SUR L'ADAMANT - Nicolas Philibert

A PROPOS

Une chose est sûre, l’Ours d’or de Nicolas Philibert au festival de Berlin aura pris tout le monde de court. «Sur l’Adamant» n’en reste pas moins une œuvre à l’euphorie contagieuse, un documentaire aussi lumineux que les personnages dont il dresse le portrait.
Dans l’ombre du pont Charles de Gaulle à Paris flotte une péniche du nom de «l’Adamant». Une structure spécialisée qui accueille des personnes souffrant de troubles mentaux. Ils s’appellent, Pascal, Olivier, Catherine, François, et composent un panel social et culturel cosmopolite. Sur l’Adamant, ils se retrouvent et échangent en toute quiétude, loin de l’hôpital psychiatrique et des regards extérieurs. Des personnalités éblouissantes, poétiques et touchantes, qui, une à une, se confient devant la caméra attentive du réalisateur.
Auteur en 2002 du désormais célèbre «Être et avoir», 2023 sera l’année de la consécration pour le cinéaste français Nicolas Philibert qui décroche enfin un grand prix dans un festival international. La concurrence était pour le moins rude et éclectique, mais sous l’égide de ce jury présidé par l’actrice américaine Kristen Stewart, le tendre récit de cette péniche en bord de Seine s’est frayé un chemin dans l’histoire des Ours d’or.
«Sur l’Adamant» est de ces documentaires rares qui se mettent au service de leur sujet et non de leur auteur. Ainsi, et hormis quelques brefs apartés, le cinéaste s’efface derrière la caméra pour laisser la parole à ses protagonistes. Mais Nicolas Philibert n’est jamais loin, ils l’accostent d’ailleurs au milieu des prises : «t’as une voiture pour trimballer tout ton machin?». Le cinéaste s’occupe surtout d’orienter l’objectif pour capturer l’éphémère de leurs pensées.
En témoigne l’ouverture sur cette reprise à gorge déployée de «La Bombe humaine», ou plus tard la sincérité hallucinante de l’atelier de dessin, ici les troubles psychiques se mêlent à la poésie de l’art brut et à la pensée surréaliste. L’humour en chef d’orchestre, «Il y a des vedettes ici» nous dira un pensionnaire, et de poursuivre, «ils sont meilleurs que des acteurs de cinéma». Aussi drôle que prémonitoire, «Sur l’Adamant» nous plonge aussi dans le quotidien délicat du personnel accompagnant (psychiatres, étudiants infirmiers…). Le cinéaste évitera à cet égard l’écueil d’un récit moralisateur et social, et compose finalement un documentaire qui observe plus qu’il n’affirme.
Peut-être parce qu'il s’agit des pensionnaires avant tout, ces marins d’infortunes capables d’introspection et de grande beauté malgré leurs angoisses profondes et la dépendance aux médicaments ; «Sur l’Adamant» vaudra mieux que mille et une leçons sur l’existence. Dans le public, certain.e.s sont resté.e.s pendu.e.s à leurs silences, à leurs envolées musicales, d’autres tentent encore d’élucider le mystère de leurs Haïkus : «un passe-montagne ça me fait penser à de la purée». Et le jury de la 73e Berlinale ne s’y est pas trompé, il y a là au cœur de cette vérité brute à laquelle s’amarre «Sur l’Adamant» quelque chose de merveilleusement humain.
Théo Metais (cineman.ch)

Avant-première
lundi 10 avril 2023 à 20h00

En présence de Nicolas Philibert, réalisateur

Soirée organisée en collaboration avec l'association Cinéma Parlant


SUR L'ADAMANT

de Nicolas Philibert

Documentaire
FRANCE - 2023 - 1h49 - Ours d'or Berlin 2023

L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.
https://filmsdulosange.com/film/sur-ladamant/

A PROPOS

Une chose est sûre, l’Ours d’or de Nicolas Philibert au festival de Berlin aura pris tout le monde de court. «Sur l’Adamant» n’en reste pas moins une œuvre à l’euphorie contagieuse, un documentaire aussi lumineux que les personnages dont il dresse le portrait.
Dans l’ombre du pont Charles de Gaulle à Paris flotte une péniche du nom de «l’Adamant». Une structure spécialisée qui accueille des personnes souffrant de troubles mentaux. Ils s’appellent, Pascal, Olivier, Catherine, François, et composent un panel social et culturel cosmopolite. Sur l’Adamant, ils se retrouvent et échangent en toute quiétude, loin de l’hôpital psychiatrique et des regards extérieurs. Des personnalités éblouissantes, poétiques et touchantes, qui, une à une, se confient devant la caméra attentive du réalisateur.
Auteur en 2002 du désormais célèbre «Être et avoir», 2023 sera l’année de la consécration pour le cinéaste français Nicolas Philibert qui décroche enfin un grand prix dans un festival international. La concurrence était pour le moins rude et éclectique, mais sous l’égide de ce jury présidé par l’actrice américaine Kristen Stewart, le tendre récit de cette péniche en bord de Seine s’est frayé un chemin dans l’histoire des Ours d’or.
«Sur l’Adamant» est de ces documentaires rares qui se mettent au service de leur sujet et non de leur auteur. Ainsi, et hormis quelques brefs apartés, le cinéaste s’efface derrière la caméra pour laisser la parole à ses protagonistes. Mais Nicolas Philibert n’est jamais loin, ils l’accostent d’ailleurs au milieu des prises : «t’as une voiture pour trimballer tout ton machin?». Le cinéaste s’occupe surtout d’orienter l’objectif pour capturer l’éphémère de leurs pensées.
En témoigne l’ouverture sur cette reprise à gorge déployée de «La Bombe humaine», ou plus tard la sincérité hallucinante de l’atelier de dessin, ici les troubles psychiques se mêlent à la poésie de l’art brut et à la pensée surréaliste. L’humour en chef d’orchestre, «Il y a des vedettes ici» nous dira un pensionnaire, et de poursuivre, «ils sont meilleurs que des acteurs de cinéma». Aussi drôle que prémonitoire, «Sur l’Adamant» nous plonge aussi dans le quotidien délicat du personnel accompagnant (psychiatres, étudiants infirmiers…). Le cinéaste évitera à cet égard l’écueil d’un récit moralisateur et social, et compose finalement un documentaire qui observe plus qu’il n’affirme.
Peut-être parce qu'il s’agit des pensionnaires avant tout, ces marins d’infortunes capables d’introspection et de grande beauté malgré leurs angoisses profondes et la dépendance aux médicaments ; «Sur l’Adamant» vaudra mieux que mille et une leçons sur l’existence. Dans le public, certain.e.s sont resté.e.s pendu.e.s à leurs silences, à leurs envolées musicales, d’autres tentent encore d’élucider le mystère de leurs Haïkus : «un passe-montagne ça me fait penser à de la purée». Et le jury de la 73e Berlinale ne s’y est pas trompé, il y a là au cœur de cette vérité brute à laquelle s’amarre «Sur l’Adamant» quelque chose de merveilleusement humain.
Théo Metais (cineman.ch)