METROPOLIS - Fritz Lang

A PROPOS

Peu de films ont été aussi défigurés que Metropolis ! Dès sa sortie, en novembre 1926, on charcute le négatif. Les intertitres « à tendance communiste » sont supprimés. Mais ça ne suffit pas. Les coupes se multiplient. Ce sont ces versions écourtées d'une bonne moitié qui circulent dans l'Allemagne pré-nazie. Quand il ressort, en 1984, coloré avec des filtres, accompagné d'une musique au synthétiseur signée Giorgio Moroder, le film ne fait plus qu'une heure vingt ! C'est dire que la version de deux heures, qui sort aujourd'hui, fera date. Pieusement, la Cinémathèque de Munich s'est plongée dans les milliers de notes prises par Fritz Lang et ses collaborateurs : sa femme et scénariste, Thea von Harbou ; son musicien, Gottfried Huppertz, qui venait régulièrement sur le plateau et jouait du piano pendant le tournage. Même si un bon tiers du film a disparu à jamais, cette version est la plus proche de celle voulue par Lang. Et c'est un émerveillement. On a tout dit ­ et Lang le premier ­ sur certaines naïvetés du scénario. Voire quelques ambiguïtés : la réconciliation finale des damnés de la Terre avec le tyran de la mégapole, au pied d'une cathédrale, fait sombrer le film dans l'évangélisme candide et paternaliste. Mais quelle mise en scène ! Metropolis est une succession de visions hallucinées, qui sont des morceaux d'anthologie. Fritz Lang règle quelques-uns des plus beaux mouvements de foule de l'histoire du cinéma : ondulant comme les tentacules d'une pieuvre, les colonnes de milliers d'esclaves au crâne rasé s'affairent à la construction d'une tour de Babel. Une population déchaînée saccage les machines infernales de la mégapole. Des grappes humaines, bras tendus vers le ciel, fuient les inondations... Vision anticipée du nazisme et du stalinisme, Metropolis est un signal d'alarme et, comme tous les films de Lang, une réflexion sur la place de l'homme dans la société. Réflexion que reprendra Godard, quarante ans plus tard, avec Alphaville, avant de montrer, dans Le Mépris, un Fritz Lang égaré chez les humains, filmant les dieux de l'Olympe... - Bernard Génin  (Télérama)

Cinélégende
mardi 31 mars 2015 à 20h00

Suivie d'une rencontre avec Didier Testu, militant syndical, Union Locale CGT Angers et Louis Mathieu, président de Cinéma Parlant



Soirée organisée en collaboration avec l'association Cinélégende


METROPOLIS

de Fritz Lang

Avec Brigitte Helm, Alfred Abel, Rudolf Klein-Rogge
ALLEMAGNE - 2H05 - 1926 - muet, noir et blanc, avec accompagnement musical

Metropolis, en 2026, est une fabuleuse mégapole futuriste organisée selon un système de castes. Des ouvriers travaillent dans la ville souterraine pour assurer le bonheur de ceux qui vivent à l'étage des hommes libres, dans les jardins suspendus de la ville. Entre les deux niveaux, des technocrates s'assurent du bon fonctionnement des machines. Mais un androïde mènera les ouvriers à la révolte…

A PROPOS

Peu de films ont été aussi défigurés que Metropolis ! Dès sa sortie, en novembre 1926, on charcute le négatif. Les intertitres « à tendance communiste » sont supprimés. Mais ça ne suffit pas. Les coupes se multiplient. Ce sont ces versions écourtées d'une bonne moitié qui circulent dans l'Allemagne pré-nazie. Quand il ressort, en 1984, coloré avec des filtres, accompagné d'une musique au synthétiseur signée Giorgio Moroder, le film ne fait plus qu'une heure vingt ! C'est dire que la version de deux heures, qui sort aujourd'hui, fera date. Pieusement, la Cinémathèque de Munich s'est plongée dans les milliers de notes prises par Fritz Lang et ses collaborateurs : sa femme et scénariste, Thea von Harbou ; son musicien, Gottfried Huppertz, qui venait régulièrement sur le plateau et jouait du piano pendant le tournage. Même si un bon tiers du film a disparu à jamais, cette version est la plus proche de celle voulue par Lang. Et c'est un émerveillement. On a tout dit ­ et Lang le premier ­ sur certaines naïvetés du scénario. Voire quelques ambiguïtés : la réconciliation finale des damnés de la Terre avec le tyran de la mégapole, au pied d'une cathédrale, fait sombrer le film dans l'évangélisme candide et paternaliste. Mais quelle mise en scène ! Metropolis est une succession de visions hallucinées, qui sont des morceaux d'anthologie. Fritz Lang règle quelques-uns des plus beaux mouvements de foule de l'histoire du cinéma : ondulant comme les tentacules d'une pieuvre, les colonnes de milliers d'esclaves au crâne rasé s'affairent à la construction d'une tour de Babel. Une population déchaînée saccage les machines infernales de la mégapole. Des grappes humaines, bras tendus vers le ciel, fuient les inondations... Vision anticipée du nazisme et du stalinisme, Metropolis est un signal d'alarme et, comme tous les films de Lang, une réflexion sur la place de l'homme dans la société. Réflexion que reprendra Godard, quarante ans plus tard, avec Alphaville, avant de montrer, dans Le Mépris, un Fritz Lang égaré chez les humains, filmant les dieux de l'Olympe... - Bernard Génin  (Télérama)



Cinélégende - SAISON 2023-2024
lundi 2 octobre à 20h00
THE PROGRAM de Stephen Frears
lundi 4 décembre à 20h00
BIG EYES de Tim Burton
lundi 1 janvier à 20h00
GILDA de Charles Vidor
lundi 19 février à 20h00
SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese