ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

RÉPARER LES VIVANTS - Katell Quillévéré

A PROPOS

Bien qu’elle était déjà présente dans la sphère cinématographique depuis plusieurs années, c’est en 2013 et la sortie de Suzanne que Kattell Quillévéré s’est véritablement faite remarquer. Son métrage sonnait vrai, était très soigné, avait beaucoup de sensibilité et bénéficiait d’un excellent casting composé principalement de Sara Forestier, Adèle Haenel, François Damiens et Paul Hamy. Trois ans plus tard, Quillévéré revient avec une nouvelle œuvre coup de poing. Un véritable uppercut.

La base, c’est le roman de Maylis de Kerangal que Quillévéré a adapté avec l’aide de Gilles Taurand. De prime abord, cela semble léger pour faire un long-métrage mais, le résultat fonctionne parfaitement. Ca commence pourtant bizarrement. Aux premières lueurs, 3 jeunes partent faire du surf. Très clipesque, le montage cache ce qui va se jouer par après. La dénotation de style entre l’intro et ce qui suit rend justement toute la suite du film beaucoup plus forte et poignante. L’efficacité est là.

A partir de la mort, Quillévéré suit le processus qui peut permettre de survivre. Mieux, de vivre. Le cœur du film. Cette phrase reflète ce qu’essaie de transmettre la réalisatrice à travers son œuvre. Grâce à une galerie de personnages, elle emmène le spectateur dans un voyage à travers l’humain. En quelques plans, quelques répliques, le portrait est brossé. Il suffit de peu pour avoir un background suffisant pour que les personnages brossés soient vivants aux yeux des spectateurs. Il leur faut peu pour qu’ils existent, qu’on croie à leur histoire, qu’ils soient crédibles. En cela, le scénario, les dialogues et la mise en scène sont un véritable tour de force.

Inévitablement, tout est empreint de tristesse mais, la félicité finale n’en n’est que plus belle. Il est par contre surprenant de voir que jamais le film ne tombe dans le pathos. Les images sont suffisamment parlantes, les silences sont éloquents, les dialogues lourds de sens. La musique ne vient jamais appuyer inutilement des propos déjà assourdissants. C’est une des nombreuses réussites du film et il faut le souligner d’autant plus que c’est l’épouvantable Alexandre Desplat, compositeur ayant habituellement tendance à en faire des tonnes, qui signe la partition musicale qui sonne très juste. Quillévéré a une mise en scène dynamique qui jamais ne se précipite. Le travail de montage est évidemment toute son importance dans le processus et, on remarque le soin minutieux qui a été apporté à cette tâche.

Dans ce film, il n’y a pas un acteur plus important qu’un autre. La pièce maîtresse, c’est le cœur mais, pour effectuer son voyage, il a besoin de mains. Ces mains, ce sont tous ces comédiens choisis par Katell Quillévéré pour nourrir son récit. Et ce ne sont pas n’importe qui. Non. Il y a Bouli Lanners, Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Kool Shen, Anne Dorval, Monia Chokri, Dominique Blanc, Alice de Lencquesaing, Alice Taglioni, Karim Leklou (qui sera la semaine prochaine dans Voir du pays) et les jeunes qui montent Galatea Bellugi et Finnegan Oldfield (actuellement dans Nocturama). Sur papier comme à l’écran, c’est du très solide. L’ensemble joue tout en justesse et ne fait aucune fausse note, donnant l’intensité et l’énergie nécessaire pour faire de Réparer les vivants le film fort qu’il est.

Après son joli coup réalisé grâce à Suzanne, on attendait Réparer les vivants avec impatience. Force est de constater que Katell Quillévéré livre un des plus beaux films français de cette année et que, après sa sortie, on en reparlera encore. On serait même prêts à miser une piécette sur l’un ou l’autre César. Il n’y a pas un domaine du film à relever plus qu’un autre. Réparer les vivants a une très belle homogénéité dans son traitement et son développement. C’est pour cela que le film fonctionne si bien. Sortez vos mouchoirs, vous n’en sortirez pas indemnes.

Thibault Van de Werve (Cinephilia.fr)

Cap ciné
vendredi 4 novembre 2016 à 15h30

Séances en audiodescription et sous-titrées en français
La séance de 19h45 est présentée par Louis Mathieu, président de l'association Cinéma Parlant

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant et Premiers Plans


RÉPARER LES VIVANTS

de Katell Quillévéré

avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval
FRANCE - 2016 - 1h43

 Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c'est l'accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n'est plus qu'un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie… 
http://www.marsfilms.com/film/rparer_les_vivants/

A PROPOS

Bien qu’elle était déjà présente dans la sphère cinématographique depuis plusieurs années, c’est en 2013 et la sortie de Suzanne que Kattell Quillévéré s’est véritablement faite remarquer. Son métrage sonnait vrai, était très soigné, avait beaucoup de sensibilité et bénéficiait d’un excellent casting composé principalement de Sara Forestier, Adèle Haenel, François Damiens et Paul Hamy. Trois ans plus tard, Quillévéré revient avec une nouvelle œuvre coup de poing. Un véritable uppercut.

La base, c’est le roman de Maylis de Kerangal que Quillévéré a adapté avec l’aide de Gilles Taurand. De prime abord, cela semble léger pour faire un long-métrage mais, le résultat fonctionne parfaitement. Ca commence pourtant bizarrement. Aux premières lueurs, 3 jeunes partent faire du surf. Très clipesque, le montage cache ce qui va se jouer par après. La dénotation de style entre l’intro et ce qui suit rend justement toute la suite du film beaucoup plus forte et poignante. L’efficacité est là.

A partir de la mort, Quillévéré suit le processus qui peut permettre de survivre. Mieux, de vivre. Le cœur du film. Cette phrase reflète ce qu’essaie de transmettre la réalisatrice à travers son œuvre. Grâce à une galerie de personnages, elle emmène le spectateur dans un voyage à travers l’humain. En quelques plans, quelques répliques, le portrait est brossé. Il suffit de peu pour avoir un background suffisant pour que les personnages brossés soient vivants aux yeux des spectateurs. Il leur faut peu pour qu’ils existent, qu’on croie à leur histoire, qu’ils soient crédibles. En cela, le scénario, les dialogues et la mise en scène sont un véritable tour de force.

Inévitablement, tout est empreint de tristesse mais, la félicité finale n’en n’est que plus belle. Il est par contre surprenant de voir que jamais le film ne tombe dans le pathos. Les images sont suffisamment parlantes, les silences sont éloquents, les dialogues lourds de sens. La musique ne vient jamais appuyer inutilement des propos déjà assourdissants. C’est une des nombreuses réussites du film et il faut le souligner d’autant plus que c’est l’épouvantable Alexandre Desplat, compositeur ayant habituellement tendance à en faire des tonnes, qui signe la partition musicale qui sonne très juste. Quillévéré a une mise en scène dynamique qui jamais ne se précipite. Le travail de montage est évidemment toute son importance dans le processus et, on remarque le soin minutieux qui a été apporté à cette tâche.

Dans ce film, il n’y a pas un acteur plus important qu’un autre. La pièce maîtresse, c’est le cœur mais, pour effectuer son voyage, il a besoin de mains. Ces mains, ce sont tous ces comédiens choisis par Katell Quillévéré pour nourrir son récit. Et ce ne sont pas n’importe qui. Non. Il y a Bouli Lanners, Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Kool Shen, Anne Dorval, Monia Chokri, Dominique Blanc, Alice de Lencquesaing, Alice Taglioni, Karim Leklou (qui sera la semaine prochaine dans Voir du pays) et les jeunes qui montent Galatea Bellugi et Finnegan Oldfield (actuellement dans Nocturama). Sur papier comme à l’écran, c’est du très solide. L’ensemble joue tout en justesse et ne fait aucune fausse note, donnant l’intensité et l’énergie nécessaire pour faire de Réparer les vivants le film fort qu’il est.

Après son joli coup réalisé grâce à Suzanne, on attendait Réparer les vivants avec impatience. Force est de constater que Katell Quillévéré livre un des plus beaux films français de cette année et que, après sa sortie, on en reparlera encore. On serait même prêts à miser une piécette sur l’un ou l’autre César. Il n’y a pas un domaine du film à relever plus qu’un autre. Réparer les vivants a une très belle homogénéité dans son traitement et son développement. C’est pour cela que le film fonctionne si bien. Sortez vos mouchoirs, vous n’en sortirez pas indemnes.

Thibault Van de Werve (Cinephilia.fr)