ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

MEMENTO - Christopher Nolan

A PROPOS

Regarder Memento, second film du réalisateur Christopher Nolan, ce n’est pas tout à fait comme apprendre à marcher sur la tête, ce n’est pas vraiment tenter de courir un 100 mètres à reculons, mais c’est prendre un sacré risque : celui de douter de tout, à commencer de soi-même. Merci Monsieur Nolan.

Fermez les yeux. Le monde continue d’exister. Tout Memento repose sur cette angoissante constatation. Le conflit perpétuel entre l’illusion, peut-être le désir, et la réalité. Le personnage dostoievskien du Sous-Sol revendiquait le droit d’agir à l’encontre de son propre intérêt, quoi qu’il lui en coûtât. C’est ce que fait Lenny... pardon, Leonard (seule sa femme l’appelait Lenny), mais lui ne s’en doute même pas.

Les autres personnages du film le voient, souvent incrédules, évoluer dans un monde partiel, qui se dérobe sous lui. Comment pourrait-il en être autrement ? Leonard Shelby a perdu la mémoire... ou plutôt, il ne cesse de la perdre. Chaque instant de sa vie, chaque seconde traversée disparaît sans laisser de traces si ce ne sont celles qu’il saisit au travers de son polaroïd ou des tatouages dont il recouvre son corps et qui sont autant de stigmates indélébiles de son étrange "condition".

Christopher Nolan mène Lenny en bateau, ceux qu’il croise usent et abusent de lui. Mais Leonard, à son tour, fait de nous des victimes consentantes. L’axiome de base est respecté : le cinéma est un leurre et la caméra va de trahisons en entourloupes ! Un homme nous raconte ce qu’il vit, donc ce qu’il vit est ce qu’il nous raconte. Pas de raisons de douter. L’omniscience du spectateur est rudement battue en brèche, en grande partie du fait d’une construction scénaristique plus qu’atypique qui fait de Memento un film hors du commun. Un autre atout maître, ici, est sans aucun doute l’acteur principal, Guy Pearce. Son charme, son obstination agaçante, ses certitudes, que rien n’ébranle, ne l’en rendent que plus touchant, parfois même drôle. Son regard est une fenêtre sur une âme en lutte avec elle-même.

Sa femme morte - de l’agression alors subie date son traumatisme - il traque inlassablement celui qu’il soupçonne de l’avoir tuée, épaulé dans sa quête par un auxiliaire mystérieux et adepte du téléphone. Juste une manipulation supplémentaire. Puisque la police a classé l’affaire, lui trouvera. N’était-il pas enquêteur en assurances ? N’était-il pas passé maître dans l’art de débusquer les fraudeurs ? Souvenez-vous l’histoire de Sammy Jenkins, qui souffrait du même mal. Il aurait pu surmonter son mal, s’il s’était astreint à une draconienne gymnastique de l’esprit : faire de sa vie une suite de gestes prédéfinis, immuables, qui vous permettent de garder la tête hors de l’eau. Une sorte d’aliénation par l’action. Je suis ce que je fais.

Memento, au final, porte un regard dérangeant sur la liberté, sur une liberté dangereuse et perverse. Celle du choix, de l’autodétermination que nous exerçons, de fait, parfois à notre insu ou en détournant le regard, même en dépit de notre propre intérêt - et à cet égard, la scène du "choix de Léonard" compte parmi les plus émouvantes -... mais savons-nous seulement où se trouve notre intérêt ?

Fermez les yeux. Le monde continue d’exister. Ne reste plus qu’à y trouver votre place.

Domnique Brunel (avoiralire.com)

Plans Cultes
mardi 18 octobre 2016 à 20h15


MEMENTO

de Christopher Nolan

Avec Russ Fega, Carrie Anne Moss, Guy Pearce, Joe Pantoliano, Mark Boone Junior, Jorja Fox, Stephen Tobolowsky.
USA - 2000 - 1h56 - Version originale sous-titrée

Leonard Shelby mène un grand train de vie. Pourtant, il n'a pas d'adresse fixe et paye tout en liquide. Il n'a qu'un but: retrouver l'homme qui a assassiné sa femme. Le problème, c'est que Leonard souffre d'une amnésie particulière: si il peut se remémorer certains épisodes lointains de son passé, il oublie les choses les plus récentes.  Aussi  s'aide-t-il de fiches, photos et tatouages pour garder en tête la motivation de ses actes. Sa quête de vengeance va vite devenir une quête de lui-même.

http://www.abusdecine.com/article/il-etait-une-fois-memento-de-christopher-nolan

A PROPOS

Regarder Memento, second film du réalisateur Christopher Nolan, ce n’est pas tout à fait comme apprendre à marcher sur la tête, ce n’est pas vraiment tenter de courir un 100 mètres à reculons, mais c’est prendre un sacré risque : celui de douter de tout, à commencer de soi-même. Merci Monsieur Nolan.

Fermez les yeux. Le monde continue d’exister. Tout Memento repose sur cette angoissante constatation. Le conflit perpétuel entre l’illusion, peut-être le désir, et la réalité. Le personnage dostoievskien du Sous-Sol revendiquait le droit d’agir à l’encontre de son propre intérêt, quoi qu’il lui en coûtât. C’est ce que fait Lenny... pardon, Leonard (seule sa femme l’appelait Lenny), mais lui ne s’en doute même pas.

Les autres personnages du film le voient, souvent incrédules, évoluer dans un monde partiel, qui se dérobe sous lui. Comment pourrait-il en être autrement ? Leonard Shelby a perdu la mémoire... ou plutôt, il ne cesse de la perdre. Chaque instant de sa vie, chaque seconde traversée disparaît sans laisser de traces si ce ne sont celles qu’il saisit au travers de son polaroïd ou des tatouages dont il recouvre son corps et qui sont autant de stigmates indélébiles de son étrange "condition".

Christopher Nolan mène Lenny en bateau, ceux qu’il croise usent et abusent de lui. Mais Leonard, à son tour, fait de nous des victimes consentantes. L’axiome de base est respecté : le cinéma est un leurre et la caméra va de trahisons en entourloupes ! Un homme nous raconte ce qu’il vit, donc ce qu’il vit est ce qu’il nous raconte. Pas de raisons de douter. L’omniscience du spectateur est rudement battue en brèche, en grande partie du fait d’une construction scénaristique plus qu’atypique qui fait de Memento un film hors du commun. Un autre atout maître, ici, est sans aucun doute l’acteur principal, Guy Pearce. Son charme, son obstination agaçante, ses certitudes, que rien n’ébranle, ne l’en rendent que plus touchant, parfois même drôle. Son regard est une fenêtre sur une âme en lutte avec elle-même.

Sa femme morte - de l’agression alors subie date son traumatisme - il traque inlassablement celui qu’il soupçonne de l’avoir tuée, épaulé dans sa quête par un auxiliaire mystérieux et adepte du téléphone. Juste une manipulation supplémentaire. Puisque la police a classé l’affaire, lui trouvera. N’était-il pas enquêteur en assurances ? N’était-il pas passé maître dans l’art de débusquer les fraudeurs ? Souvenez-vous l’histoire de Sammy Jenkins, qui souffrait du même mal. Il aurait pu surmonter son mal, s’il s’était astreint à une draconienne gymnastique de l’esprit : faire de sa vie une suite de gestes prédéfinis, immuables, qui vous permettent de garder la tête hors de l’eau. Une sorte d’aliénation par l’action. Je suis ce que je fais.

Memento, au final, porte un regard dérangeant sur la liberté, sur une liberté dangereuse et perverse. Celle du choix, de l’autodétermination que nous exerçons, de fait, parfois à notre insu ou en détournant le regard, même en dépit de notre propre intérêt - et à cet égard, la scène du "choix de Léonard" compte parmi les plus émouvantes -... mais savons-nous seulement où se trouve notre intérêt ?

Fermez les yeux. Le monde continue d’exister. Ne reste plus qu’à y trouver votre place.

Domnique Brunel (avoiralire.com)



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