ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

PEPPERMINT FRAPPÉ - Carlos Saura

A PROPOS

Peppermint frappé fut la première collaboration de Carlos Saura avec Geraldine Chaplin qui deviendra sa muse et compagne. On y suit un trio insolite : Julián, radiologue quinquagénaire (excellent José Luis López Vázquez) travaille et vit isolé, uniquement aidé par Ana (Geraldine en brune), infirmière discrète. Invité par un ami d’enfance, il fait la connaissance de sa nouvelle épouse, Elena, radieuse et fantasque (Geraldine en blonde). Hanté par la jeune femme à qui il associe un souvenir d’adolescence, il devient amoureux fou tout en fétichisant Ana en objet de son désir. Bien sûr, le scénario évoque explicitement Buñuel, à qui le film est dédié, et qui tournera la même année Belle de jour (où Deneuve incarne Séverine, à la double personnalité). Tyrannique et obsessionnel, Julián est un peu l’héritier du personnage névrosé de El et sombrera, comme lui, dans une folie inéluctable. Mais passé cet hommage à son père de cinéma, Saura impose sa propre griffe, celui d’un cinéaste du jeu et de l’imaginaire, qui alterne avec le réel.

Peignant les frustrations d’une bourgeoisie libérale aliénée par le régime franquiste, à une époque où le néologisme « bobo » n’était pas inventé, Saura maîtrise l’art de l’ellipse pour d’évidentes raisons politiques mais aussi esthétiques, et lance un pavé dans la mare (alors moribonde) du cinéma espagnol. Si les thèmes de la dualité et de la mort peuvent aussi sembler hitchcockiens (Geraldine Chaplin en variante de Kim Novak dans Vertigo), ils inaugurent une constante dans la filmographie de Saura, dont le sommet sera Cría cuervos (1976). Même si l’œuvre laisse un peu sur sa faim, elle séduit dans de multiples séquences (la danse d’Elena, le week-end dans la maison d’enfance, le meurtre final). Elle apparaît aussi comme l’archétype du film daté (dans le bon sens du terme) : quelque part entre Blow up et Cul-de-sac, un je-ne-sais-quoi de délicieusement sixties distille un charme instantané. Le film devait être présenté en compétition officielle à Cannes en 1968 mais sa projection fut annulée, et par-là même l’édition totale du Festival. Mais il obtint un mois plus tard l’Ours d’argent au Festival de Berlin

Gérard Crespo (avoir-alire)

Ciné classique
dimanche 8 mars 2015 à 18h00

présenté par Richard Minguell, enseignant en espagnol


PEPPERMINT FRAPPÉ

de Carlos Saura

avec Geraldine Chaplin, Jose Luis López Vázquez, Alfredo Mayo
Espagne - 1967 - 1H32 - version originale sous titrée

Julián, radiologue, a installé son cabinet à domicile. Il travaille dans l'isolement, seulement assisté dans ses tâches par Ana, une infirmière taciturne et réservée. Un jour, Julián est invité chez son meilleur ami d'enfance, Pablo, un aventurier épicurien tout juste revenu d'Afrique. Ce dernier lui présente sa nouvelle épouse, Elena, une blonde radieuse et décomplexée. En la voyant, Julián est traversé par le souvenir fugace d'une jeune femme aperçue pendant son adolescence lors d'une cérémonie religieuse. Hanté par cette image idéale, il tombe amoureux d'Elena, laquelle se joue de ses déclarations passionnées. Dès lors, le radiologue, frustré, se tourne vers son assistante Ana et la fétichise en un objet de son désir...

A PROPOS

Peppermint frappé fut la première collaboration de Carlos Saura avec Geraldine Chaplin qui deviendra sa muse et compagne. On y suit un trio insolite : Julián, radiologue quinquagénaire (excellent José Luis López Vázquez) travaille et vit isolé, uniquement aidé par Ana (Geraldine en brune), infirmière discrète. Invité par un ami d’enfance, il fait la connaissance de sa nouvelle épouse, Elena, radieuse et fantasque (Geraldine en blonde). Hanté par la jeune femme à qui il associe un souvenir d’adolescence, il devient amoureux fou tout en fétichisant Ana en objet de son désir. Bien sûr, le scénario évoque explicitement Buñuel, à qui le film est dédié, et qui tournera la même année Belle de jour (où Deneuve incarne Séverine, à la double personnalité). Tyrannique et obsessionnel, Julián est un peu l’héritier du personnage névrosé de El et sombrera, comme lui, dans une folie inéluctable. Mais passé cet hommage à son père de cinéma, Saura impose sa propre griffe, celui d’un cinéaste du jeu et de l’imaginaire, qui alterne avec le réel.

Peignant les frustrations d’une bourgeoisie libérale aliénée par le régime franquiste, à une époque où le néologisme « bobo » n’était pas inventé, Saura maîtrise l’art de l’ellipse pour d’évidentes raisons politiques mais aussi esthétiques, et lance un pavé dans la mare (alors moribonde) du cinéma espagnol. Si les thèmes de la dualité et de la mort peuvent aussi sembler hitchcockiens (Geraldine Chaplin en variante de Kim Novak dans Vertigo), ils inaugurent une constante dans la filmographie de Saura, dont le sommet sera Cría cuervos (1976). Même si l’œuvre laisse un peu sur sa faim, elle séduit dans de multiples séquences (la danse d’Elena, le week-end dans la maison d’enfance, le meurtre final). Elle apparaît aussi comme l’archétype du film daté (dans le bon sens du terme) : quelque part entre Blow up et Cul-de-sac, un je-ne-sais-quoi de délicieusement sixties distille un charme instantané. Le film devait être présenté en compétition officielle à Cannes en 1968 mais sa projection fut annulée, et par-là même l’édition totale du Festival. Mais il obtint un mois plus tard l’Ours d’argent au Festival de Berlin

Gérard Crespo (avoir-alire)