ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LA LUNE DE JUPITER - Kornél Mundruczó

A PROPOS

Le Hongrois Kornél Mundruczó déboule en compétition avec un film détonant, mettant en scène un chirurgien cynique en quête de rédemption et qui cherche à sauver un migrant.

Ce type est fou. Kornél Mundruczó est dingue. Il y a trois ans, dans White Dog, il imaginait Budapest envahi par des chiens : sous la houlette d’une sorte de Spartacus, ils entreprenaient une lutte féroce contre les hommes qui, durant des siècle, les avaient humiliés et asservis. La Lune de Jupiter est, à nouveau, un film étonnant, détonant (on l’aime ou on le déteste, pas de juste milieu), totalement impressionnant, incongru jusqu’à l’insolence.

Formellement, c’est une splendeur : une suite de plans séquence où la caméra tourne autour des corps, des visages, sans cesse et pas n’importe comment. Dans le but de cerner les personnages au plus près, puis de les lâcher dans l’espace. On est, à la fois, interloqués, vaguement irrités, mais médusés.

Le fond, comme dans White Dog, se rapproche de la fresque sociale, à tendance mystique. Tout commence par un flic qui, a la poursuite d’un groupe de migrants venant tout juste de débarquer en Hongrie, tire sur un jeune Syrien. Au lieu de mourir, là, sur place, comme des dizaines d’autres, le jeune homme se relève. Mieux : il s’envole. Comme si ce policier borné et corrompu en avait, soudain, fait un ange. Ce qui le surprend et l’effraie. Pourquoi, pourquoi est-il devenu ainsi ?

Stern ne comprend pas non plus ce qui arrive. Mais lui s’en fout totalement. Ce qui le motive, c’est de garder pour lui ce jeune homme au don incroyable et s’en servir aux mieux de ses intérêts… Car Stern est l’anti-héros type, sorti tout droit des vieux films hollywoodiens de jadis : vieillissant, déjà, alcoolique depuis longtemps, charmeur depuis toujours, mais fatigué de l’être. Chirurgien renommé, il a commis une grosse bêtise (un de ses patients est mort, qu’il opérait en état d’ébriété, et il cherche à gagner du fric, le plus vite possible, pour arrêter les poursuites. Les migrants sont, pour lui, une aubaine : il les fait évader des camps où on les a entassés, moyennant finances…

Mais soudain, tout se dérobe : d’un côté, cet «  ange » qui plane et semble vouloir, presque à son insu, exaucer les vœux de ceux qu’il rencontre. De l’autre, ce terroriste qu’il a laissé fuir et qui vient de commettre un attentat sanglant. Brutalement, le cynisme qui lui servait d’armure se fendille. Et le voilà prêt, comme il ne l’a jamais été de sa vie, à s’engager. Aider l’innocent que les autorités rendent évidemment responsable de la tuerie. Le sauver, ce sera une façon de se sauver lui-même. De retrouver une dignité depuis longtemps enfouie sous des litres d’alcool et des tonnes de compromission.

Ce n’est en aucun cas un film christique – comme le lui reprochent, déjà, ses détracteurs. Mais un pamphlet social, comme pouvait l’être, après la guerre, Miracle à Milan. Mais Vittorio de Sica filmait tout en douceur. Kornél Mundruczó, lui, est animé par la colère, une rage sans limites contre la bêtise, l’aveuglement et l’intolérance. C’est avec une éclatante vigueur qu’il affirme que l’espoir, s’il existe encore, ne pourra venir que de l’autre. D’un condamné à mort qui se serait échappé, pour paraphraser le titre d’un film célèbre... Dans cet ovni baroque, c’est, donc, l’étranger, le fugitif, le survivant qui apporte le renouveau. Comme une élévation. Une évolution. Peut-être même une révolution…

Télérama

Avant première
dimanche 15 octobre 2017 à 17h45

Journée Européenne du Cinéma Art et Essai


LA LUNE DE JUPITER

de Kornél Mundruczó

avec Zsombor Jéger, Merab Ninidze, Gyorgy Cserhalmi
HONGRIE - ALLEMAGNE - 2017 - 2h03 - VOST - Grand Prix de L'Étrange festival Paris 2017

Un jeune migrant se fait tirer dessus alors qu'il traverse illégalement la frontière. Sous le coup de sa blessure, Aryan découvre qu'il a maintenant le pouvoir de léviter. Jeté dans un camp de réfugiés, il s'en échappe avec l'aide du Dr Stern qui nourrit le projet d'exploiter son extraordinaire secret. Les deux hommes prennent la fuite en quête d'argent et de sécurité, poursuivis par le directeur du camp. Fasciné par l'incroyable don d'Aryan, Stern décide de tout miser sur un monde où les miracles s'achètent.
http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-prochainement/la-lune-de-jupiter.html

A PROPOS

Le Hongrois Kornél Mundruczó déboule en compétition avec un film détonant, mettant en scène un chirurgien cynique en quête de rédemption et qui cherche à sauver un migrant.

Ce type est fou. Kornél Mundruczó est dingue. Il y a trois ans, dans White Dog, il imaginait Budapest envahi par des chiens : sous la houlette d’une sorte de Spartacus, ils entreprenaient une lutte féroce contre les hommes qui, durant des siècle, les avaient humiliés et asservis. La Lune de Jupiter est, à nouveau, un film étonnant, détonant (on l’aime ou on le déteste, pas de juste milieu), totalement impressionnant, incongru jusqu’à l’insolence.

Formellement, c’est une splendeur : une suite de plans séquence où la caméra tourne autour des corps, des visages, sans cesse et pas n’importe comment. Dans le but de cerner les personnages au plus près, puis de les lâcher dans l’espace. On est, à la fois, interloqués, vaguement irrités, mais médusés.

Le fond, comme dans White Dog, se rapproche de la fresque sociale, à tendance mystique. Tout commence par un flic qui, a la poursuite d’un groupe de migrants venant tout juste de débarquer en Hongrie, tire sur un jeune Syrien. Au lieu de mourir, là, sur place, comme des dizaines d’autres, le jeune homme se relève. Mieux : il s’envole. Comme si ce policier borné et corrompu en avait, soudain, fait un ange. Ce qui le surprend et l’effraie. Pourquoi, pourquoi est-il devenu ainsi ?

Stern ne comprend pas non plus ce qui arrive. Mais lui s’en fout totalement. Ce qui le motive, c’est de garder pour lui ce jeune homme au don incroyable et s’en servir aux mieux de ses intérêts… Car Stern est l’anti-héros type, sorti tout droit des vieux films hollywoodiens de jadis : vieillissant, déjà, alcoolique depuis longtemps, charmeur depuis toujours, mais fatigué de l’être. Chirurgien renommé, il a commis une grosse bêtise (un de ses patients est mort, qu’il opérait en état d’ébriété, et il cherche à gagner du fric, le plus vite possible, pour arrêter les poursuites. Les migrants sont, pour lui, une aubaine : il les fait évader des camps où on les a entassés, moyennant finances…

Mais soudain, tout se dérobe : d’un côté, cet «  ange » qui plane et semble vouloir, presque à son insu, exaucer les vœux de ceux qu’il rencontre. De l’autre, ce terroriste qu’il a laissé fuir et qui vient de commettre un attentat sanglant. Brutalement, le cynisme qui lui servait d’armure se fendille. Et le voilà prêt, comme il ne l’a jamais été de sa vie, à s’engager. Aider l’innocent que les autorités rendent évidemment responsable de la tuerie. Le sauver, ce sera une façon de se sauver lui-même. De retrouver une dignité depuis longtemps enfouie sous des litres d’alcool et des tonnes de compromission.

Ce n’est en aucun cas un film christique – comme le lui reprochent, déjà, ses détracteurs. Mais un pamphlet social, comme pouvait l’être, après la guerre, Miracle à Milan. Mais Vittorio de Sica filmait tout en douceur. Kornél Mundruczó, lui, est animé par la colère, une rage sans limites contre la bêtise, l’aveuglement et l’intolérance. C’est avec une éclatante vigueur qu’il affirme que l’espoir, s’il existe encore, ne pourra venir que de l’autre. D’un condamné à mort qui se serait échappé, pour paraphraser le titre d’un film célèbre... Dans cet ovni baroque, c’est, donc, l’étranger, le fugitif, le survivant qui apporte le renouveau. Comme une élévation. Une évolution. Peut-être même une révolution…

Télérama