LE CHAMP D'IGOR - Rodolphe Viémont

A PROPOS

Je rencontre Igor lors d’un séjour estivant, à quelques encablures du massif de Turquestein, dans les Vosges du nord. Nous sortons juste du premier confinement, le mois de juillet est caniculaire, et je pense comme nombre d’entre nous que ce monde est tout entier à réinventer.
Je suis d’emblée interpellé par la présence d’Igor, grand, solide, à l’allure christique ; sa parole est douce et hésitante. Il se raconte, un peu, se dit « allergique au consumérisme » contemporain. « Allergique » est le bon mot, tant la folie de notre consommation, aveugle, revient en boucle dans sa bouche.
Igor vit de peu, dans une éthique toute personnelle. Il ne fait pourtant la leçon à personne et se tient, bien qu’un peu ours, hors de toute misanthropie. Heureux de son sort, jamais une plainte, même dans les jours difficiles où il a froid, où il est seul et où il doute ; jamais un regard de concupiscence sociale. Il se dresse, entier, vivant et refuse le modèle imposé par la mondialisation.
S’il y a quelque chose de mythologique chez Igor, dans son attitude rêveuse (et en quelque sorte enfantine), il reste un pragmatique. Ce qui me parle en lui, c’est que sa révolte est une pulsion de vie.
Il n’est dans aucun mouvement : de pensée, communautaire ou politique. Il prend les chemins de traverse, en animal hors meute, en liberté absolue. J’admire cette force qui pousse à faire – là où j’ai moi l’urbain souvent tendance à penser. Ce « marginal », aurait-on dit de lui il y a encore peu, serait-il devenu dans l’imaginaire contemporain un modèle de résilience sociale ?
Rodolphe Viémont

Ciné Doc
mardi 22 février 2022 à 20h00

En présence de Rodolphe Viémont, réalisateur avec la participation des militants d’Extinction Rebellion et Youth For Climate


LE CHAMP D'IGOR

de Rodolphe Viémont

Documentaire
FRANCE - 2021 - 52 min

Igor a 33 ans, il vit depuis 5 ans dans un camion aménagé, dans ses Vosges natales. Il ambitionne l’autosuffisance grâce à son potager et les quelques resquilles qu’il fait la nuit dans les poubelles des hypermarchés de bricolage. Anticonsumériste, respectueux de la nature et des gens qu’il côtoie, Igor est un cœur pur. Très attaché à sa liberté, il ne milite pas. Mais parfois, il aimerait bien partager son existence avec d’autres ;  parfois il pense à l’avenir…
https://www.rodolpheviemont.com/le-champ-d-igor/

A PROPOS

Je rencontre Igor lors d’un séjour estivant, à quelques encablures du massif de Turquestein, dans les Vosges du nord. Nous sortons juste du premier confinement, le mois de juillet est caniculaire, et je pense comme nombre d’entre nous que ce monde est tout entier à réinventer.
Je suis d’emblée interpellé par la présence d’Igor, grand, solide, à l’allure christique ; sa parole est douce et hésitante. Il se raconte, un peu, se dit « allergique au consumérisme » contemporain. « Allergique » est le bon mot, tant la folie de notre consommation, aveugle, revient en boucle dans sa bouche.
Igor vit de peu, dans une éthique toute personnelle. Il ne fait pourtant la leçon à personne et se tient, bien qu’un peu ours, hors de toute misanthropie. Heureux de son sort, jamais une plainte, même dans les jours difficiles où il a froid, où il est seul et où il doute ; jamais un regard de concupiscence sociale. Il se dresse, entier, vivant et refuse le modèle imposé par la mondialisation.
S’il y a quelque chose de mythologique chez Igor, dans son attitude rêveuse (et en quelque sorte enfantine), il reste un pragmatique. Ce qui me parle en lui, c’est que sa révolte est une pulsion de vie.
Il n’est dans aucun mouvement : de pensée, communautaire ou politique. Il prend les chemins de traverse, en animal hors meute, en liberté absolue. J’admire cette force qui pousse à faire – là où j’ai moi l’urbain souvent tendance à penser. Ce « marginal », aurait-on dit de lui il y a encore peu, serait-il devenu dans l’imaginaire contemporain un modèle de résilience sociale ?
Rodolphe Viémont