ÊTRE VIVANT ET LE SAVOIR - Alain Cavalier

A PROPOS

« La mort n’est rien » affirme le chanoine Henri Scott Holland. Pourtant, comment concevoir en toute sérénité un événement aussi incroyable que la disparition de notre être ? Le deuil et la disparition ont largement nourri la filmographie de ce cinéaste atypique qu’est Alain Cavalier. Désormais âgé, il voit la mort rôder autour de lui. Avec une infinie délicatesse, il témoigne en premier lieu de ses adieux à une amie de longue date en route vers la Suisse, pour programmer son départ vers l’au-delà. S’il affirme ne pas craindre la mort, il avoue qu’une petite répétition avant le grand saut le rassurerait. Quoi de mieux alors que de s’octroyer le rôle du mourant dans l’adaptation au cinéma du roman de son amie Emmanuèle Berhnheim ?
 
Mais le destin en décidera autrement. De sa voix posée et rassurante, le réalisateur explique avec sagesse et légereté que d’autres circonstances permettront de donner naissance à un autre film, celui-là même dont il déroule pour nous les moindres instants. Reprenant un procédé qui lui est cher et qui fit d’Irène l’un de ses films les plus emblématiques, il commente minutieusement ce qu’il filme. Avec ce style épuré qui n’appartient qu’à lui, loin des artifices cinématographiques, simplement muni d’une petite caméra, il rend compte, entre humour et poésie, de la précieuse banalité de la vie, en s’arrêtant sur les multiples détails qui la composent (des soldats en faction, les ébats d’un couple de pigeons parisiens, quelques moineaux picorant sur un rebord de fenêtre, mais aussi des natures mortes de toute beauté sur lesquelles il s’attarde avec un plaisir évident), pour mieux décortiquer le bonheur d’être vivant.
 
Juste quelques gros plans sur son amie déjà malade, mais toujours souriante auquel s’ajoutera un portrait en pied qui l’autorise, sur le ton de la plaisanterie, à faire admirer la qualité de ses chaussures. Ensuite, il rompt le tête-à-tête entre Emmanuèle et lui, pour ne laisser la place qu’à l’évocation et inviter ainsi le spectateur à s’installer au cœur de cette histoire universelle. Sans aucun voyeurisme, à travers un échange de lettres à l’écriture élégante, on suit sans drame le combat de cette femme, ses espoirs, sa pugnacité et son sens de la dérision inaltérable et quand la dernière image apparaît, on reste submergé d’émotion face à tant de pudeur et de finesse. Un moment rare de cinéma !
 
Claudine Levanneur (Avoiralire.com)

Soirée rencontre
vendredi 14 juin 2019 à 20h00

en présence d' Alain Cavalier, réalisateur


ÊTRE VIVANT ET LE SAVOIR

de Alain Cavalier

avec Emmanuèle Bernheim, Alain Cavalier
FRANCE - 2019 - 1h20 - Cannes 2019

Emmanuèle Bernheim et Alain Cavalier sont liés par trente ans d'amitié. Ils préparent un film d'après le livre autobiographique de la romancière : Tout s'est bien passé. Elle y raconte comment son père lui a demandé « d'en finir » à la suite d'un accident cardio-vasculaire. Cavalier lui propose de tenir son propre rôle et que lui, soit son père. Un matin d'hiver, Emmanuèle téléphone à Alain ; il faudra retarder le tournage jusqu'au printemps, elle est opérée d'urgence.
https://www.pathefilms.com/film/etrevivantetlesavoir

A PROPOS

« La mort n’est rien » affirme le chanoine Henri Scott Holland. Pourtant, comment concevoir en toute sérénité un événement aussi incroyable que la disparition de notre être ? Le deuil et la disparition ont largement nourri la filmographie de ce cinéaste atypique qu’est Alain Cavalier. Désormais âgé, il voit la mort rôder autour de lui. Avec une infinie délicatesse, il témoigne en premier lieu de ses adieux à une amie de longue date en route vers la Suisse, pour programmer son départ vers l’au-delà. S’il affirme ne pas craindre la mort, il avoue qu’une petite répétition avant le grand saut le rassurerait. Quoi de mieux alors que de s’octroyer le rôle du mourant dans l’adaptation au cinéma du roman de son amie Emmanuèle Berhnheim ?
 
Mais le destin en décidera autrement. De sa voix posée et rassurante, le réalisateur explique avec sagesse et légereté que d’autres circonstances permettront de donner naissance à un autre film, celui-là même dont il déroule pour nous les moindres instants. Reprenant un procédé qui lui est cher et qui fit d’Irène l’un de ses films les plus emblématiques, il commente minutieusement ce qu’il filme. Avec ce style épuré qui n’appartient qu’à lui, loin des artifices cinématographiques, simplement muni d’une petite caméra, il rend compte, entre humour et poésie, de la précieuse banalité de la vie, en s’arrêtant sur les multiples détails qui la composent (des soldats en faction, les ébats d’un couple de pigeons parisiens, quelques moineaux picorant sur un rebord de fenêtre, mais aussi des natures mortes de toute beauté sur lesquelles il s’attarde avec un plaisir évident), pour mieux décortiquer le bonheur d’être vivant.
 
Juste quelques gros plans sur son amie déjà malade, mais toujours souriante auquel s’ajoutera un portrait en pied qui l’autorise, sur le ton de la plaisanterie, à faire admirer la qualité de ses chaussures. Ensuite, il rompt le tête-à-tête entre Emmanuèle et lui, pour ne laisser la place qu’à l’évocation et inviter ainsi le spectateur à s’installer au cœur de cette histoire universelle. Sans aucun voyeurisme, à travers un échange de lettres à l’écriture élégante, on suit sans drame le combat de cette femme, ses espoirs, sa pugnacité et son sens de la dérision inaltérable et quand la dernière image apparaît, on reste submergé d’émotion face à tant de pudeur et de finesse. Un moment rare de cinéma !
 
Claudine Levanneur (Avoiralire.com)