LA FEMME DU DIMANCHE - Luigi Comencini

A PROPOS

‘‘On peut rire avec tendresse des humbles. On doit rire avec méchanceté des puissants’’  Luigi Comencini

La femme du dimanche, tiré d’un roman très célèbre de Fruttero et Lucentini, véritable labyrinthe que Comencini ramène comme à son habitude à une traversée du monde, à une crise existentielle. Un architecte corrompu, parasite de la haute société bourgeoise industrielle turinoise est assassiné, et l’enquête confiée à un humble inspecteur du Sud. Dans Turin, ville décadente, aristocratique, plaque tournante de l’industrie automobile mais aussi de l’immigra-tion méridionale, le commissaire Santamaria confronte une société futile, snobinarde, qui se défend de l’encercle-ment social par tout un rituel de jeux de langage et de charades. Une société veule qui écrase tout ce qui tente de l’approcher. D’un côté il y a des privilégiés comme cette belle épouse d’industriel, oisive et hautainement superfi-cielle ou son ami Massimo homosexuel par ennui et qui, riche à millions, affiche son absence de voiture et fume des Nazionale. De l’autre il y a la victime, arriviste et maitre-chanteur; et surtout Lello, employé de mairie passionnel et fragile, petit ami de Massimo : tous deux seront broyés par les grandes familles de Turin pour avoir voulu franchir des portes interdites, accéder à un monde hermétique, inapprochable. En simplifiant l’immense galerie de person-nages du roman original, Comencini cerne habilement la fascination qu’exerce sur le commissaire, discret et quelque peu  guindé  la  belle  évaporée  Anna  Carla.  Soupçonnée  de  meurtre  par  une  indiscrétion  de  ses  domestiques,  elle  s’amuse d’une accusation qui l’encanaille. Pis, elle manipule avec Massimo un théâtre imaginaire où défilent toutes les victimes, y compris en fin de course le commissaire, séduit et oublié par l’infidèle. L’enquête policière se double donc d’un périple autrement plus vital, celui des faibles au domaine des puissants. La justice compte peu, qui verra le triomphe des nantis, un triomphe prévisible et que Comencini enregistre avec une amertume froide et ironique. Plus que le ton habituel des comédies à l’italienne, il retrouve un peu le détachement cynique de certaines comédies de Preminger. Un ton qui nous surprend et nous accroche.

Robert Benayoun - Le Point

Hommage à Ennio Morricone
lundi 19 octobre 2020 à 20h00

Introduction musicale par les élèves du Conservatoire d'Angers sous la direction de Pierrick Menuau

Soirée organisée dans le cadre de la semaine de cinéma de langue italienne


LA FEMME DU DIMANCHE

de Luigi Comencini

avec Jacqueline Bisset, Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant
ITALIE - 1975 - 1h45 - VOST

Garrone, un riche architecte turinois, a été retrouvé mort chez lui. L’inspecteur Santamaria est chargé de l’enquête. Originaire d’une famille modeste du sud de l’Italie, il navigue avec difficulté dans la haute bourgeoisie de Turin. Les suspects sont nombreux : Anna-Carla Dosio, la veuve désoeuvrée d’un industriel, oisive et séduisante, Massimo Campi, un ami homosexuel de Garrone et Lello Riviera, son amant, un petit fonctionnaire, sont tour à tour soumis aux questions pertinentes de Santamaria. L’assassinat de Riviera, qui menait sa propre enquête, brouille les pistes...
https://www.tamasa-cinema.com/france/film/femme-du-dimanche-la-donna-della-domenica-la/

A PROPOS

‘‘On peut rire avec tendresse des humbles. On doit rire avec méchanceté des puissants’’  Luigi Comencini

La femme du dimanche, tiré d’un roman très célèbre de Fruttero et Lucentini, véritable labyrinthe que Comencini ramène comme à son habitude à une traversée du monde, à une crise existentielle. Un architecte corrompu, parasite de la haute société bourgeoise industrielle turinoise est assassiné, et l’enquête confiée à un humble inspecteur du Sud. Dans Turin, ville décadente, aristocratique, plaque tournante de l’industrie automobile mais aussi de l’immigra-tion méridionale, le commissaire Santamaria confronte une société futile, snobinarde, qui se défend de l’encercle-ment social par tout un rituel de jeux de langage et de charades. Une société veule qui écrase tout ce qui tente de l’approcher. D’un côté il y a des privilégiés comme cette belle épouse d’industriel, oisive et hautainement superfi-cielle ou son ami Massimo homosexuel par ennui et qui, riche à millions, affiche son absence de voiture et fume des Nazionale. De l’autre il y a la victime, arriviste et maitre-chanteur; et surtout Lello, employé de mairie passionnel et fragile, petit ami de Massimo : tous deux seront broyés par les grandes familles de Turin pour avoir voulu franchir des portes interdites, accéder à un monde hermétique, inapprochable. En simplifiant l’immense galerie de person-nages du roman original, Comencini cerne habilement la fascination qu’exerce sur le commissaire, discret et quelque peu  guindé  la  belle  évaporée  Anna  Carla.  Soupçonnée  de  meurtre  par  une  indiscrétion  de  ses  domestiques,  elle  s’amuse d’une accusation qui l’encanaille. Pis, elle manipule avec Massimo un théâtre imaginaire où défilent toutes les victimes, y compris en fin de course le commissaire, séduit et oublié par l’infidèle. L’enquête policière se double donc d’un périple autrement plus vital, celui des faibles au domaine des puissants. La justice compte peu, qui verra le triomphe des nantis, un triomphe prévisible et que Comencini enregistre avec une amertume froide et ironique. Plus que le ton habituel des comédies à l’italienne, il retrouve un peu le détachement cynique de certaines comédies de Preminger. Un ton qui nous surprend et nous accroche.

Robert Benayoun - Le Point