais se lasser, Martin Provost mène cette reconstitution historique avec un regard ébloui par des trésors quotidiens. La chambre-atelier, moitié papier peint rétro et moitié peinture moderne, avec le Paris de 1895 en toile de fond. La maison au bord de la Seine, où Pierre et Marthe vivent la plénitude de leur fusion charnelle riante, limpide, et où s’organisent avec Monet et Vuillard des déjeuners presque sur l’herbe.
Au cœur de ces images qui convoquent la magie du temps passé et la font parfois toucher du doigt, deux portraits passionnés se répondent, s’opposent tendrement. Bonnard est interprété par Vincent Macaigne, qui a gardé un corps bien présent pour faire vibrer l’appétit sensuel de son personnage, mais sait surtout étonnamment s’absenter. Il est le génie flottant ailleurs, parmi les couleurs, spécialement le jaune adoré. Dans son ombre, Marthe est la muse, l’idéale, puis l’intendante, celle qui est chargée des nourritures terrestres et souffre d’une jalousie, d’un abandon qui n’existent que dans notre bas monde.
C’est sur elle que Martin Provost, cinéaste des femmes, porte ses regards les plus sensibles, les plus émouvants. Il a trouvé en Cécile de France une actrice idéale, terrienne comme on a l’habitude de la voir mais aussi, et c’est nouveau, étonnante dans la solitude, les silences. Nul doute que, pour le réalisateur, la projection dans la vie des Bonnard passe par Pierre et par Marthe tout autant.
Il y a quelque chose d’un autoportrait et d’une profession de foi dans ce film où l’on voit, à Rome, le peintre et sa maîtresse Renée (Stacy Martin, parfaite) regarder un tableau du Caravage. La jeune femme est séduite par les noirceurs dramatiques, les complexités de cette beauté tourmentée, et voudrait bien que le gentil Pierre se risque de ce côté-là. Mais lui n’est qu’admiration : il sait que jamais il n’ira dans cette direction. Comme Martin Provost, qui a choisi, lui aussi, pour son art, septième du nom, l’harmonie lumineuse, la générosité du regard. Et c’est un bonheur qu’il nous raconte Bonnard.
Frédéric Strauss (Télérama)
Avant première / Rencontre
mardi 2 janvier
2024 à 20h00
En présence de Martin Provost, réalisateur
Séance organisée en collaboration avec l'association Cinéma Parlant
BONNARD, PIERRE ET MARTHE
de Martin Provost
avec Cécile de France, Vincent Macaigne, Hélène Alexandridis
FRANCE - 2023 - 2h02 - Cannes 2023
Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l'énigmatique Marthe qui occupe à elle seule presque un tiers de son oeuvre…
https://www.memento.eu/bonnard/
A PROPOS
Pour son premier Festival de Cannes, Martin Provost a présenté, dans la section Cannes Première, un film où l’on retrouve tout ce que l’on a aimé chez lui : la comédie (Sage Femme), les portraits d’artistes et la réflexion sur la création (Séraphine, Violette). Cela fait de Bonnard, Pierre et Marthe un biopic habité, où l’histoire du célèbre peintre français et de sa compagne raconte à la fois la comédie de l’amour et de l’infidélité, la vie d’artiste et l’idéal qui peut en naître, un rapport au monde, à la beauté et à la vie.
Une belle et riche palette pour ce film qui sait pourtant garder une vraie simplicité, l’élan dépouillé du Bonnard qui, dans les premières scènes, peint pour la première fois celle qui deviendra sa femme. Comme cet homme qui s’émerveille sans jamais se lasser, Martin Provost mène cette reconstitution historique avec un regard ébloui par des trésors quotidiens. La chambre-atelier, moitié papier peint rétro et moitié peinture moderne, avec le Paris de 1895 en toile de fond. La maison au bord de la Seine, où Pierre et Marthe vivent la plénitude de leur fusion charnelle riante, limpide, et où s’organisent avec Monet et Vuillard des déjeuners presque sur l’herbe.
Au cœur de ces images qui convoquent la magie du temps passé et la font parfois toucher du doigt, deux portraits passionnés se répondent, s’opposent tendrement. Bonnard est interprété par Vincent Macaigne, qui a gardé un corps bien présent pour faire vibrer l’appétit sensuel de son personnage, mais sait surtout étonnamment s’absenter. Il est le génie flottant ailleurs, parmi les couleurs, spécialement le jaune adoré. Dans son ombre, Marthe est la muse, l’idéale, puis l’intendante, celle qui est chargée des nourritures terrestres et souffre d’une jalousie, d’un abandon qui n’existent que dans notre bas monde.
C’est sur elle que Martin Provost, cinéaste des femmes, porte ses regards les plus sensibles, les plus émouvants. Il a trouvé en Cécile de France une actrice idéale, terrienne comme on a l’habitude de la voir mais aussi, et c’est nouveau, étonnante dans la solitude, les silences. Nul doute que, pour le réalisateur, la projection dans la vie des Bonnard passe par Pierre et par Marthe tout autant.
Il y a quelque chose d’un autoportrait et d’une profession de foi dans ce film où l’on voit, à Rome, le peintre et sa maîtresse Renée (Stacy Martin, parfaite) regarder un tableau du Caravage. La jeune femme est séduite par les noirceurs dramatiques, les complexités de cette beauté tourmentée, et voudrait bien que le gentil Pierre se risque de ce côté-là. Mais lui n’est qu’admiration : il sait que jamais il n’ira dans cette direction. Comme Martin Provost, qui a choisi, lui aussi, pour son art, septième du nom, l’harmonie lumineuse, la générosité du regard. Et c’est un bonheur qu’il nous raconte Bonnard.
Frédéric Strauss (Télérama)