ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

CELEBRATION - Olivier Meyrou

A PROPOS

Le film s’ouvre sur des mains fines et nerveuses qui couchent sur le papier ce qui sera demain une robe de haute couture. Ce sont des mains qui cherchent, hésitent, doutent. Ce sont des mains d’artiste, celles d’Yves Saint Laurent. Les documentaires ou les films de fiction sont nombreux à son sujet, au point que l’on croit tout connaître de lui et du couple qu’il formait avec Pierre Bergé. Mais cette fois, l’on découvre une oeuvre, signée par Olivier Meyrou, qui échappe totalement aux canons du documentaire. Le réalisateur fabrique une sorte d’objet indéfinissable de cinéma, où la musique, l’esthétique de l’image, l’apparente confusion des scènes, reconstruisent un personnage de fiction, Yves Saint Laurent, monstrueusement vieillissant et maladif.

Terminés les poncifs enjoliveurs sur le créateur du vingtième siècle, adepte des salons cossus et des défilés de mode. Le couturier est un homme sombre, malheureux, dont les membres anguleux s’agitent fébrilement et dont la voix s’égare dans des logorrhées inaudibles. La plupart des images datent des années 1998-2001. Mais le réalisateur brouille les lignes. Il mélange les temporalités dans une savante superposition du noir et du blanc et de la couleur. A la façon même dont le récit est bâti, le spectateur comprend que le film n’a pas pour objet de raconter la chronologie de la fin de vie d’un artiste, mais de sculpter le souvenir d’un homme déjà passé du côté de l’éternité.
Le film procède par une série d’estampes, de moments furtifs, à l’instar d’une peinture impressionniste. Parfois, des femmes âgées, chic, surgissent et l’on comprend qu’elles ont été naguère les petites mains de l’artiste. Elles retrouvent l’atelier où elles ont travaillé, se souviennent de moments forts dans leur carrière, et leurs confidences donnent naissance à des séquences réelles où l’on voit Yves Saint Laurent créer et Pierre Bergé gérer les affaires. Parfois, c’est le chien du couple Saint Laurent / Bergé qui vient se mêler à cette histoire de création et d’hommage à l’artiste.

Célébration est une œuvre de cinéma qui recherche une certaine esthétique avant toute chose. Finalement, Yves Saint Laurent n’est qu’une opportunité à faire du cinéma. Olivier Meyrou saisit des regards, des moments de vie, sans chercher la cohérence. La dimension formelle prend le pas sur l’homme qui est filmé et devient le centre même du projet de cinéma. A l’exception des dernières séquences, le réalisateur fuit la facilité d’une musique classique qui viendrait submerger les personnages d’un excès de pathos. Au contraire, ce sont quelques rythmiques furtives, précises, qui accompagnent l’image et la plongent dans le mystère. Pierre Bergé et Yves Saint Laurent deviennent des héros de passage, très distants l’un de l’autre, presque des étrangers.
Il aura fallu plus de vingt ans pour que le réalisateur ressuscite ces images qu’il avait tournées. En réalité, tout semble déjà très loin. On peine à se souvenir de ces grandes collections de coutures qui portaient le nom de leur créateur. C’était hier. Demeure cet homme, Yves Saint Laurent, perdu dans son propre silence, réduit à des gestualités maladroites ; demeure surtout son regard, terrifiant, hanté par la mélancolie et la mort qui guette.

Laurent Cambon (avoiralire.com)

Avant-première
vendredi 9 novembre 2018 à 20h00

en présence du réalisateur

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant


CELEBRATION

de Olivier Meyrou

Documentaire
FRANCE - 2007 - 1h14

A l’abri des regards, Yves Saint Laurent dessine ses derniers croquis entourés par ceux qui l’ont toujours soutenu, couturières, assistants, modèles.  Il s’apprête à quitter un monde dont il est maintenant détaché. Dans les coulisses Pierre Bergé orchestre une succession de célébrations vouées à transformer l’icône en mythe. Le film d’Olivier Meyrou capte ces derniers instants et tresse le portrait inédit d’un monde finissant.

A PROPOS

Le film s’ouvre sur des mains fines et nerveuses qui couchent sur le papier ce qui sera demain une robe de haute couture. Ce sont des mains qui cherchent, hésitent, doutent. Ce sont des mains d’artiste, celles d’Yves Saint Laurent. Les documentaires ou les films de fiction sont nombreux à son sujet, au point que l’on croit tout connaître de lui et du couple qu’il formait avec Pierre Bergé. Mais cette fois, l’on découvre une oeuvre, signée par Olivier Meyrou, qui échappe totalement aux canons du documentaire. Le réalisateur fabrique une sorte d’objet indéfinissable de cinéma, où la musique, l’esthétique de l’image, l’apparente confusion des scènes, reconstruisent un personnage de fiction, Yves Saint Laurent, monstrueusement vieillissant et maladif.

Terminés les poncifs enjoliveurs sur le créateur du vingtième siècle, adepte des salons cossus et des défilés de mode. Le couturier est un homme sombre, malheureux, dont les membres anguleux s’agitent fébrilement et dont la voix s’égare dans des logorrhées inaudibles. La plupart des images datent des années 1998-2001. Mais le réalisateur brouille les lignes. Il mélange les temporalités dans une savante superposition du noir et du blanc et de la couleur. A la façon même dont le récit est bâti, le spectateur comprend que le film n’a pas pour objet de raconter la chronologie de la fin de vie d’un artiste, mais de sculpter le souvenir d’un homme déjà passé du côté de l’éternité.
Le film procède par une série d’estampes, de moments furtifs, à l’instar d’une peinture impressionniste. Parfois, des femmes âgées, chic, surgissent et l’on comprend qu’elles ont été naguère les petites mains de l’artiste. Elles retrouvent l’atelier où elles ont travaillé, se souviennent de moments forts dans leur carrière, et leurs confidences donnent naissance à des séquences réelles où l’on voit Yves Saint Laurent créer et Pierre Bergé gérer les affaires. Parfois, c’est le chien du couple Saint Laurent / Bergé qui vient se mêler à cette histoire de création et d’hommage à l’artiste.

Célébration est une œuvre de cinéma qui recherche une certaine esthétique avant toute chose. Finalement, Yves Saint Laurent n’est qu’une opportunité à faire du cinéma. Olivier Meyrou saisit des regards, des moments de vie, sans chercher la cohérence. La dimension formelle prend le pas sur l’homme qui est filmé et devient le centre même du projet de cinéma. A l’exception des dernières séquences, le réalisateur fuit la facilité d’une musique classique qui viendrait submerger les personnages d’un excès de pathos. Au contraire, ce sont quelques rythmiques furtives, précises, qui accompagnent l’image et la plongent dans le mystère. Pierre Bergé et Yves Saint Laurent deviennent des héros de passage, très distants l’un de l’autre, presque des étrangers.
Il aura fallu plus de vingt ans pour que le réalisateur ressuscite ces images qu’il avait tournées. En réalité, tout semble déjà très loin. On peine à se souvenir de ces grandes collections de coutures qui portaient le nom de leur créateur. C’était hier. Demeure cet homme, Yves Saint Laurent, perdu dans son propre silence, réduit à des gestualités maladroites ; demeure surtout son regard, terrifiant, hanté par la mélancolie et la mort qui guette.

Laurent Cambon (avoiralire.com)