ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LA FAMILLE ADDAMS - Barry Sonnenfeld

A PROPOS

Vingt-cinq après la sortie, en France, du long-métrage de Barry Sonnenfeld, La Famille Addams est de retour au cinéma. L'occasion de redécouvrir un petit bijou d'humour noir, rehaussé par la désopilante prestation d'Anjelica Huston, de Raúl Juliá et de Christopher Lloyd. Mais aussi la première apparition à l'écran de Christina Ricci.

Reprenant un certain nombre de gimmicks qui avaient fait le succès de la série télévisée, diffusée aux États-Unis entre 1964 et 1966 (à commencer par l'entêtante musique du générique, signée Vic Mizzy), ce long-métrage a fait l'objet de deux suites en 1993 et 1998. Mais c'est assurément cet opus de Sonnenfeld qui nous réjouit le plus.

Lorsqu'il s'attaque, à l'âge de 38 ans, à la réalisation de son premier film, La Famille Addams, c'est en « faiseur d'image » confirmé que Barry Sonnenfeld s'installe derrière la caméra. Et il en fallait de l'expérience pour parvenir à apposer sa patte sur une œuvre qui se présente à la fois comme un remake d'une série-culte des années 1960 et un hommage à l'univers des cartoons de Charles Addams, le créateur des personnages de ce clan. Sonnenfeld y réussit à merveille sans pour autant singer l'univers de Tim Burton qui venait, coup sur coup, de réaliser Beetlejuice (1988) et Edward aux mains d'argent (1990) et fut, un temps, envisagé pour porter à l'écran ce scénario commandé par le producteur Scott Rudin à Caroline Thompson et Larry Wilson.

En transposant l'histoire à l'époque contemporaine (George Bush Senior est alors président), tout en reprenant les codes du film d'horreur classique (la maison où vivent Gomez et Morticia ressemble à s'y méprendre à celle de Norman Bates dans Psychose), le réalisateur télescope avec bonheur les univers et les références culturelles (on devine des emprunts au Shining de Kubrick comme à l'Exorciste de Friedkin dont le directeur de la photographie, Owen Roizman, travaille d'ailleurs sur ce film)... autorisant de multiples degrés de lecture.

La Famille Addams, chassée de son manoir par un avocat peu scrupuleux qui lorgne le trésor enfoui dans ses sous-sols, avec l'aide d'un escroc au petit pied (Gordon Craven, interprété par l'étonnant Christopher Lloyd qui fait ici oublier son rôle de Doc dans Retour vers le futur), peut être regardé aussi bien par les parents que par les enfants. Les premiers y verront une satire féroce d'une société américaine tout à la fois matérialiste et conformiste. Les seconds, en s'identifiant aux personnages des enfants (Mercredi et Pugsley), se réjouiront simplement d'une farce où chaque éclat de rire délivre de la peur suscitée par les figures monstrueuses de Morticia et de Gomez, mais surtout de Fétide (oncle Fester dans la version originale), du majordome Lurch (frère jumeau de Frankenstein) ou encore de la Chose (cette main coupée devenue un être autonome : mi-araignée, mi-humaine).

C'est Anjelica Huston, la fille du réalisateur John Huston, qui campe Morticia. Un rôle pour lequel la chanteuse Cher avait été, un moment, pressentie. À ses côtés, Carel Struycken se glisse dans le costume du majordome Max.

Si l'adaptation cinématographique de Barry Sonnenfeld est si réussie, c'est aussi qu'elle renoue avec l'esprit sarcastique des dessins de l'inventeur des personnages : Charles Addams (1912-1988). Ce caricaturiste publia les premiers strips où apparaissent les membres de cette drôle de famille en 1938, dans le New Yorker. Il envisageait le clan Addams comme l'antithèse du modèle familial américain : une sorte d'adaptation "sous coke" d'une nouvelle de John Cheever.

Plusieurs plans du film de Sonnenfeld reproduisent ainsi scrupuleusement certains de ses dessins. Et les scènes où les membres de la tribu sortent de leur manoir, se retrouvant plongés tantôt dans une réunion de parents d'élèves, tantôt dans le bureau d'une assistante sociale, délivrent une morale piquante que n'aurait pas reniée Charles Addams: les freaks ne sont pas forcément ceux que l'on croit !

Baudouin Eschapasse (Le Point)

Plans Kids
mercredi 31 octobre 2018 à 13h15


LA FAMILLE ADDAMS

de Barry Sonnenfeld

avec Anjelica Huston, Raul Julia, Christopher Lloyd
USA - 1991 - 1h39 - Version française

Rififi chez les Addams, célèbre famille macabre qui vit dans un manoir hanté, lorsque débarque l'oncle Fétide, sosie d'un des membres de la famille disparu vingt-cinq ans plus tôt... Ne serait-il pas un usurpateur qui cherche à les doubler pour faire main basse sur leur trésor caché ?
http://splendor-films.com/items/item/521

A PROPOS

Vingt-cinq après la sortie, en France, du long-métrage de Barry Sonnenfeld, La Famille Addams est de retour au cinéma. L'occasion de redécouvrir un petit bijou d'humour noir, rehaussé par la désopilante prestation d'Anjelica Huston, de Raúl Juliá et de Christopher Lloyd. Mais aussi la première apparition à l'écran de Christina Ricci.

Reprenant un certain nombre de gimmicks qui avaient fait le succès de la série télévisée, diffusée aux États-Unis entre 1964 et 1966 (à commencer par l'entêtante musique du générique, signée Vic Mizzy), ce long-métrage a fait l'objet de deux suites en 1993 et 1998. Mais c'est assurément cet opus de Sonnenfeld qui nous réjouit le plus.

Lorsqu'il s'attaque, à l'âge de 38 ans, à la réalisation de son premier film, La Famille Addams, c'est en « faiseur d'image » confirmé que Barry Sonnenfeld s'installe derrière la caméra. Et il en fallait de l'expérience pour parvenir à apposer sa patte sur une œuvre qui se présente à la fois comme un remake d'une série-culte des années 1960 et un hommage à l'univers des cartoons de Charles Addams, le créateur des personnages de ce clan. Sonnenfeld y réussit à merveille sans pour autant singer l'univers de Tim Burton qui venait, coup sur coup, de réaliser Beetlejuice (1988) et Edward aux mains d'argent (1990) et fut, un temps, envisagé pour porter à l'écran ce scénario commandé par le producteur Scott Rudin à Caroline Thompson et Larry Wilson.

En transposant l'histoire à l'époque contemporaine (George Bush Senior est alors président), tout en reprenant les codes du film d'horreur classique (la maison où vivent Gomez et Morticia ressemble à s'y méprendre à celle de Norman Bates dans Psychose), le réalisateur télescope avec bonheur les univers et les références culturelles (on devine des emprunts au Shining de Kubrick comme à l'Exorciste de Friedkin dont le directeur de la photographie, Owen Roizman, travaille d'ailleurs sur ce film)... autorisant de multiples degrés de lecture.

La Famille Addams, chassée de son manoir par un avocat peu scrupuleux qui lorgne le trésor enfoui dans ses sous-sols, avec l'aide d'un escroc au petit pied (Gordon Craven, interprété par l'étonnant Christopher Lloyd qui fait ici oublier son rôle de Doc dans Retour vers le futur), peut être regardé aussi bien par les parents que par les enfants. Les premiers y verront une satire féroce d'une société américaine tout à la fois matérialiste et conformiste. Les seconds, en s'identifiant aux personnages des enfants (Mercredi et Pugsley), se réjouiront simplement d'une farce où chaque éclat de rire délivre de la peur suscitée par les figures monstrueuses de Morticia et de Gomez, mais surtout de Fétide (oncle Fester dans la version originale), du majordome Lurch (frère jumeau de Frankenstein) ou encore de la Chose (cette main coupée devenue un être autonome : mi-araignée, mi-humaine).

C'est Anjelica Huston, la fille du réalisateur John Huston, qui campe Morticia. Un rôle pour lequel la chanteuse Cher avait été, un moment, pressentie. À ses côtés, Carel Struycken se glisse dans le costume du majordome Max.

Si l'adaptation cinématographique de Barry Sonnenfeld est si réussie, c'est aussi qu'elle renoue avec l'esprit sarcastique des dessins de l'inventeur des personnages : Charles Addams (1912-1988). Ce caricaturiste publia les premiers strips où apparaissent les membres de cette drôle de famille en 1938, dans le New Yorker. Il envisageait le clan Addams comme l'antithèse du modèle familial américain : une sorte d'adaptation "sous coke" d'une nouvelle de John Cheever.

Plusieurs plans du film de Sonnenfeld reproduisent ainsi scrupuleusement certains de ses dessins. Et les scènes où les membres de la tribu sortent de leur manoir, se retrouvant plongés tantôt dans une réunion de parents d'élèves, tantôt dans le bureau d'une assistante sociale, délivrent une morale piquante que n'aurait pas reniée Charles Addams: les freaks ne sont pas forcément ceux que l'on croit !

Baudouin Eschapasse (Le Point)