BLACK INDIANS - Jo Béranger, Édith Patrouilleau & Hugues Poulain

A PROPOS

Un documentaire nous invite à découvrir l’histoire et l’esprit des tribus de La Nouvelle-Orléans où Noirs et Indiens font vivre leurs cultures entremêlées.

Un chant grave accompagné de cordes pincées court le bayou. Un crocodile remue la queue. Une tortue observe, perchée sur sa branche. Ce petit voyage d’approche au son de la chanson Angel du révérend Goat Carson amène en douceur à La Nouvelle-Orléans. Entre les maisons aux façades roses et pilastres bariolés, un homme nous invite à la découverte. David Montana est le chef d’une tribu indienne, la Washitaw Nation. Il poursuit la tradition des « Indiens noirs ». Des siècles durant, esclaves et Amérindiens furent frères de misère. Nombre d’esclaves noirs qui fuyaient les plantations ont été recueillis par les tribus indiennes. Liés par l’extermination, le racisme et le mépris, leurs destinées se mêlaient et se sont entremêlées. Une culture profonde et magnifique en émane et en témoigne, chaque année, lors du grand défilé du mardi gras qu’organisent ces quelque quarante tribus de « Black Indians ». Costumes, musique, transe et danse manifestent alors de façon spectaculaire richesses culturelle et spirituelle, résistances en action. La cinéaste Jo Béranger s’était déjà intéressée aux cultures amérindiennes. Son premier long métrage documentaire, Voyage en mémoires indiennes, retraçait l’ethnocide qui a décimé les « premières nations » au Canada. Elle s’est rendue cette fois, à plusieurs reprises, à La Nouvelle-Orléans, à la rencontre de ces Indiens noirs, filmant tout ce qui peut faire sens et nous inciter à voir au-delà du spectacle.

Le grand défilé du mardi gras est restitué au présent de sa munificence. Les costumes sont, tout au long de l’année, cousus de perles, travail minutieux qui réunit autour de longues tables familles et amis. Les générations échangent à l’abri pour les plus jeunes des conditions dangereuses auxquelles les assignent situation sociale et couleur de peau. Le costume donne confiance, rappelle, avec tambours et tambourins, l’esprit de paix, de lutte. Le jour du défilé, des habitants de tous les quartiers viennent admirer. On peut marcher en écartant la police, toujours à l’affût. Membre des Black Panthers, Malik Rahim souligne la place importante des Black Indians dans le mouvement d’émancipation des années 1970. Tous les métissages puisant à l’africanité, alors même que certains en ignorent les sources, se retrouvent à Congo Square. Cette place du centre-ville a longtemps figuré le seul lieu où les Noirs avaient le droit de se rassembler le dimanche. Le Code noir de 1724 leur interdisait les carnavals. Le lieu est un ancien cimetière des Indiens houmas. Une photo de plantation, une autre d’Indiens minés par la maladie délibérément inoculée par les Blancs, le bayou ensoleillé du début, nous remémorent bien des ombres. Les chants en « chant-réponse », musique qui a précédé et inspiré le jazz, les percussions, invoquent les ancêtres et déclarent les Black Indians présents au monde, avec la volonté des survivants et la beauté de leurs savoirs. « Le monde doit nous connaître », explique Big Chief Montana, nous venons de l’humanité. »

Dominique Widemann (L'humanité)

Ciné doc / rencontre
lundi 13 mai 2019 à 20h00

En présence de Hugues Poulain, réalisateur

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant


BLACK INDIANS

de Jo Béranger, Édith Patrouilleau & Hugues Poulain

Documentaire
FRANCE - 2018 - 1h32 - VOST

Les Black Indians… ce sont des habitants des quartiers de la Nouvelle Orléans, noirs américains qui se regroupent en tribus, fabriquent les plus beaux costumes du monde, et défilent dans les rues tels des anges africains déguisés en indiens de rêve en affirmant à la face du monde la fierté, la beauté, et l’humanité de leurs communautés.
Le film rend hommage aux esprits indiens de la terre d’Amérique comme le font les Big Chiefs des tribus que nous suivons tout au long du film. Musical et dansé, joyeux, Black Indians nous fait remonter jusqu’aux racines du call and response, forme musicale qui est la dernière tradition vivante de la culture africaine et l’une des sources du jazz…
https://blackindians.film/

A PROPOS

Un documentaire nous invite à découvrir l’histoire et l’esprit des tribus de La Nouvelle-Orléans où Noirs et Indiens font vivre leurs cultures entremêlées.

Un chant grave accompagné de cordes pincées court le bayou. Un crocodile remue la queue. Une tortue observe, perchée sur sa branche. Ce petit voyage d’approche au son de la chanson Angel du révérend Goat Carson amène en douceur à La Nouvelle-Orléans. Entre les maisons aux façades roses et pilastres bariolés, un homme nous invite à la découverte. David Montana est le chef d’une tribu indienne, la Washitaw Nation. Il poursuit la tradition des « Indiens noirs ». Des siècles durant, esclaves et Amérindiens furent frères de misère. Nombre d’esclaves noirs qui fuyaient les plantations ont été recueillis par les tribus indiennes. Liés par l’extermination, le racisme et le mépris, leurs destinées se mêlaient et se sont entremêlées. Une culture profonde et magnifique en émane et en témoigne, chaque année, lors du grand défilé du mardi gras qu’organisent ces quelque quarante tribus de « Black Indians ». Costumes, musique, transe et danse manifestent alors de façon spectaculaire richesses culturelle et spirituelle, résistances en action. La cinéaste Jo Béranger s’était déjà intéressée aux cultures amérindiennes. Son premier long métrage documentaire, Voyage en mémoires indiennes, retraçait l’ethnocide qui a décimé les « premières nations » au Canada. Elle s’est rendue cette fois, à plusieurs reprises, à La Nouvelle-Orléans, à la rencontre de ces Indiens noirs, filmant tout ce qui peut faire sens et nous inciter à voir au-delà du spectacle.

Le grand défilé du mardi gras est restitué au présent de sa munificence. Les costumes sont, tout au long de l’année, cousus de perles, travail minutieux qui réunit autour de longues tables familles et amis. Les générations échangent à l’abri pour les plus jeunes des conditions dangereuses auxquelles les assignent situation sociale et couleur de peau. Le costume donne confiance, rappelle, avec tambours et tambourins, l’esprit de paix, de lutte. Le jour du défilé, des habitants de tous les quartiers viennent admirer. On peut marcher en écartant la police, toujours à l’affût. Membre des Black Panthers, Malik Rahim souligne la place importante des Black Indians dans le mouvement d’émancipation des années 1970. Tous les métissages puisant à l’africanité, alors même que certains en ignorent les sources, se retrouvent à Congo Square. Cette place du centre-ville a longtemps figuré le seul lieu où les Noirs avaient le droit de se rassembler le dimanche. Le Code noir de 1724 leur interdisait les carnavals. Le lieu est un ancien cimetière des Indiens houmas. Une photo de plantation, une autre d’Indiens minés par la maladie délibérément inoculée par les Blancs, le bayou ensoleillé du début, nous remémorent bien des ombres. Les chants en « chant-réponse », musique qui a précédé et inspiré le jazz, les percussions, invoquent les ancêtres et déclarent les Black Indians présents au monde, avec la volonté des survivants et la beauté de leurs savoirs. « Le monde doit nous connaître », explique Big Chief Montana, nous venons de l’humanité. »

Dominique Widemann (L'humanité)