LE CIRQUE - Charles Chaplin

A PROPOS

Il aura fallu plus de deux ans à Charles Chaplin pour concrétiser son nouveau projet après le succès de son chef-d’œuvre La ruée vers l’or (1925). Tout d’abord, parce que le maître du burlesque est un perfectionniste qui en vient à épuiser ses équipes techniques en refaisant plus de trente fois le même plan afin d’être sûr de son efficacité comique. Ensuite, parce qu’il ne cesse de remanier une histoire en perpétuelle évolution et enfin, à cause d’un incendie qui ruine une partie des lieux du tournage.
Le grand comique finit, après tant d’efforts, par boucler son hommage aux saltimbanques au moment où la menace du parlant se fait de plus en plus précise. Chaplin, contre vents et marées, imposera son personnage muet durant toutes les années 30, conscient que le burlesque et le mime ne peuvent survivre à la révolution sonore. Le cirque (1928) est une magnifique comédie, dont les morceaux de bravoure s’enchaînent à une vitesse incroyable. On n’est pas près d’oublier la séquence où le vagabond se retrouve sur un fil à plusieurs mètres du sol, tandis que des singes facétieux lui font perdre l’équilibre.
Pourtant, ce nouveau métrage apparaît comme un peu plus faible que les autres, en raison d’une histoire moins touchante, essentiellement concentrée sur le comique visuel. On ne retrouve pas ici la touche mélodramatique qui fait la force des chefs-d’œuvre de Chaplin, mais simplement une forme de tendresse entre des personnages marginaux. Son hommage aux gens du spectacle et du voyage est intéressant, mais ne parvient pas à provoquer chez le spectateur une émotion comparable à celle de ses futures grandes œuvres comme Les lumières de la ville (1931) ou encore Les temps modernes (1936). Pour autant, les spectateurs ne doivent pas bouder ce spectacle qui surpasse de beaucoup la moindre comédie actuelle et qui, plus de soixante-dix ans après, reste un monument du burlesque mondial, tout en disant deux ou trois choses importantes sur l’amour, la tolérance et les inégalités sociales. Chaplin est donc toujours d’actualité et mérite que l’on revisite encore et encore son œuvre immense.

Ciné cirque / Ciné Ma différence
dimanche 7 avril 2019 à 11h00

présenté par David Geffard, chargé de médiation et des relations avec le public au Quai

Séance ouverte à tous et adaptée pour enfants et adultes handicapés.

Séance organisée en partenariat avec Le Quai - Centre Dramatique National Angers Pays de la Loire dans le cadre du Temps fort Cirque[s] 2019  en collaboration avec Cinéma Parlant


LE CIRQUE

de Charles Chaplin

avec Charles Chaplin, Allan Garcia, Merna Kennedy
USA - 1928 - 1h10

Charlot, devenu par hasard clown vedette dans un cirque, tombe amoureux de la belle écuyère qui, elle, aime un funambule. Charlot souffre de ne pas être aimé mais décide de contribuer à leur mariage, afin que la jeune femme quitte l'autorité de son père. Au petit matin, il part seul vers un nouveau destin...

A PROPOS

Il aura fallu plus de deux ans à Charles Chaplin pour concrétiser son nouveau projet après le succès de son chef-d’œuvre La ruée vers l’or (1925). Tout d’abord, parce que le maître du burlesque est un perfectionniste qui en vient à épuiser ses équipes techniques en refaisant plus de trente fois le même plan afin d’être sûr de son efficacité comique. Ensuite, parce qu’il ne cesse de remanier une histoire en perpétuelle évolution et enfin, à cause d’un incendie qui ruine une partie des lieux du tournage.
Le grand comique finit, après tant d’efforts, par boucler son hommage aux saltimbanques au moment où la menace du parlant se fait de plus en plus précise. Chaplin, contre vents et marées, imposera son personnage muet durant toutes les années 30, conscient que le burlesque et le mime ne peuvent survivre à la révolution sonore. Le cirque (1928) est une magnifique comédie, dont les morceaux de bravoure s’enchaînent à une vitesse incroyable. On n’est pas près d’oublier la séquence où le vagabond se retrouve sur un fil à plusieurs mètres du sol, tandis que des singes facétieux lui font perdre l’équilibre.
Pourtant, ce nouveau métrage apparaît comme un peu plus faible que les autres, en raison d’une histoire moins touchante, essentiellement concentrée sur le comique visuel. On ne retrouve pas ici la touche mélodramatique qui fait la force des chefs-d’œuvre de Chaplin, mais simplement une forme de tendresse entre des personnages marginaux. Son hommage aux gens du spectacle et du voyage est intéressant, mais ne parvient pas à provoquer chez le spectateur une émotion comparable à celle de ses futures grandes œuvres comme Les lumières de la ville (1931) ou encore Les temps modernes (1936). Pour autant, les spectateurs ne doivent pas bouder ce spectacle qui surpasse de beaucoup la moindre comédie actuelle et qui, plus de soixante-dix ans après, reste un monument du burlesque mondial, tout en disant deux ou trois choses importantes sur l’amour, la tolérance et les inégalités sociales. Chaplin est donc toujours d’actualité et mérite que l’on revisite encore et encore son œuvre immense.