ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Divertissant sans être superficiel, le nouveau film d'Émilie Deleuze, co-écrit avec Marie Desplechin, (auteure du livre Le Journal d’Aurore, dont son film précédent, Jamais contente, était tiré), parle de masculinité, d’arrogance citadine et de l’extraordinaire capacité qu'ont les agriculteurs de vivre une vie intense malgré les innombrables difficultés du quotidien.
Si le héros du film ne prend pas, comme le font beaucoup de Parisiens (mais pas seulement) pour donner un sens à leur vie, la décision radicale de tout abandonner pour devenir lui-même agriculteur (cinq hectares, c'est le minimum pour pouvoir espérer être accepté dans le milieu rural, et le maximum si on ne veut pas devoir s’en occuper de manière trop intensive), le rappel de la terre et l'appel d'une liberté longtemps rêvée, mais jamais poursuivie, semblent se substituer progressivement à la réalité, aux obligations liées à son travail et à ses efforts pour faire perdurer une relation de couple vacillante.
Convaincu qu’acheter un lopin de terre suffit à faire de lui un propriétaire terrien qui mérite le respect de ses voisins, Franck se rend vite compte de sa complète ignorance pour ce qui est des règles tacites qui structurent la vie à la campagne. Habitué à obtenir ce qu’il veut (il suffit de payer !), notre agriculteur du dimanche décide alors d’acheter ce qui pourrait le transformer en un vrai campagnard qui se respecte : un tracteur. La frénésie de se procurer ce qui s'avère être un véritable symbole en termes de statut va alors l’amener à s'enfoncer dans un arrière-pays mystérieux et fascinant où les mots ont un autre poids, et où la terre se mérite. Dans ce voyage initiatique, il est accompagné par un autre citadin (interprété par Laurent Poitrenaux) qui, dix ans plus tôt, s'est laissé comme lui submerger par sa passion de la campagne.
Tels Don Quichotte et Sancho Panza, les deux hommes s'unissent dans le but de ramener chez eux le Saint Graal, mais mettre la main sur l'objet tant convoité se révèle beaucoup beaucoup plus difficile que ce que Franck pensait. Malgré tout, l'attente, les difficultés, la nécessité de s’adapter à un rythme très différent de celui qu’il connaît et le fait de découvrir une réalité où le temps se dilate et où rien n'est jamais certain vont constituer pour notre héros le traitement de choc dont il avait grand besoin, et lui permettre d’explorer des instincts primaires qu'il ne s’était jamais permis d’éprouver : la rage, l’envie, le désir bouleversant.
5 hectares est une comédie bien calibrée qui distille avec intelligence des moments d'humour et des réflexions plus profondes, notamment sur la survie d’un métier, celui d'agriculteur, qui est rude et de moins en moins valorisé. Mention spéciale à la musique de Bobby Gillespie, qui recouvre le film d'une patine vintage et ludique franchement captivante.
Giorgia Del Don (cineuropa.org)
Avant première / Rencontre
lundi 11 décembre
2023 à 20h00
En présence d'Émilie Deleuze, réalisatrice et Lambert Wilson, comédien
Séance organisée en collaboration avec l'association Cinéma Parlant
5 HECTARES
de Emilie Deleuze
avec Lambert Wilson, Marina Hands, Laurent Poitrenaux
FRANCE - 2023 - 1h34
Qu’est-ce qui conduit un homme établi à mettre en péril son confort, sa carrière et son couple ? La passion, d’autant plus brûlante qu’elle est tardive, pour cinq hectares de terre limousine. Mais la terre se mérite, surtout quand on vient de la ville. Voilà Franck précipité dans la quête du Graal. Il lui faut un tracteur.
A PROPOS
Divertissant sans être superficiel, le nouveau film d'Émilie Deleuze, co-écrit avec Marie Desplechin, (auteure du livre Le Journal d’Aurore, dont son film précédent, Jamais contente, était tiré), parle de masculinité, d’arrogance citadine et de l’extraordinaire capacité qu'ont les agriculteurs de vivre une vie intense malgré les innombrables difficultés du quotidien.
Si le héros du film ne prend pas, comme le font beaucoup de Parisiens (mais pas seulement) pour donner un sens à leur vie, la décision radicale de tout abandonner pour devenir lui-même agriculteur (cinq hectares, c'est le minimum pour pouvoir espérer être accepté dans le milieu rural, et le maximum si on ne veut pas devoir s’en occuper de manière trop intensive), le rappel de la terre et l'appel d'une liberté longtemps rêvée, mais jamais poursuivie, semblent se substituer progressivement à la réalité, aux obligations liées à son travail et à ses efforts pour faire perdurer une relation de couple vacillante.
Convaincu qu’acheter un lopin de terre suffit à faire de lui un propriétaire terrien qui mérite le respect de ses voisins, Franck se rend vite compte de sa complète ignorance pour ce qui est des règles tacites qui structurent la vie à la campagne. Habitué à obtenir ce qu’il veut (il suffit de payer !), notre agriculteur du dimanche décide alors d’acheter ce qui pourrait le transformer en un vrai campagnard qui se respecte : un tracteur. La frénésie de se procurer ce qui s'avère être un véritable symbole en termes de statut va alors l’amener à s'enfoncer dans un arrière-pays mystérieux et fascinant où les mots ont un autre poids, et où la terre se mérite. Dans ce voyage initiatique, il est accompagné par un autre citadin (interprété par Laurent Poitrenaux) qui, dix ans plus tôt, s'est laissé comme lui submerger par sa passion de la campagne.
Tels Don Quichotte et Sancho Panza, les deux hommes s'unissent dans le but de ramener chez eux le Saint Graal, mais mettre la main sur l'objet tant convoité se révèle beaucoup beaucoup plus difficile que ce que Franck pensait. Malgré tout, l'attente, les difficultés, la nécessité de s’adapter à un rythme très différent de celui qu’il connaît et le fait de découvrir une réalité où le temps se dilate et où rien n'est jamais certain vont constituer pour notre héros le traitement de choc dont il avait grand besoin, et lui permettre d’explorer des instincts primaires qu'il ne s’était jamais permis d’éprouver : la rage, l’envie, le désir bouleversant.
5 hectares est une comédie bien calibrée qui distille avec intelligence des moments d'humour et des réflexions plus profondes, notamment sur la survie d’un métier, celui d'agriculteur, qui est rude et de moins en moins valorisé. Mention spéciale à la musique de Bobby Gillespie, qui recouvre le film d'une patine vintage et ludique franchement captivante.
Giorgia Del Don (cineuropa.org)