LA LUTTE DES CLASSES - Michel Leclerc

A PROPOS

Presque dix ans après Le nom des gens, Michel Leclerc repart au combat avec les mêmes armes : pertinence, humour, tolérance et loufoquerie. A travers ce titre à double lecture, il s’interroge sur l’école qui ne remplit plus son rôle d’ascenseur social et sur les tensions communautaires qui en découlent, mettant à mal les idéaux d’égalité chers aux générations précédentes.
Vêtu de son éternel Perfecto, la démarche chaloupée, Paul (Edouard Baer) cultive son image d’ancien batteur punk, à tendance anar. Indifférent à la réussite sociale et au regard des autres, il s’accroche désespérément à ses idées de gauche, celles d’une gauche révolue et refuse de toute son âme de se conformer aux diktats de cette société à pensée unique obligatoire, quitte à s’embourber dans ses propres contradictions.
 
A son grand dam, Sofia (Leïla Bekhti), jeune femme issue de l’immigration qui a gravi les échelons de la réussite, forme avec lui un couple communément appelé bobo. Elle est avocate et c’est elle qui fait vivre la famille. Elle revient dans la banlieue populaire de son enfance mais elle a changé de classe sociale, ce qui la place entre deux mondes et la met d’autant plus mal à l’aise que son fils Corentin est pris pour le « petit Blanc », plutôt destiné à l’école privée selon les nouveaux codes communautaires en vigueur . Paul découvre alors que le monde, en changeant aussi radicalement, l’a fait changer de case. Il n’est plus le gaucho qui faisait peur aux bourgeois : il est le bourgeois, et ça lui est insupportable. Mais finalement être systématiquement contre tout, est-ce bien la meilleure solution pour sortir de cette situation complexe ?
 
Sans aucun cynisme, Michel Leclerc prend un malin plaisir à grossir les traits de caractère de ses personnages jusqu’à la limite de la caricature pour nous amuser de leurs incohérences et nous les rendre plus proches. Sur un ton gentiment provocateur mais toujours bienveillant, il aborde bon nombre de sujets brûlants : la religion, le voile, le harcèlement scolaire, la formation des enseignants, le repli sur soi... et réussit même l’exploit de ne jamais se prendre les pieds dans l’écueil de la pesanteur.
 
Entouré d’une flopée de rôles secondaires récréatifs, Edouard Baer (qui a récemment obtenu le prix d’interprétation masculine au Festival 2 Valenciennes) délaisse son habituel registre de séducteur bien sous tous rapports pour se glisser avec un bonheur communicatif dans la peau de ce libertaire propre à susciter à la fois attachement et agacement, tandis que Leïla Bekhti apporte équilibre et conviction à Sofia plutôt tournée vers la défense des minorités et au parcours bien différent de celui de son compagnon. La mixité tant culturelle que politique de leur couple donne naissance à un duo inattendu et touchant. C’est donc sans difficulté que l’on partage le regard plein de tendresse que posent les auteurs du film sur ces êtres si imparfaits qu’ils créent instantanément reconnaissance et empathie.
Si La lutte des classes est avant tout une comédie divertissante, elle nous invite aussi, sans aucune idée moralisatrice, à une réflexion toute de douceur et d’humour sur l’avenir de nos valeurs républicaines.
 
Claudine Levanneur (aVoir-aLire.com)

Cap ciné
vendredi 12 avril 2019 à 15h30

Séance en audiodescription, sous-titrées en français et présentée par Louis Mathieu, président de l'Association Cinéma Parlant.

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant et Premiers Plans.


LA LUTTE DES CLASSES

de Michel Leclerc

avec Leïla Bekhti, Edouard Baer, Ramzy Bedia
FRANCE - 2019 - 1h43

Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d'origine magrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l'âme, cultive un manque d'ambition qui force le respect ! Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l'école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l'école publique pour l'institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l'école républicaine quand votre  enfant ne veut plus y mettre les pieds? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, Sofia et Paul vont voir leur couple mis à rude épreuve par la « lutte des classes ».

A PROPOS

Presque dix ans après Le nom des gens, Michel Leclerc repart au combat avec les mêmes armes : pertinence, humour, tolérance et loufoquerie. A travers ce titre à double lecture, il s’interroge sur l’école qui ne remplit plus son rôle d’ascenseur social et sur les tensions communautaires qui en découlent, mettant à mal les idéaux d’égalité chers aux générations précédentes.
Vêtu de son éternel Perfecto, la démarche chaloupée, Paul (Edouard Baer) cultive son image d’ancien batteur punk, à tendance anar. Indifférent à la réussite sociale et au regard des autres, il s’accroche désespérément à ses idées de gauche, celles d’une gauche révolue et refuse de toute son âme de se conformer aux diktats de cette société à pensée unique obligatoire, quitte à s’embourber dans ses propres contradictions.
 
A son grand dam, Sofia (Leïla Bekhti), jeune femme issue de l’immigration qui a gravi les échelons de la réussite, forme avec lui un couple communément appelé bobo. Elle est avocate et c’est elle qui fait vivre la famille. Elle revient dans la banlieue populaire de son enfance mais elle a changé de classe sociale, ce qui la place entre deux mondes et la met d’autant plus mal à l’aise que son fils Corentin est pris pour le « petit Blanc », plutôt destiné à l’école privée selon les nouveaux codes communautaires en vigueur . Paul découvre alors que le monde, en changeant aussi radicalement, l’a fait changer de case. Il n’est plus le gaucho qui faisait peur aux bourgeois : il est le bourgeois, et ça lui est insupportable. Mais finalement être systématiquement contre tout, est-ce bien la meilleure solution pour sortir de cette situation complexe ?
 
Sans aucun cynisme, Michel Leclerc prend un malin plaisir à grossir les traits de caractère de ses personnages jusqu’à la limite de la caricature pour nous amuser de leurs incohérences et nous les rendre plus proches. Sur un ton gentiment provocateur mais toujours bienveillant, il aborde bon nombre de sujets brûlants : la religion, le voile, le harcèlement scolaire, la formation des enseignants, le repli sur soi... et réussit même l’exploit de ne jamais se prendre les pieds dans l’écueil de la pesanteur.
 
Entouré d’une flopée de rôles secondaires récréatifs, Edouard Baer (qui a récemment obtenu le prix d’interprétation masculine au Festival 2 Valenciennes) délaisse son habituel registre de séducteur bien sous tous rapports pour se glisser avec un bonheur communicatif dans la peau de ce libertaire propre à susciter à la fois attachement et agacement, tandis que Leïla Bekhti apporte équilibre et conviction à Sofia plutôt tournée vers la défense des minorités et au parcours bien différent de celui de son compagnon. La mixité tant culturelle que politique de leur couple donne naissance à un duo inattendu et touchant. C’est donc sans difficulté que l’on partage le regard plein de tendresse que posent les auteurs du film sur ces êtres si imparfaits qu’ils créent instantanément reconnaissance et empathie.
Si La lutte des classes est avant tout une comédie divertissante, elle nous invite aussi, sans aucune idée moralisatrice, à une réflexion toute de douceur et d’humour sur l’avenir de nos valeurs républicaines.
 
Claudine Levanneur (aVoir-aLire.com)