ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LA COUR DE BABEL - Julie Bertuccelli

A PROPOS

Une année scolaire au rythme d’une classe de collège accueillant des élèves étrangers qui viennent d’arriver en France. Infiniment émouvant.

En une heure et demie, une année scolaire au sein de la classe d’accueil dont Brigitte Cervoni est le professeur de français, au collège de la Grange-aux-Belles, dans le Xe arrondissement de Paris. Les classes d’accueil, dans les écoles et collèges, sont des classes où l’on rassemble des élèves étrangers fraîchement arrivés en France, d’âge plus ou moins équivalent (ici de 11 à 15 ans), afin qu’ils puissent se mettre à niveau (surtout en français, puisque certains d’entre eux ne le parlent quasiment pas) et rejoindre les classes dites “normales” les années suivantes.

Au collège, le but est évidemment de les insérer le plus rapidement possible dans le circuit scolaire général, afin qu’ils puissent mener leurs études le plus loin possible… La classe de français de Mme Cervoni réunit des ados venus de toute la planète : Tunisie, Pologne, Mali, Brésil, Angleterre, Libye, Sri Lanka, Mauritanie, Chine, etc. Et ce film est de part en part un choc émotionnel.

D’abord parce que la plupart de ces enfants, en début d’année, débarquent dans un pays qui leur est totalement étranger, et pas forcément accueillant ni aussi beau et gentil que décrit dans les guides touristiques. Certains, trimballés de pays en pays, n’ont pas vu leurs parents depuis des années, sinon jamais, et vivent avec des parents collatéraux. Certains ont fui la misère, une dictature, des massacres, des traditions (le mariage forcé et l’excision pour les filles). Un jeune Ukrainien explique qu’il a fui son pays parce qu’il est juif et qu’on tue parfois les Juifs en Ukraine… Tous, parce qu’ils sont jeunes, espèrent un avenir meilleur, même si le souvenir de leur pays d’origine ne les quittera jamais.

Nous sommes plongés dans un bain d’émotions humaines plus intenses les unes que les autres. Alors on pleure et on rit beaucoup, ou on retient ses larmes, parce que ces émotions sont universelles : la fierté d’un père ouvrier quand on lui dit que sa fille est brillante, la colère d’une mère contre sa fille qui ne fiche rien et perturbe la classe – rien d’angélique dans ce film, on y assiste à des heurts et des chagrins redoutables. On tremble quand une jeune fille africaine dit avec simplicité : “Je veux vivre en France parce que je veux être une femme libre.”

Et si on tremble, c’est aussi parce qu’on sait que ce ne sera sans doute pas aussi simple. Que tous ces jeunes étrangers ne sont pas au bout du chemin, qu’il sera souvent long, pénible, parsemé d’échecs amers, qu’ils n’auront pas tous le même destin, les mêmes chances, mais qu’ils y parviendront peut-être aussi. Filmé sobrement, sans effets, mais avec rigueur, La Cour de Babel est un film qui console et revigore. Tout n’est pas perdu, dans ce pays qui paraît tellement se déliter.
Les Inrocks

Passeurs d'images
lundi 17 novembre 2014 à 18h15

en présence de Julie Bertuccelli, réalisatrice, précédé de la diffusion du court-métrage documentaire réalisé par les participants à l'atelier Passeurs d’images en leur présence

Soirée organisée dans le cadre de Passeurs d'images et du Mois du film documentaire en collaboration avec Cinéma Parlant et l’Association des Habitants du quartier du Haut des Banchais 


LA COUR DE BABEL

de Julie Bertuccelli

Documentaire
France - 2013 - 1h29

Ils viennent d'arriver en France. Ils sont Irlandais, Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois ou Sénégalais... Pendant un an, Julie Bertuccelli a filmé les échanges, les conflits et les joies de ce groupe de collégiens âgés de 11 à 15 ans, réunis dans une même classe d'accueil pour apprendre le français. Dans ce petit théâtre du monde s'expriment l'innocence, l'énergie et les contradictions de ces adolescents qui, animés par le même désir de changer de vie, remettent en cause beaucoup d'idées reçues sur la jeunesse et l'intégration et nous font espérer en l'avenir... 
https://www.facebook.com/lacourdebabel

A PROPOS

Une année scolaire au rythme d’une classe de collège accueillant des élèves étrangers qui viennent d’arriver en France. Infiniment émouvant.

En une heure et demie, une année scolaire au sein de la classe d’accueil dont Brigitte Cervoni est le professeur de français, au collège de la Grange-aux-Belles, dans le Xe arrondissement de Paris. Les classes d’accueil, dans les écoles et collèges, sont des classes où l’on rassemble des élèves étrangers fraîchement arrivés en France, d’âge plus ou moins équivalent (ici de 11 à 15 ans), afin qu’ils puissent se mettre à niveau (surtout en français, puisque certains d’entre eux ne le parlent quasiment pas) et rejoindre les classes dites “normales” les années suivantes.

Au collège, le but est évidemment de les insérer le plus rapidement possible dans le circuit scolaire général, afin qu’ils puissent mener leurs études le plus loin possible… La classe de français de Mme Cervoni réunit des ados venus de toute la planète : Tunisie, Pologne, Mali, Brésil, Angleterre, Libye, Sri Lanka, Mauritanie, Chine, etc. Et ce film est de part en part un choc émotionnel.

D’abord parce que la plupart de ces enfants, en début d’année, débarquent dans un pays qui leur est totalement étranger, et pas forcément accueillant ni aussi beau et gentil que décrit dans les guides touristiques. Certains, trimballés de pays en pays, n’ont pas vu leurs parents depuis des années, sinon jamais, et vivent avec des parents collatéraux. Certains ont fui la misère, une dictature, des massacres, des traditions (le mariage forcé et l’excision pour les filles). Un jeune Ukrainien explique qu’il a fui son pays parce qu’il est juif et qu’on tue parfois les Juifs en Ukraine… Tous, parce qu’ils sont jeunes, espèrent un avenir meilleur, même si le souvenir de leur pays d’origine ne les quittera jamais.

Nous sommes plongés dans un bain d’émotions humaines plus intenses les unes que les autres. Alors on pleure et on rit beaucoup, ou on retient ses larmes, parce que ces émotions sont universelles : la fierté d’un père ouvrier quand on lui dit que sa fille est brillante, la colère d’une mère contre sa fille qui ne fiche rien et perturbe la classe – rien d’angélique dans ce film, on y assiste à des heurts et des chagrins redoutables. On tremble quand une jeune fille africaine dit avec simplicité : “Je veux vivre en France parce que je veux être une femme libre.”

Et si on tremble, c’est aussi parce qu’on sait que ce ne sera sans doute pas aussi simple. Que tous ces jeunes étrangers ne sont pas au bout du chemin, qu’il sera souvent long, pénible, parsemé d’échecs amers, qu’ils n’auront pas tous le même destin, les mêmes chances, mais qu’ils y parviendront peut-être aussi. Filmé sobrement, sans effets, mais avec rigueur, La Cour de Babel est un film qui console et revigore. Tout n’est pas perdu, dans ce pays qui paraît tellement se déliter.
Les Inrocks