ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LIPSTICK UNDER MY BURKHA - Alankrita Shrivastava

A PROPOS

Bollywood. “Lipstick Under My Burkha”, quatre femmes contre la société patriarcale indienne

Censuré au mois de juin pour avoir osé aborder la question du réveil sexuel chez les femmes, Lipstick Under My Burkha est finalement sorti en salles le 21 juillet. Une belle victoire pour sa réalisatrice, Alankrita Shrivastava.

Après des semaines de polémiques autour de la censure dont il a été l’objet, Lipstick Under My Burkha (“Un rouge à lèvres sous ma burqa”), le nouveau film de la réalisatrice indienne Alankrita Shrivastava, est sorti en salles vendredi 21 juillet, sous les applaudissements de la critique. Le site d’information The Wire salue “une solide performance d’acteurs”. Comme l’avait laissé entrevoir la bande annonce, diffusée en octobre 2016, le scénario du film est sensible, dans un pays où la pudeur le dispute au fanatisme religieux, depuis l’arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi.

Lipstick Under My Burkha met en scène quatre personnages féminins de la ville de Bhopal : Rehana, une lycéenne incarnée par Plabita Borthakur, qui entend jouir de sa liberté pour accomplir son destin de chanteuse ; Leela, une esthéticienne jouée par l’actrice Aahana Kumra, qui profite des dernières semaines qui la séparent de son mariage pour vivre jusqu’au bout sa romance avec son amant ; Shireen (Konkona Sen Sharma), qui travaille dans un magasin à l’insu d’un époux tyrannique qui cherche à faire d’elle son objet sexuel ; et enfin Bua-ji (Ratna Pathak Shah), une veuve de 55 ans qui vit un amour platonique avec un maître-nageur.
À lire aussi Inde. A Bollywood, les femmes aux cheveux courts font encore scandale

The Wire estime que la réalisatrice a réussi à traiter son sujet grâce à “une économie magistrale et une simplicité lyrique” et souligne : Elles vivent toutes une double vie mais Alankrita Shrivastava ne s’intéresse pas seulement à ce que ces femmes sont et à ce qu’elles veulent devenir, elle explore aussi les écarts entre les deux, des écarts qui mettent ces personnages en colère ou qui les rendent impuissants ou confus.”

Un film qui “ne pouvait être que tabou”

Cela faisait en tout cas beaucoup pour le bureau central de certification des films (CBFC), qui a trouvé dans Lipstick Under My Burkha “tout ce qu’[il] ne veut pas que le public indien voie”, relève l’hebdomadaire India Today. En juin, le chef de la censure, Pahlaj Nihalani, a interdit la diffusion du film en raison “du traitement réservé à la question de la libéralisation des femmes”. Cet ancien producteur de cinéma, réputé proche de Narendra Modi dont il avait réalisé un clip de campagne en 2014, a estimé que le film véhiculait “des fantasmes irréalistes”. “Il est évident, pour quiconque est doté ne serait-ce que d’un demi-cerveau, que le thème du réveil sexuel de quatre femmes de tous âges dans la ville conservatrice de Bhopal ne pouvait qu’être tabou”, fait remarquer India Today.

Le CBFC a également justifié la censure par le fait que Lipstick Under My Burkha mettait l’accent “sur une partie de la société”. Une allusion, non pas au fait que les quatre héroïnes soient musulmanes, mais aux hommes, qui incarnent “les normes de la société patriarcale contre laquelle celles-ci se battent”, explique le magazine. Prakash Jha, producteur du film, a fait appel de la censure devant la justice et finalement obtenu gain de cause.

Courrier International

Soirée rencontre
mardi 22 mai 2018 à 20h00

en présence de Christian Fremin et Gaëlle Bédier Lerays, festival photographique Influences Indiennes

Soirée organisée en collaboration avec l'association Tisseurs d'Images dans le cadre du festival Influences 


LIPSTICK UNDER MY BURKHA

de Alankrita Shrivastava

avec Shashank Arora, Ratna Pathak Shah, Konkona Sen Sharma
INDE - 2016 - 1h57 - VOST - Grand prix du Jury Festival International de Films de Femmes de Créteil 2017

Au cœur des ruelles bondées d’une petite ville de l’Inde, la vie secrète de quatre femmes à la recherche d’un peu de liberté. Bien que réprimées et piégées dans leur monde, elles revendiquent leurs désirs par de petits actes de courage. Une comédie insolente contre la soumission des femmes aux lois et aux traditions. 
https://www.facebook.com/LipstickUnderMyBurkha/?fref=ts

A PROPOS

Bollywood. “Lipstick Under My Burkha”, quatre femmes contre la société patriarcale indienne

Censuré au mois de juin pour avoir osé aborder la question du réveil sexuel chez les femmes, Lipstick Under My Burkha est finalement sorti en salles le 21 juillet. Une belle victoire pour sa réalisatrice, Alankrita Shrivastava.

Après des semaines de polémiques autour de la censure dont il a été l’objet, Lipstick Under My Burkha (“Un rouge à lèvres sous ma burqa”), le nouveau film de la réalisatrice indienne Alankrita Shrivastava, est sorti en salles vendredi 21 juillet, sous les applaudissements de la critique. Le site d’information The Wire salue “une solide performance d’acteurs”. Comme l’avait laissé entrevoir la bande annonce, diffusée en octobre 2016, le scénario du film est sensible, dans un pays où la pudeur le dispute au fanatisme religieux, depuis l’arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi.

Lipstick Under My Burkha met en scène quatre personnages féminins de la ville de Bhopal : Rehana, une lycéenne incarnée par Plabita Borthakur, qui entend jouir de sa liberté pour accomplir son destin de chanteuse ; Leela, une esthéticienne jouée par l’actrice Aahana Kumra, qui profite des dernières semaines qui la séparent de son mariage pour vivre jusqu’au bout sa romance avec son amant ; Shireen (Konkona Sen Sharma), qui travaille dans un magasin à l’insu d’un époux tyrannique qui cherche à faire d’elle son objet sexuel ; et enfin Bua-ji (Ratna Pathak Shah), une veuve de 55 ans qui vit un amour platonique avec un maître-nageur.
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The Wire estime que la réalisatrice a réussi à traiter son sujet grâce à “une économie magistrale et une simplicité lyrique” et souligne : Elles vivent toutes une double vie mais Alankrita Shrivastava ne s’intéresse pas seulement à ce que ces femmes sont et à ce qu’elles veulent devenir, elle explore aussi les écarts entre les deux, des écarts qui mettent ces personnages en colère ou qui les rendent impuissants ou confus.”

Un film qui “ne pouvait être que tabou”

Cela faisait en tout cas beaucoup pour le bureau central de certification des films (CBFC), qui a trouvé dans Lipstick Under My Burkha “tout ce qu’[il] ne veut pas que le public indien voie”, relève l’hebdomadaire India Today. En juin, le chef de la censure, Pahlaj Nihalani, a interdit la diffusion du film en raison “du traitement réservé à la question de la libéralisation des femmes”. Cet ancien producteur de cinéma, réputé proche de Narendra Modi dont il avait réalisé un clip de campagne en 2014, a estimé que le film véhiculait “des fantasmes irréalistes”. “Il est évident, pour quiconque est doté ne serait-ce que d’un demi-cerveau, que le thème du réveil sexuel de quatre femmes de tous âges dans la ville conservatrice de Bhopal ne pouvait qu’être tabou”, fait remarquer India Today.

Le CBFC a également justifié la censure par le fait que Lipstick Under My Burkha mettait l’accent “sur une partie de la société”. Une allusion, non pas au fait que les quatre héroïnes soient musulmanes, mais aux hommes, qui incarnent “les normes de la société patriarcale contre laquelle celles-ci se battent”, explique le magazine. Prakash Jha, producteur du film, a fait appel de la censure devant la justice et finalement obtenu gain de cause.

Courrier International