LE GRAND BAIN - Gilles Lellouche

A PROPOS

Avec Le Grand Bain, le comédien Gilles Lellouche, ici auteur et réalisateur, mouille son maillot et raconte des bras cassés qui retrouvent le sourire dans l'eau. Très emballant.

L'eau frémissait, elle bouillonne. Il y a eu d'abord l'annonce du sujet (singulier) : une équipe de natation synchronisée masculine s'attaque au championnat du monde de la discipline. Ensuite, la révélation du casting (olympique) : Poelvoorde, Bekhti, Canet, Efira, Amalric, Foïs, Anglade, Katerine... Puis la présentation de la bande-annonce (excitante). Seuls quelques esprits mal lunés s'étonnaient alors de la présence de Gilles Lellouche au scénario et à la mise en scène, acteur de talent mais ayant une propension certaine aux roulements de tambours et de mécaniques. Mais le milieu du cinéma s'est remis d'équerre après la projection (applaudie) de ce Grand Bain au Festival de Cannes, section hors compétition. Les clignotants sont au vert et les paris ouverts : le film sera un succès. Ça tombe bien : il est très réussi.

Donc une équipe de bras cassés et de jambes tordues, dépressifs et à côté de leur slip, parfois proches du plongeon fatal, se retrouve à barboter dans la piscine sous la houlette d'une entraîneuse grande gueule qui leur fait claquer l'élastique sur le cul ; en ligne de mire, pour les gars, un moyen de retrouver un sens à leur vie et un peu de bonheur dans les yeux de leurs proches. Ça sent le happy end, la déconnade de vestiaire, le tapis rouge pour acteurs en nage libre, ploum ploum et tralala. Eh bien, non. Et tant mieux.

Gilles Lellouche, dont certains pointèrent de la plume le corps de beauf et le verbe franchouillard (le comédien s'est parfois donné des claques pour se faire battre), dessine une comédie humaine qui fouille les ombres de ses personnages sans délaisser les sourires. Une vie et rien d'autre. Il assume son casting cinq étoiles, joliment hétéroclite, avec numéros d'acteurs maîtrisés, il aligne les stéréotypes romanesques (les conflits, la reconnaissance, les enjeux programmatiques, les individus et le collectif...) et sait les tordre à juste pression pour flirter avec la comédie à l'italienne (humour grinçant) ou anglaise (dimension sociale). 

Le Grand Bain est un film d'une ambition assez rare dans le 7e art français, qui se rangerait facilement dans ce corpus parfois un peu flou qu'est le cinéma d'"auteur populaire" et qui aurait plus simplement sa place au rayon "film emballant qui fait du bien à tous ceux qui traversent la rue ou qui restent sur le trottoir".

Eric Libiot(L'express)

Cap Ciné
vendredi 16 novembre 2018 à 19h30

Séance en audiodescription et sous-titrées en français

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant et Premiers Plans.


LE GRAND BAIN

de Gilles Lellouche

Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde
FRANCE - 2018 - 2h02

C'est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s'entraînent sous l'autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c'est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie...

A PROPOS

Avec Le Grand Bain, le comédien Gilles Lellouche, ici auteur et réalisateur, mouille son maillot et raconte des bras cassés qui retrouvent le sourire dans l'eau. Très emballant.

L'eau frémissait, elle bouillonne. Il y a eu d'abord l'annonce du sujet (singulier) : une équipe de natation synchronisée masculine s'attaque au championnat du monde de la discipline. Ensuite, la révélation du casting (olympique) : Poelvoorde, Bekhti, Canet, Efira, Amalric, Foïs, Anglade, Katerine... Puis la présentation de la bande-annonce (excitante). Seuls quelques esprits mal lunés s'étonnaient alors de la présence de Gilles Lellouche au scénario et à la mise en scène, acteur de talent mais ayant une propension certaine aux roulements de tambours et de mécaniques. Mais le milieu du cinéma s'est remis d'équerre après la projection (applaudie) de ce Grand Bain au Festival de Cannes, section hors compétition. Les clignotants sont au vert et les paris ouverts : le film sera un succès. Ça tombe bien : il est très réussi.

Donc une équipe de bras cassés et de jambes tordues, dépressifs et à côté de leur slip, parfois proches du plongeon fatal, se retrouve à barboter dans la piscine sous la houlette d'une entraîneuse grande gueule qui leur fait claquer l'élastique sur le cul ; en ligne de mire, pour les gars, un moyen de retrouver un sens à leur vie et un peu de bonheur dans les yeux de leurs proches. Ça sent le happy end, la déconnade de vestiaire, le tapis rouge pour acteurs en nage libre, ploum ploum et tralala. Eh bien, non. Et tant mieux.

Gilles Lellouche, dont certains pointèrent de la plume le corps de beauf et le verbe franchouillard (le comédien s'est parfois donné des claques pour se faire battre), dessine une comédie humaine qui fouille les ombres de ses personnages sans délaisser les sourires. Une vie et rien d'autre. Il assume son casting cinq étoiles, joliment hétéroclite, avec numéros d'acteurs maîtrisés, il aligne les stéréotypes romanesques (les conflits, la reconnaissance, les enjeux programmatiques, les individus et le collectif...) et sait les tordre à juste pression pour flirter avec la comédie à l'italienne (humour grinçant) ou anglaise (dimension sociale). 

Le Grand Bain est un film d'une ambition assez rare dans le 7e art français, qui se rangerait facilement dans ce corpus parfois un peu flou qu'est le cinéma d'"auteur populaire" et qui aurait plus simplement sa place au rayon "film emballant qui fait du bien à tous ceux qui traversent la rue ou qui restent sur le trottoir".

Eric Libiot(L'express)