CANDELERIA - Jhonny Hendrix Hinestroza

A PROPOS

A l’heure où l’Europe n’a de cesse de renier ses aînés, le réalisateur colombien Jhonny Hendrix Hinestoza, confronté au vieillissement de ses parents leur rend un hommage plein de poésie et d’humanité, à travers le récit de Candelaria et Victor Hugo, un couple de cubains septuagénaires qui a la sagesse de ne retenir que le meilleur de ce que la vie peut lui offrir.
Si pour eux, les difficultés sont nombreuses, elles tiennent plus à la situation de leur pays qu’à leur âge. Quand le mur de Berlin tombe, l’URSS, premier soutien de Cuba, éclate provoquant une énorme crise économique pour l’île, incapable de s’adapter aux changements qui lui sont imposés. Pour gagner quelques dollars, beaucoup de jeunes ont recours à la prostitution ou rejoignent des réseaux de trafic de drogue. Pour les plus âgés, il ne reste que la pauvreté absolue.
Candelaria et Victor Hugo, chaleureusement interprétés par Veronica Lynnel et Alden Knight vivent dans une maison aux murs décrépis et leurs dîners bien maigres se déroulent souvent à la lueur des bougies, car ici l’électricité est défaillante. Pourtant, riches de la complicité qui les lie et de leur amour mutuel, ils s’accommodent de tous les obstacles sans jamais se plaindre. Tournant le dos à toute forme de tristesse ou de découragement, le récit nous plonge dans l’univers de ce couple mu par une joie de vivre inaltérable. Les petites taquineries entre eux, la surveillance continuelle dont Candelaria, telle une mère-poule, entoure les 5 poussins qu’elle a adoptés, objet de toutes les convoitises en ces temps de disette, les soirées où elle revêt sa plus belle robe et se transforme en chanteuse pour touristes en compagnie de quelques amis musiciens qui attisent la jalousie de son compagnon émaillent de légèreté un quotidien pourtant difficile que les couleurs vives et le joyeux désordre des rues de la Havane contribuent à réchauffer. Néanmoins pour tenter de survivre, nos joyeux seniors sont condamnés à travailler encore. Tandis qu’il est employé dans une fabrique de cigares et en prélève, non sans risque, quelques-uns pour son compte afin de les revendre et de s’acheter ainsi quelque complément de nourriture, elle est en charge de la blanchisserie d’ un grand hôtel de la ville. Alors que la vie s’installe dans une quiétude toute relative, un événement imprévisible qui prend la forme d’un caméscope trouvé dans un panier de linge sale vient bouleverser l’existence de nos tourtereaux. Dans ce pays où tout se monnaye mais où aussi les dénonciations vont bon train, se pose la question de l’attitude à adopter face à ce cadeau du ciel. Faut-il le rendre, le vendre ou le garder pour soi ?
Non sans malice, les deux vieux amants l’utilisent pour faire renaître et immortaliser une passion physique qu’ils croyaient à jamais éteinte et nous offrent du même coup, entre humour et amusement, des scènes d’une délicatesse rare sur le sujet discret de la sexualité du 3ème âge. La proposition scabreuse d’un proxénète sans foi ni loi les ramènera à la réalité et affirmera plus que jamais le sens de la dignité dont ils ont fait preuve tout au long de leur vie, si semée d’embûches fut-elle.
Un film réjouissant et doux qui clame généreusement que l’amour reste la plus belle des recettes pour lutter en toutes circonstances et à tous âges contre les aléas de l’existence.

Claudine Levanneur(aVoir-aLire.com)

Soirée Exitos
jeudi 7 mars 2019 à 19h30

19h30 CANDELERIA de Jhonny Hendrix Hinestroza
22h00 PETRA de Jaime Rosales
Tarif soirée 9€ les 2 films

Soirée organisée en collaboration avec Colombie Sans Frontières , l'Université d'Angers et Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue espagnole


CANDELERIA

de Jhonny Hendrix Hinestroza

avec Veronica Lynn, Alden Knight, Philipp Hochmair
COLOMBIE - CUBA - 2018 - 1h27 - VOST

La Havane, 1995. Au plus fort de l’embargo américain, les Cubains traversent une crise économique sans précédent. Parmi eux, Candelaria et Victor Hugo, 150 ans à eux deux, vivent de bric et de broc jusqu’au jour où Candelaria rentre à la maison avec une petite trouvaille qui pourrait bien raviver la passion de leur jeunesse…

A PROPOS

A l’heure où l’Europe n’a de cesse de renier ses aînés, le réalisateur colombien Jhonny Hendrix Hinestoza, confronté au vieillissement de ses parents leur rend un hommage plein de poésie et d’humanité, à travers le récit de Candelaria et Victor Hugo, un couple de cubains septuagénaires qui a la sagesse de ne retenir que le meilleur de ce que la vie peut lui offrir.
Si pour eux, les difficultés sont nombreuses, elles tiennent plus à la situation de leur pays qu’à leur âge. Quand le mur de Berlin tombe, l’URSS, premier soutien de Cuba, éclate provoquant une énorme crise économique pour l’île, incapable de s’adapter aux changements qui lui sont imposés. Pour gagner quelques dollars, beaucoup de jeunes ont recours à la prostitution ou rejoignent des réseaux de trafic de drogue. Pour les plus âgés, il ne reste que la pauvreté absolue.
Candelaria et Victor Hugo, chaleureusement interprétés par Veronica Lynnel et Alden Knight vivent dans une maison aux murs décrépis et leurs dîners bien maigres se déroulent souvent à la lueur des bougies, car ici l’électricité est défaillante. Pourtant, riches de la complicité qui les lie et de leur amour mutuel, ils s’accommodent de tous les obstacles sans jamais se plaindre. Tournant le dos à toute forme de tristesse ou de découragement, le récit nous plonge dans l’univers de ce couple mu par une joie de vivre inaltérable. Les petites taquineries entre eux, la surveillance continuelle dont Candelaria, telle une mère-poule, entoure les 5 poussins qu’elle a adoptés, objet de toutes les convoitises en ces temps de disette, les soirées où elle revêt sa plus belle robe et se transforme en chanteuse pour touristes en compagnie de quelques amis musiciens qui attisent la jalousie de son compagnon émaillent de légèreté un quotidien pourtant difficile que les couleurs vives et le joyeux désordre des rues de la Havane contribuent à réchauffer. Néanmoins pour tenter de survivre, nos joyeux seniors sont condamnés à travailler encore. Tandis qu’il est employé dans une fabrique de cigares et en prélève, non sans risque, quelques-uns pour son compte afin de les revendre et de s’acheter ainsi quelque complément de nourriture, elle est en charge de la blanchisserie d’ un grand hôtel de la ville. Alors que la vie s’installe dans une quiétude toute relative, un événement imprévisible qui prend la forme d’un caméscope trouvé dans un panier de linge sale vient bouleverser l’existence de nos tourtereaux. Dans ce pays où tout se monnaye mais où aussi les dénonciations vont bon train, se pose la question de l’attitude à adopter face à ce cadeau du ciel. Faut-il le rendre, le vendre ou le garder pour soi ?
Non sans malice, les deux vieux amants l’utilisent pour faire renaître et immortaliser une passion physique qu’ils croyaient à jamais éteinte et nous offrent du même coup, entre humour et amusement, des scènes d’une délicatesse rare sur le sujet discret de la sexualité du 3ème âge. La proposition scabreuse d’un proxénète sans foi ni loi les ramènera à la réalité et affirmera plus que jamais le sens de la dignité dont ils ont fait preuve tout au long de leur vie, si semée d’embûches fut-elle.
Un film réjouissant et doux qui clame généreusement que l’amour reste la plus belle des recettes pour lutter en toutes circonstances et à tous âges contre les aléas de l’existence.

Claudine Levanneur(aVoir-aLire.com)

PETRA - Jaime Rosales

A PROPOS

Jaime Rosales propose une tragédie à l'arôme classique qui plane de manière menaçante sur une riche famille d'artistes contaminée par les mensonges, les abus, les secrets et la cruauté
Le destin est imprévisible, impossible à arrêter et despotique. Homère le savait bien, et l’Histoire de l'humanité s'est chargée aussi de souligner cette triste réalité. L’héroïne éponyme de Petra [+], le nouveau film de Jaime Rosales, est une jeune femme qui après la mort de sa mère, cherche son père inconnu. Cette entreprise, au fil de laquelle elle fait la rencontre d’un monde qui est loin d’être idéal et la renvoie à son identité incomplète, va la porter sur des sentiers impensables et terribles. Cette odyssée, qui sur le papier pourrait donner l’impression d’être l'intrigue un feuilleton débridé, est orchestrée par le réalisateur de La Belle Jeunesse [+] avec beaucoup de maîtrise, d’élégance et de sophistication. Ici, l’humain cohabite en harmonie avec l’intangible, ce qui confère une aura fantômatique à ce film qu'on peut aisément considérer comme une des meilleures œuvres du cinéaste, de retour à Cannes pour la cinquième fois avec ce sixième long-métrage, au programme de la Quinzaine des Réalisateurs.
Petra, interprété par une troupe magnifique qui réunit Barbara Lennie (dans le rôle-titre, après avoir il y a peu incarné un personnage en quête de sa mère, dans La Maladie du dimanche [+] de Ramón Salazar), Alex Brendemühl (déjà dans Las horas del día, le premier film de Rosales), Petra Martinez (également une régulière des travaux du réalisateur barcelonais, notamment dans La soledad), la jeune promesse (confirmée) Oriol Pla et la divine Marisa Paredes, dans un rôle bref et contenu, mais d'une force irrésistible, alterne de scène en scène entre ces talentueux comédiens et des acteurs non-professionnels (parmi lesquels on remarque particulièrement pour sa performance Joan Botey), ce qui apporte vérité et naturel à cette trame qui réclamait à grand cris de ne pas tomber dans l'abîme du mélodrame à outrance.
Rosales, co-auteur du scénario avec Michel Gaztambide (No habrá paz para los malvados) et Clara Roquet (10.000 km), est parvenu à dompter ce fauve narratif d'une cruauté sans mesure, où les sévices psychologiques sont encore plus durs à regarder que dans Un tir dans la tête (car la violence qui fait irruption dans le quotidien est un trait commun à l'ensemble de ses travaux).
On ne peut pas non plus ne pas mentionner la photographie d'Hélène Louvart (qui camoufle la plus obscure des toxicités), l'enveloppante bande originale de Kristian Selin Eidnes Andersen et la direction artistique de Victoria Paz Alvarez, dans ce long-métrage où le mouvement sinueux et élégant de la caméra qui balaie les décors et le son, qui subjugue, complètent à merveille ce tableau qui rend parfaitement la manière dont chaque décision que nous prenons dans la vie, judicieuse ou non, influe considérablement sur le sort de ceux qui nous entourent.

Alfonso Rivera (Cineuropa)

PETRA

de Jaime Rosales

avec Bárbara Lennie, Alex Brendemühl, Marisa Paredes
ESPAGNE - FRANCE - 2018 - 1h47 - VOST - Cannes 2018

Petra, jeune artiste peintre, n'a jamais connu son pe?re. Obstine?e, la que?te de ses origines la me?ne jusqu'a? Jaume Navarro, un plasticien de renomme?e internationale. Ce dernier accepte de l'accueillir en re?sidence dans son atelier, perdu dans les environs de Ge?rone. Petra de?couvre alors un homme cruel et e?gocentrique, qui fait re?gner parmi les siens rancoeur et manipulation. Espe?rant des re?ponses, la jeune femme consent a? se rapprocher de cette famille ou? dominent les non-dits et la violence. Petra trouvera-t-elle vraiment ce qu'elle est venue chercher ?

A PROPOS

Jaime Rosales propose une tragédie à l'arôme classique qui plane de manière menaçante sur une riche famille d'artistes contaminée par les mensonges, les abus, les secrets et la cruauté
Le destin est imprévisible, impossible à arrêter et despotique. Homère le savait bien, et l’Histoire de l'humanité s'est chargée aussi de souligner cette triste réalité. L’héroïne éponyme de Petra [+], le nouveau film de Jaime Rosales, est une jeune femme qui après la mort de sa mère, cherche son père inconnu. Cette entreprise, au fil de laquelle elle fait la rencontre d’un monde qui est loin d’être idéal et la renvoie à son identité incomplète, va la porter sur des sentiers impensables et terribles. Cette odyssée, qui sur le papier pourrait donner l’impression d’être l'intrigue un feuilleton débridé, est orchestrée par le réalisateur de La Belle Jeunesse [+] avec beaucoup de maîtrise, d’élégance et de sophistication. Ici, l’humain cohabite en harmonie avec l’intangible, ce qui confère une aura fantômatique à ce film qu'on peut aisément considérer comme une des meilleures œuvres du cinéaste, de retour à Cannes pour la cinquième fois avec ce sixième long-métrage, au programme de la Quinzaine des Réalisateurs.
Petra, interprété par une troupe magnifique qui réunit Barbara Lennie (dans le rôle-titre, après avoir il y a peu incarné un personnage en quête de sa mère, dans La Maladie du dimanche [+] de Ramón Salazar), Alex Brendemühl (déjà dans Las horas del día, le premier film de Rosales), Petra Martinez (également une régulière des travaux du réalisateur barcelonais, notamment dans La soledad), la jeune promesse (confirmée) Oriol Pla et la divine Marisa Paredes, dans un rôle bref et contenu, mais d'une force irrésistible, alterne de scène en scène entre ces talentueux comédiens et des acteurs non-professionnels (parmi lesquels on remarque particulièrement pour sa performance Joan Botey), ce qui apporte vérité et naturel à cette trame qui réclamait à grand cris de ne pas tomber dans l'abîme du mélodrame à outrance.
Rosales, co-auteur du scénario avec Michel Gaztambide (No habrá paz para los malvados) et Clara Roquet (10.000 km), est parvenu à dompter ce fauve narratif d'une cruauté sans mesure, où les sévices psychologiques sont encore plus durs à regarder que dans Un tir dans la tête (car la violence qui fait irruption dans le quotidien est un trait commun à l'ensemble de ses travaux).
On ne peut pas non plus ne pas mentionner la photographie d'Hélène Louvart (qui camoufle la plus obscure des toxicités), l'enveloppante bande originale de Kristian Selin Eidnes Andersen et la direction artistique de Victoria Paz Alvarez, dans ce long-métrage où le mouvement sinueux et élégant de la caméra qui balaie les décors et le son, qui subjugue, complètent à merveille ce tableau qui rend parfaitement la manière dont chaque décision que nous prenons dans la vie, judicieuse ou non, influe considérablement sur le sort de ceux qui nous entourent.

Alfonso Rivera (Cineuropa)