HOUSE BY THE RIVER - Fritz Lang

A PROPOS

Réalisé en 1950, House by the River n’avait jamais fait l’objet d’une distribution en France. Ainsi le film, trop méconnu et longtemps mis de côté parce que synonyme d’échec commercial, est-il considéré à tort comme un film mineur de Fritz Lang. Pourtant, au-delà d’une mise en scène où l’on peut admirer tout le brio du réalisateur allemand exilé, House by the River rassemble des thèmes que l’on retrouve dans ses plus grands chefs d’œuvre.
 
Un écrivain, Stephen Byrne, vit avec sa femme Marjorie dans une belle demeure au bord d’une rivière. Dès la première scène, le cadre idyllique est pourtant entaché par la présence d’un cadavre d’animal dérivant à la surface de l’eau. Au dégoût de la vieille gouvernante, l’écrivain répond que la rivière n’y est pour rien, seul l’homme est responsable de ces immondices. Fritz Lang donne la couleur : en grattant le vernis, la véritable nature de l’homme saute aux yeux et l’auteur de ces paroles, Stephen Byrne, en fera rapidement les frais. Lassé par l’écriture d’un livre qu’il ne parvient pas à terminer, enivré par l’alcool et la chaleur, il perd pied et commet l’irréparable : tentant de séduire puis d’embrasser la jeune et séduisante servante, il l’étrangle accidentellement. Son frère, arrivé sur les lieux quelques minutes plus tard, envisage d’abord de le dénoncer avant de se raviser devant le chantage que lui fait le meurtrier. Ensemble, ils décident de se débarrasser du corps et de dissimuler toutes les preuves afin de préserver la jeune épouse de l’écrivain, qui ne supporterait pas un tel scandale.
 
Ces premières scènes sont l’occasion pour Fritz Lang de prouver, si besoin était, qu’il reste l’un des maîtres du film noir. Privilégiant les jeux d’ombre et de lumière, jouant sur la moiteur trop sensuelle des lieux, il donne à ce meurtre une résonance sexuelle surprenante, jouant, comme il le fera dans d’autres films tels que Le Secret derrière la porte ou Le démon s’éveille la nuit, sur la question de la pulsion et du refoulé. Si l’inconscient tient une place prédominante dans la thématique du maître, la question de la culpabilité n’en est pas moins prégnante. Ainsi, tout le reste du film sera consacré au jeu entre les deux frères, entre l’un, meurtrier, qui ne semble en aucun cas se culpabiliser de son acte, et l’autre, simple complice, ruminant sans cesse l’horreur de certaines scènes et comprenant progressivement la voie sans issue dans laquelle il s’est engouffré.
 
Clément Graminiès (Critikat)

Ciné classique
dimanche 26 mai 2019 à 17h45

présenté par Jean Pierre Bleys, spécialiste en histoire du cinéma


HOUSE BY THE RIVER

de Fritz Lang

avec Louis Hayward, Jane Wyatt, Lee Bowman
USA - 1950 - 1h24 - VOST

Stephen Byrne, un jeune écrivain raté, vit avec sa femme, Marjorie, dans une maison au bord d'une rivière. Un soir, en l'absence de Marjorie, il tente d'abuser d'Emily, leur domestique. Dans la lutte qui s'ensuit, il étrangle la jeune femme. De peur d'être démasqué, il maquille le crime en fugue et demande à son frère, John, de l'aider à jeter le corps dans la rivière...
https://theatredutemple.com/2019/01/07/house-by-the-river-de-fritz-lang/

A PROPOS

Réalisé en 1950, House by the River n’avait jamais fait l’objet d’une distribution en France. Ainsi le film, trop méconnu et longtemps mis de côté parce que synonyme d’échec commercial, est-il considéré à tort comme un film mineur de Fritz Lang. Pourtant, au-delà d’une mise en scène où l’on peut admirer tout le brio du réalisateur allemand exilé, House by the River rassemble des thèmes que l’on retrouve dans ses plus grands chefs d’œuvre.
 
Un écrivain, Stephen Byrne, vit avec sa femme Marjorie dans une belle demeure au bord d’une rivière. Dès la première scène, le cadre idyllique est pourtant entaché par la présence d’un cadavre d’animal dérivant à la surface de l’eau. Au dégoût de la vieille gouvernante, l’écrivain répond que la rivière n’y est pour rien, seul l’homme est responsable de ces immondices. Fritz Lang donne la couleur : en grattant le vernis, la véritable nature de l’homme saute aux yeux et l’auteur de ces paroles, Stephen Byrne, en fera rapidement les frais. Lassé par l’écriture d’un livre qu’il ne parvient pas à terminer, enivré par l’alcool et la chaleur, il perd pied et commet l’irréparable : tentant de séduire puis d’embrasser la jeune et séduisante servante, il l’étrangle accidentellement. Son frère, arrivé sur les lieux quelques minutes plus tard, envisage d’abord de le dénoncer avant de se raviser devant le chantage que lui fait le meurtrier. Ensemble, ils décident de se débarrasser du corps et de dissimuler toutes les preuves afin de préserver la jeune épouse de l’écrivain, qui ne supporterait pas un tel scandale.
 
Ces premières scènes sont l’occasion pour Fritz Lang de prouver, si besoin était, qu’il reste l’un des maîtres du film noir. Privilégiant les jeux d’ombre et de lumière, jouant sur la moiteur trop sensuelle des lieux, il donne à ce meurtre une résonance sexuelle surprenante, jouant, comme il le fera dans d’autres films tels que Le Secret derrière la porte ou Le démon s’éveille la nuit, sur la question de la pulsion et du refoulé. Si l’inconscient tient une place prédominante dans la thématique du maître, la question de la culpabilité n’en est pas moins prégnante. Ainsi, tout le reste du film sera consacré au jeu entre les deux frères, entre l’un, meurtrier, qui ne semble en aucun cas se culpabiliser de son acte, et l’autre, simple complice, ruminant sans cesse l’horreur de certaines scènes et comprenant progressivement la voie sans issue dans laquelle il s’est engouffré.
 
Clément Graminiès (Critikat)