A PROPOS
Rarement le sujet a été abordé au cinéma. Pupille retrace le parcours d’un bébé, de l’accouchement sous X d’une jeune mère ne souhaitant pas le garder jusqu’à son adoption par une femme monoparentale. Sur son chemin, des infirmières, des assistantes sociales, des conseillers à l’adoption, une famille d’accueil provisoire et quelqu’un qui rêve de lui donner tout son amour.
Avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et de justesse, mais également avec une fermeté vantant les mérites du système autant qu’il en critique les défauts, Pupille est un uppercut qui frappe en plein cœur. La réalisatrice Jeanne Herry (le très beau Elle l’adore avec Sandrine Kiberlain) approche son sujet avec un style évoluant proche de la fiction documentaire sans trop s’enfermer ni dans les codes de l’un ni dans les codes de l’autre, de sorte à pouvoir avancer avec grâce, émotion et intelligence, racontant un parcours du combattant qui a ses mérites et ses travers, mais où tout le monde se dévoue corps et âme à une mission de sauvetage de ces enfants mal embarqués dans la vie.
Et si Pupille est aussi réussi, c’est également parce que Jeanne Herry trouve l’équilibre parfait pour illustrer son propos, utilisant autant les contours du cinéma d’auteur que ceux d’un cinéma plus populairement accessible, de sorte à conjuguer profondeur du détail et émotion universelle autour d’une belle odyssée intimiste. L’assemblage fait ensuite le reste : un sujet captivant abordé via une narration à la « choralité » habile, une mise en scène précise au regard toujours juste, une émotion présente mais jamais forcée, un bon dosage entre tristesse, colère, tendresse et joie, et un vaste collectif de comédiens et comédiennes formidables. Tour à tour drôle ou touchant, Gilles Lellouche impressionne dans l’un de ses meilleurs rôles à ce jour, face à d’excellentes Sandrine Kiberlain, Elodie Bouchez ou Olivia Côte.
Magnifique de bout en bout, Pupille est un film à la fois ludique et instructif, traversé par une humanité frissonnante. De prime abord, on pourrait craindre un film parlant d’adoption et de services sociaux mais la caméra de Jeanne Herry explore avec simplicité et délicatesse la complexité du circuit administratif de l’adoption, non pas pour nous plonger dans cette noirceur sociale qu’affectionne tant le cinéma français, mais plutôt pour nous emmener vers la lumière de ce qui pourrait presque être un feel good movie planqué derrière un drame. Mais ce serait trop le réduire et Pupille n’a pas besoin de cela, juste d’être annoncé comme l’un des beaux coups de cœur ciné à venir en décembre, pour clôturer ce qui aura été une belle année pour le cinéma français
David Huxley (Mondocine.net)