LE GÉANT DE FER - Brad Bird

A PROPOS

Cinq longs métrages, et au moins quatre approches différentes d’un médium passionnant, terrain d’expression aux multiples facettes accueillant créateurs de tous bords depuis la grande époque des frères Lumière. Ayant expérimenté l’animation à la Chuck Jones avant d’intégrer les écuries des magiciens de chez Pixar, Brad Bird en est finalement arrivé aux tournages "live" en 35 mm, puis numériques, depuis le grisant Mission : Impossible - Protocole Fantôme. Tous ceux qui se sont plongés dans les fascinantes Conversations avec Martin Scorsese de Richard Schickel, savent que l’immense cinéaste composait déjà des histoires, tout enfant qu’il était, avec des dessins minutieusement assemblés en carnets. C’est un peu cet lignée que représente Brad Bird, celle d’auteurs travaillant leur patte tout en explorant les nombreuses et diverses formes d’un septième art en perpétuelle évolution. Les spectateurs découvrant ce Géant de fer à posteriori se réjouiront de cet adage : tout ce qui fait le sel du langage de Bird, du gag "jonesien" en passant par une science savante du découpage, est déjà à l’œuvre dans ce film d’animation "à l’ancienne" exaltant !

Mais si la forme est importante chez Bird, il n’en néglige pas pour autant le fond de ses créations. Des créations regorgeant de cœur et d’esprit, sans jamais pour autant tutoyer la mièvrerie (la confrontation à la mort dans The Iron Giant est étonnement frontale pour un dessin animé). Les thèmes abordés en filigrane sont lourds de sens, chargés de non-dit. La peinture dressée par le réalisateur de cette Amérique populaire, qui doit louer des chambres pour arrondir ses fins de mois, est tour à tour touchante et authentique. Mieux, le papa des excellents Indestructibles se paye même le luxe d’une incartade "dantienne" lorsqu’il dépeint une armée grotesque ("envoyez moi une photo, je vous enverrai des troupes"), dont les généraux se font l’écho de la pensée capitaliste déterminant le libéralisme et la communication américaine durant la guerre froide. Cette description des forces armées, on la retrouve finalement peu ou prou de nos jours, quelques exceptions telles que Super 8 venant infirmer cette règle. Cet aspect très adulte du film le porte vers des cimes qu’on ne côtoie (quasiment) actuellement que dans le cinéma d’animation de Pixar.

Mais Le Géant de fer, c’est aussi et surtout une générosité de tous les instants. La somme du plaisir d’un assembleur espiègle (à la J.J. Abrams, d’ailleurs producteur du Protocole Fantôme) se jouant même de sa propre création. Les scènes où les protagonistes se questionnent sur les formes d’art en métal sont à ce titre un régal. Et un long métrage dont le protagoniste se nomme Hogarth Hughes, ne peut que conforter les cinéphiles dans la célébration de ces petits clins d’œil, véritables déclarations d’amour à leur champ d’expression de prédilection. Un champ d’expression salutaire lorsqu’il s’agit d’évoquer la bêtise humaine pensant qu’on survit à une attaque nucléaire en se mettant à genoux sous une table ! The Iron Giant, ou la description d’une époque grotesque restituée par les rêves d’un enfant à la conscience bien supérieure à celle d’une armée entière !

Nicolas Lochon (avoiralire.com)

Plans Kids
jeudi 27 décembre 2018 à 13h15


LE GÉANT DE FER

de Brad Bird

Film d'animation
USA - 1999 - 1h25 - en français

Quelque chose de gigantesque se profile à l’horizon. Hogarth Hugues vient tout juste de sauver un énorme robot tombé du ciel. Le jeune Hogarth a désormais un très grand ami et un problème encore plus grand : Comment garder secrète l’existence d’un géant de 15m, mangeur d’acier (avec un penchant pour les voitures de la décharge qui sont délicieuses) ? Cette mission se complique encore plus lorsqu’un agent du gouvernement un peu trop curieux arrive en ville pour chasser « l’envahisseur alien » et que les forces terrestres, maritimes et aériennes des militaires américains sont envoyées pour démolir le géant. Résultat : une incroyable aventure faite de métal, de magie, mais surtout pleine de cœur.

A PROPOS

Cinq longs métrages, et au moins quatre approches différentes d’un médium passionnant, terrain d’expression aux multiples facettes accueillant créateurs de tous bords depuis la grande époque des frères Lumière. Ayant expérimenté l’animation à la Chuck Jones avant d’intégrer les écuries des magiciens de chez Pixar, Brad Bird en est finalement arrivé aux tournages "live" en 35 mm, puis numériques, depuis le grisant Mission : Impossible - Protocole Fantôme. Tous ceux qui se sont plongés dans les fascinantes Conversations avec Martin Scorsese de Richard Schickel, savent que l’immense cinéaste composait déjà des histoires, tout enfant qu’il était, avec des dessins minutieusement assemblés en carnets. C’est un peu cet lignée que représente Brad Bird, celle d’auteurs travaillant leur patte tout en explorant les nombreuses et diverses formes d’un septième art en perpétuelle évolution. Les spectateurs découvrant ce Géant de fer à posteriori se réjouiront de cet adage : tout ce qui fait le sel du langage de Bird, du gag "jonesien" en passant par une science savante du découpage, est déjà à l’œuvre dans ce film d’animation "à l’ancienne" exaltant !

Mais si la forme est importante chez Bird, il n’en néglige pas pour autant le fond de ses créations. Des créations regorgeant de cœur et d’esprit, sans jamais pour autant tutoyer la mièvrerie (la confrontation à la mort dans The Iron Giant est étonnement frontale pour un dessin animé). Les thèmes abordés en filigrane sont lourds de sens, chargés de non-dit. La peinture dressée par le réalisateur de cette Amérique populaire, qui doit louer des chambres pour arrondir ses fins de mois, est tour à tour touchante et authentique. Mieux, le papa des excellents Indestructibles se paye même le luxe d’une incartade "dantienne" lorsqu’il dépeint une armée grotesque ("envoyez moi une photo, je vous enverrai des troupes"), dont les généraux se font l’écho de la pensée capitaliste déterminant le libéralisme et la communication américaine durant la guerre froide. Cette description des forces armées, on la retrouve finalement peu ou prou de nos jours, quelques exceptions telles que Super 8 venant infirmer cette règle. Cet aspect très adulte du film le porte vers des cimes qu’on ne côtoie (quasiment) actuellement que dans le cinéma d’animation de Pixar.

Mais Le Géant de fer, c’est aussi et surtout une générosité de tous les instants. La somme du plaisir d’un assembleur espiègle (à la J.J. Abrams, d’ailleurs producteur du Protocole Fantôme) se jouant même de sa propre création. Les scènes où les protagonistes se questionnent sur les formes d’art en métal sont à ce titre un régal. Et un long métrage dont le protagoniste se nomme Hogarth Hughes, ne peut que conforter les cinéphiles dans la célébration de ces petits clins d’œil, véritables déclarations d’amour à leur champ d’expression de prédilection. Un champ d’expression salutaire lorsqu’il s’agit d’évoquer la bêtise humaine pensant qu’on survit à une attaque nucléaire en se mettant à genoux sous une table ! The Iron Giant, ou la description d’une époque grotesque restituée par les rêves d’un enfant à la conscience bien supérieure à celle d’une armée entière !

Nicolas Lochon (avoiralire.com)