REBELLES - Allan Mauduit

A PROPOS

Après avoir réalisé avec Jean-Patrick Benes Vilaines qui dénonçait les diktats de l’apparence, Allan Mauduit opte seul cette fois pour une comédie rock’n’roll qui rend énergiquement hommage aux femmes bien décidées à prendre leur destin en main.
Comme décor le port de Boulogne-sur-Mer qui n’a rien de particulièrement exotique, comme personnages principaux trois femmes coincées entre un mari violent ou flemmard, des problèmes d’argent et un patron harceleur, qui triment dans une conserverie de poissons : autant d’éléments qui pourraient laisser imaginer le début d’un drame à tendance sociale en tous points correct comme le cinéma hexagonal en a tant produit ces dernières années. Mais c’est sans compter sur l’humour irrévérencieux d’Allan Mauduit qui manie les mauvaises manières avec une jouissance communicative au point de transformer en moments d’anthologie les scènes les plus trash. S’inspirant de l’humour des comédies anglo-saxonnes, lorgnant du côté des bagarres réglées au cordeau dont Tarantino a le secret, flirtant avec l’esprit western cher à Sergio Leone, il mixe les genres et les tons pour faire naître, entre rebondissements burlesques et dérapages osés, un film plus féminin que féministe qui, sans discours ni revendication défend mieux qu’un récit à thèse la cause des femmes et dont le style inédit, mi-comédie, mi-polar, apporte une salutaire bouffée de folie.
Pourtant, paradoxalement, ce mélange systématique à l’équilibre parfois instable installe l’intrigue dans un univers finalement trop linéaire pour faire jaillir l’excellence que la tonalité grand-guignolesque de cette comédie atypique laissait entrevoir. Peu importe si la mise en scène faiblit, l’interprétation de haut vol fait vite oublier cette légère sensation d’inabouti. Car la grande belle idée de Rebelles, c’est d’avoir fait cohabiter trois comédiennes complémentaires, parfaits symboles de la diversité féminine. Cécile de France dont on a admiré récemment l’élégance et la rouerie dans Mademoiselle de Jonquières endosse sans difficulté le manteau en léopard synthétique de Sandra, une bimbo au maquillage outrancier et à la dureté apparente. Son retour obligatoire dans le mobile-home de sa mère (Béatrice Agenin) l’indispose au plus haut point et la rend méprisante avec son entourage. Au contact de ses collègues, elle apprend la solidarité et renoue avec ses racines. Mais la plus rebelle de toutes, c’est Marylin à qui Audrey Lamy prête son phrasé-mitraillette et sa vitalité inépuisable. Avec sa coiffure improbable et ses répliques cash, elle ne rentre dans aucune case. Son point faible, c’est son fils pour qui elle nourrit une tendresse inavouée. Enfin Yolande Moreau apporte sa bonhomie et sa sensibilité à Nadine qui semble être la plus raisonnable mais se révélera être une véritable guerrière, maniant le fusil comme personne.
Si le réalisateur choisit de donner à ces femmes les armes habituellement réservées aux hommes, il n’envisage jamais de verser dans un duel masculin/féminin, pas plus qu’il n’a l’intention de transformer la gente masculine en potiche. Le policier incarné par Samuel Jouy est vénal et sentimental, sexy et glamour pendant que Simon Abkarian se jette avec un bel enthousiasme dans son rôle d’antihéros attachant. Les femmes se castagnent et jouent des flingues mais n’en oublient pas pour autant d’utiliser leurs atouts féminins.
Cette humanité qui imprègne chacun des personnages fait de Rebelles un film dynamique et joyeux malgré la rudesse. Conjuguant fantaisie et légèreté, il offre un point de vue original sur un sujet de société trop souvent formaté.
Claudine Levanneur (Avoiràlire.com)

Cap ciné
vendredi 5 juillet 2019 à 19h45

Séance en audiodescription, sous-titrées en français

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant et Premiers Plans.


REBELLES

de Allan Mauduit

avec Cécile de France, Yolande Moreau, Audrey Lamy
FRANCE - 2019 - 1h27

Sans boulot ni diplôme, Sandra, ex miss Nord-Pas-de-Calais, revient s'installer chez sa mère à Boulogne-sur-Mer après 15 ans sur la Côte d'Azur. Embauchée à la conserverie locale, elle repousse vigoureusement les avances de son chef et le tue accidentellement. Deux autres filles ont été témoins de la scène. Alors qu'elles s'apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets dans le casier du mort. Une fortune qu'elles décident de se partager. C'est là que leurs ennuis commencent...
http://www.le-pacte.com/france/a-l-affiche/detail/rebelles/

A PROPOS

Après avoir réalisé avec Jean-Patrick Benes Vilaines qui dénonçait les diktats de l’apparence, Allan Mauduit opte seul cette fois pour une comédie rock’n’roll qui rend énergiquement hommage aux femmes bien décidées à prendre leur destin en main.
Comme décor le port de Boulogne-sur-Mer qui n’a rien de particulièrement exotique, comme personnages principaux trois femmes coincées entre un mari violent ou flemmard, des problèmes d’argent et un patron harceleur, qui triment dans une conserverie de poissons : autant d’éléments qui pourraient laisser imaginer le début d’un drame à tendance sociale en tous points correct comme le cinéma hexagonal en a tant produit ces dernières années. Mais c’est sans compter sur l’humour irrévérencieux d’Allan Mauduit qui manie les mauvaises manières avec une jouissance communicative au point de transformer en moments d’anthologie les scènes les plus trash. S’inspirant de l’humour des comédies anglo-saxonnes, lorgnant du côté des bagarres réglées au cordeau dont Tarantino a le secret, flirtant avec l’esprit western cher à Sergio Leone, il mixe les genres et les tons pour faire naître, entre rebondissements burlesques et dérapages osés, un film plus féminin que féministe qui, sans discours ni revendication défend mieux qu’un récit à thèse la cause des femmes et dont le style inédit, mi-comédie, mi-polar, apporte une salutaire bouffée de folie.
Pourtant, paradoxalement, ce mélange systématique à l’équilibre parfois instable installe l’intrigue dans un univers finalement trop linéaire pour faire jaillir l’excellence que la tonalité grand-guignolesque de cette comédie atypique laissait entrevoir. Peu importe si la mise en scène faiblit, l’interprétation de haut vol fait vite oublier cette légère sensation d’inabouti. Car la grande belle idée de Rebelles, c’est d’avoir fait cohabiter trois comédiennes complémentaires, parfaits symboles de la diversité féminine. Cécile de France dont on a admiré récemment l’élégance et la rouerie dans Mademoiselle de Jonquières endosse sans difficulté le manteau en léopard synthétique de Sandra, une bimbo au maquillage outrancier et à la dureté apparente. Son retour obligatoire dans le mobile-home de sa mère (Béatrice Agenin) l’indispose au plus haut point et la rend méprisante avec son entourage. Au contact de ses collègues, elle apprend la solidarité et renoue avec ses racines. Mais la plus rebelle de toutes, c’est Marylin à qui Audrey Lamy prête son phrasé-mitraillette et sa vitalité inépuisable. Avec sa coiffure improbable et ses répliques cash, elle ne rentre dans aucune case. Son point faible, c’est son fils pour qui elle nourrit une tendresse inavouée. Enfin Yolande Moreau apporte sa bonhomie et sa sensibilité à Nadine qui semble être la plus raisonnable mais se révélera être une véritable guerrière, maniant le fusil comme personne.
Si le réalisateur choisit de donner à ces femmes les armes habituellement réservées aux hommes, il n’envisage jamais de verser dans un duel masculin/féminin, pas plus qu’il n’a l’intention de transformer la gente masculine en potiche. Le policier incarné par Samuel Jouy est vénal et sentimental, sexy et glamour pendant que Simon Abkarian se jette avec un bel enthousiasme dans son rôle d’antihéros attachant. Les femmes se castagnent et jouent des flingues mais n’en oublient pas pour autant d’utiliser leurs atouts féminins.
Cette humanité qui imprègne chacun des personnages fait de Rebelles un film dynamique et joyeux malgré la rudesse. Conjuguant fantaisie et légèreté, il offre un point de vue original sur un sujet de société trop souvent formaté.
Claudine Levanneur (Avoiràlire.com)