ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

FEDORA - Billy Wilder

A PROPOS

Avant-dernier des vingt-six opus du cynique et éclectique Billy Wilder, Fedora est quasiment introuvable à l’image de la grande vedette du cinéma d’antan qu’elle fut et qui vit désormais recluse sur une petite île grecque, loin des strass et des paillettes du show-business. Passant d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante, en signant quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre du septième art (Assurance sur la mort, Boulevard du crépuscule ou Certains l’aiment chaud pour ne citer qu’eux), Billy Wilder retrouve William Holden pour la quatrième fois. Devant sa caméra, il incarne derechef un personnage exerçant un métier en rapport avec la Mecque du cinéma. En fait, Holden est une allégorie de l’évolution de cet art puisque le scénariste, engagé par Gloria Swanson, qu’il interprète dans Boulevard du crépuscule annonçait le déclin du muet, alors que le producteur (ayant jadis côtoyé Fedora), qui désire relancer sa carrière en lui proposant d’incarner Anna Karénine (sur quoi, on lui rétorque que Greta Garbo a déjà joué à deux reprises l’héroïne de Tolstoï), symbolise la mainmise de ce poste-clé concernant l’élaboration ou non d’un film (toute l’œuvre de Wilder rappelle d’ailleurs à quel point l’argent régit le monde). À ce propos, le réalisateur a été écarté par le "Nouvel Hollywood" (malgré ses 6 Oscars !) ; d’où son retour en Allemagne (où il a vécu avant de s’exiler vers les États-Unis) pour le tourner aux studios de la Bavaria (avant qu’il ne soit projeté hors compétition à Cannes). Comme Boulevard du crépuscule dont il est légèrement en deçà (pas facile d’égaler l’un des plus grands films jamais réalisés), l’épilogue tragique est connu dès le début et le narrateur (William Holden, à nouveau) revient sur les circonstances qui ont conduit à la mort hâtive de Fedora. Billy Wilder n’y va pas de main morte avec le gotha du cinéma duquel il est toujours parvenu à rester en marge. L’envers du décor n’est pas toujours aussi rose qu’il le laisse paraître ; les actrices, éternellement jeunes et belles à l’écran, ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, rapidement rattrapées par l’âge dans la vraie vie. Le cinéma est un miroir aux alouettes, un monde de faux-semblants... Arrivé au crépuscule de sa carrière artistique, Wilder nous convie aux funérailles du cinéma (au sens noble du terme), bientôt remplacé par celui de George Lucas et Cie. Heureusement pour tout cinéphile qui se respecte, Billy Wilder demeurera à jamais au panthéon du septième art !

Sébastien Schreurs (avoiralire.com)

Cinélégende
mardi 9 octobre 2018 à 20h15

Cinéma et mythologie : Éternelle jeunesse
 
Présentation et débat en présence de François Lechertier, psychiatre et psychanalyste et Louis Mathieu, président de l'Association Cinéma Parlant.

Séance organisée en collaboration avec l'association Cinélégende


FEDORA

de Billy Wilder

avec Marthe Keller, William Holden, Hildegard Knef
FRANCE - ALLEMAGNE - 1978 - 1h56 - VOST - Réédition - Version restaurée

Un producteur américain tente de convaincre une star légendaire à la retraite, Fedora, d'effectuer un comeback retentissant.

A PROPOS

Avant-dernier des vingt-six opus du cynique et éclectique Billy Wilder, Fedora est quasiment introuvable à l’image de la grande vedette du cinéma d’antan qu’elle fut et qui vit désormais recluse sur une petite île grecque, loin des strass et des paillettes du show-business. Passant d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante, en signant quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre du septième art (Assurance sur la mort, Boulevard du crépuscule ou Certains l’aiment chaud pour ne citer qu’eux), Billy Wilder retrouve William Holden pour la quatrième fois. Devant sa caméra, il incarne derechef un personnage exerçant un métier en rapport avec la Mecque du cinéma. En fait, Holden est une allégorie de l’évolution de cet art puisque le scénariste, engagé par Gloria Swanson, qu’il interprète dans Boulevard du crépuscule annonçait le déclin du muet, alors que le producteur (ayant jadis côtoyé Fedora), qui désire relancer sa carrière en lui proposant d’incarner Anna Karénine (sur quoi, on lui rétorque que Greta Garbo a déjà joué à deux reprises l’héroïne de Tolstoï), symbolise la mainmise de ce poste-clé concernant l’élaboration ou non d’un film (toute l’œuvre de Wilder rappelle d’ailleurs à quel point l’argent régit le monde). À ce propos, le réalisateur a été écarté par le "Nouvel Hollywood" (malgré ses 6 Oscars !) ; d’où son retour en Allemagne (où il a vécu avant de s’exiler vers les États-Unis) pour le tourner aux studios de la Bavaria (avant qu’il ne soit projeté hors compétition à Cannes). Comme Boulevard du crépuscule dont il est légèrement en deçà (pas facile d’égaler l’un des plus grands films jamais réalisés), l’épilogue tragique est connu dès le début et le narrateur (William Holden, à nouveau) revient sur les circonstances qui ont conduit à la mort hâtive de Fedora. Billy Wilder n’y va pas de main morte avec le gotha du cinéma duquel il est toujours parvenu à rester en marge. L’envers du décor n’est pas toujours aussi rose qu’il le laisse paraître ; les actrices, éternellement jeunes et belles à l’écran, ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, rapidement rattrapées par l’âge dans la vraie vie. Le cinéma est un miroir aux alouettes, un monde de faux-semblants... Arrivé au crépuscule de sa carrière artistique, Wilder nous convie aux funérailles du cinéma (au sens noble du terme), bientôt remplacé par celui de George Lucas et Cie. Heureusement pour tout cinéphile qui se respecte, Billy Wilder demeurera à jamais au panthéon du septième art !

Sébastien Schreurs (avoiralire.com)



Cinélégende - SAISON 2023-2024
lundi 2 octobre à 20h00
THE PROGRAM de Stephen Frears
lundi 4 décembre à 20h00
BIG EYES de Tim Burton
lundi 1 janvier à 20h00
GILDA de Charles Vidor
lundi 19 février à 20h00
SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese