TWIN PEAKS : FIRE WALK WITH ME - David Lynch

A PROPOS

Twin Peaks n’est pas une série, ce n’est pas un film, c’est une manière d’être. Et cette manière d’être passe par une manière de voir et de sentir, de bouger et de sourire, de penser et de danser. En 1992, alors que, sur décision de la chaîne ABC, la série s’arrête de façon traumatique pour les spectateurs comme pour les producteurs, David Lynch ne s’avoue pas vaincu et tente le tout pour le tout. Il fait un premier film depuis Twin Peaks, où il réinvente une fois de plus le cinéma : l’espace-temps est perturbé par l’électricité, ses plans jusque-là harmonieux se mettent à vibrer, et les personnages sont soudain perdus dans le temps. C’est Fire Walk With Me, à la fois une exploration de ce dont la série n’était que le miroir (les derniers jours de Laura Palmer) et un miroir de ce que la série comptait explorer : la relation entre le spectateur et l’autre monde, la métamorphose du spectateur en « initié », capable de traverser une forêt de symboles où les couleurs, les formes et les sons se répondent. Le réalisateur est un voyant : il montre des séquences dont il n’a pas nécessairement les clés mais qui se situent à la fois dans ce monde et à la frontière de l’autre.
Le film a été massacré à sa sortie par une critique indigente, qui ne voyait ni ce que le film ne voulait pas faire (en gros, une redite de la série) ni ce qu’il voulait faire : une expérience initiatique où le spectateur serait métamorphosé, transformé en un être supérieur, capable d’affronter l’ouverture de la Black Lodge et l’enténèbrement du monde. Fire Walk With Me est l’art poétique qui conditionne Lost Highway, Mulholland Drive et Inland Empire : ces films où, comme le dit Buffy, « le temps devient tout David Lynch » et que le spectateur fasciné ne cesse de revoir, sachant qu’ils contiennent peut-être les secrets conjugués de son être et du monde.

Festival Conversations CNDC
mardi 28 février 2023 à 20h00

présenté par Marion Siéfert, metteuse en scène, fondatrice de la compagnie Ziferte, en lien avec sa création Daddy

Soirée proposée dans le cadre du Festival "Conversations" du CNDC


TWIN PEAKS : FIRE WALK WITH ME

de David Lynch

Sheryl Lee, Kyle MacLachlan, Ray Wise
FRANCE - USA - 1992 - 2h45 - Version originale sous-titrée

La mort mystérieuse de Teresa Banks dans la tranquille petite ville de Deer Meadow va donner bien du fil a retordre aux agents Dale Cooper et Chester Desmond qui vont mener une enquête en forme de charade et découvrir que bien des citoyens de la ville sont impliqués dans cette affaire. Un an plus tard, ce sont les sept derniers jours de Laura Palmer, qui se termineront par la mort brutale de cette dernière annonçant ainsi le début de Twin Peaks, le soap opera.

A PROPOS

Twin Peaks n’est pas une série, ce n’est pas un film, c’est une manière d’être. Et cette manière d’être passe par une manière de voir et de sentir, de bouger et de sourire, de penser et de danser. En 1992, alors que, sur décision de la chaîne ABC, la série s’arrête de façon traumatique pour les spectateurs comme pour les producteurs, David Lynch ne s’avoue pas vaincu et tente le tout pour le tout. Il fait un premier film depuis Twin Peaks, où il réinvente une fois de plus le cinéma : l’espace-temps est perturbé par l’électricité, ses plans jusque-là harmonieux se mettent à vibrer, et les personnages sont soudain perdus dans le temps. C’est Fire Walk With Me, à la fois une exploration de ce dont la série n’était que le miroir (les derniers jours de Laura Palmer) et un miroir de ce que la série comptait explorer : la relation entre le spectateur et l’autre monde, la métamorphose du spectateur en « initié », capable de traverser une forêt de symboles où les couleurs, les formes et les sons se répondent. Le réalisateur est un voyant : il montre des séquences dont il n’a pas nécessairement les clés mais qui se situent à la fois dans ce monde et à la frontière de l’autre.
Le film a été massacré à sa sortie par une critique indigente, qui ne voyait ni ce que le film ne voulait pas faire (en gros, une redite de la série) ni ce qu’il voulait faire : une expérience initiatique où le spectateur serait métamorphosé, transformé en un être supérieur, capable d’affronter l’ouverture de la Black Lodge et l’enténèbrement du monde. Fire Walk With Me est l’art poétique qui conditionne Lost Highway, Mulholland Drive et Inland Empire : ces films où, comme le dit Buffy, « le temps devient tout David Lynch » et que le spectateur fasciné ne cesse de revoir, sachant qu’ils contiennent peut-être les secrets conjugués de son être et du monde.