LA MOUCHE - David Cronenberg

A PROPOS

La mouche noire (1958) de Kurt Neumann a marqué les esprits de son temps grâce à quelques scènes à la limite du surréalisme. Il a influencé toute une génération de cinéastes dont David Cronenberg, appelé à la rescousse par Mel Brooks afin de reprendre en main le remake abandonné par Robert Bierman (futur réalisateur d’Embrasse-moi, vampire en 1989). Peu satisfait du script élaboré par Chuck Pogue, le metteur en scène canadien le réécrit et apporte sa touche personnelle à cette commande.
Tout d’abord, Cronenberg insiste pour tourner à Toronto avec son équipe technique habituelle, imprimant immédiatement sa marque de fabrique au projet. Ensuite, il s’arrange pour que la transformation de Brundle soit lente afin de décrire au mieux la mutation de la chair, thème majeur de toute sa filmographie. Il créé également un triangle amoureux, donnant une profondeur supplémentaire au drame qui se déroule devant les yeux ébahis des spectateurs. Ainsi, le cinéaste ne s’embarrasse pas de seconds rôles inutiles et se concentre sur la psychologie de ses trois protagonistes, tous magnifiquement incarnés par des acteurs visiblement très concernés. On est frappé par l’économie des moyens employés par Cronenberg : un décor presque unique, peu de scènes purement horrifiques et une histoire d’une simplicité biblique. Pourtant, la tragédie humaine qui se joue devant nous devient proprement bouleversante puisqu’elle oblige le spectateur à réfléchir sur l’usure du corps, sur les ravages du temps, sur la maladie et donc la mort. Il ajoute à cela une histoire d’amour proche de La belle et la bête et réussit à nous émouvoir lors d’une scène finale terriblement dure et sèche.

Pour autant, les amateurs du cinéaste ne seront pas déçus puisque celui-ci leur réserve quelques scènes bien dégoûtantes dont il a le secret : le corps de Brundle devient un champ d’expérimentation, un terrain miné par la désagrégation. Lors de sa mutation, le personnage principal devient plus fort et éprouve une véritable fascination pour la chair, obsession chronique chez Cronenberg qui lie toujours le sexe, la mort et la création d’une entité hybride, mélange d’être humain et de mécanique. Il arrive à créer une ambiance trouble et dérangeante, aidé en cela par la magnifique musique d’Howard Shore, alors très en verve après celle de Vidéodrome (1983).
La mouche (1986) a connu les suffrages du public et les critiques, déjà interpellées par l’excellent Dead zone (1983), commencèrent à s’intéresser à ce fou canadien qu’ils considéraient jusqu’alors comme un simple réalisateur de films putrides destinés aux dégénérés. Belle ironie quand on pense que cet indépendant forcené a été reconnu pour ce petit chef-d’œuvre d’horreur psychologique qui n’en demeure pas moins une commande de studio. Le succès a entraîné la réalisation d’une suite moins réussie, confiée à Chris Walas, directeur des effets spéciaux du premier.

Virgile Dumez (avoiralire.com)

Plans Cultes
mardi 15 janvier 2019 à 20h00


LA MOUCHE

de David Cronenberg

avec Jeff Goldblum, Geena Davis, John Getz
USA - 1986 - 1h36 - VOST

Seth Brundle est un jeune biologiste très doué. Après avoir fait ses premières armes dans une brillante équipe, il se décide à travailler seul. Il met au point une invention qui doit révolutionner le monde : la "téléportation", qui consiste à transporter la matière à travers l'espace. Les essais sur un babouin sont peu convaincants et après des fuites dans la presse, il décide de se téléporter lui-même. Seulement il ne s'aperçoit pas qu'une mouche fait partie du voyage.

A PROPOS

La mouche noire (1958) de Kurt Neumann a marqué les esprits de son temps grâce à quelques scènes à la limite du surréalisme. Il a influencé toute une génération de cinéastes dont David Cronenberg, appelé à la rescousse par Mel Brooks afin de reprendre en main le remake abandonné par Robert Bierman (futur réalisateur d’Embrasse-moi, vampire en 1989). Peu satisfait du script élaboré par Chuck Pogue, le metteur en scène canadien le réécrit et apporte sa touche personnelle à cette commande.
Tout d’abord, Cronenberg insiste pour tourner à Toronto avec son équipe technique habituelle, imprimant immédiatement sa marque de fabrique au projet. Ensuite, il s’arrange pour que la transformation de Brundle soit lente afin de décrire au mieux la mutation de la chair, thème majeur de toute sa filmographie. Il créé également un triangle amoureux, donnant une profondeur supplémentaire au drame qui se déroule devant les yeux ébahis des spectateurs. Ainsi, le cinéaste ne s’embarrasse pas de seconds rôles inutiles et se concentre sur la psychologie de ses trois protagonistes, tous magnifiquement incarnés par des acteurs visiblement très concernés. On est frappé par l’économie des moyens employés par Cronenberg : un décor presque unique, peu de scènes purement horrifiques et une histoire d’une simplicité biblique. Pourtant, la tragédie humaine qui se joue devant nous devient proprement bouleversante puisqu’elle oblige le spectateur à réfléchir sur l’usure du corps, sur les ravages du temps, sur la maladie et donc la mort. Il ajoute à cela une histoire d’amour proche de La belle et la bête et réussit à nous émouvoir lors d’une scène finale terriblement dure et sèche.

Pour autant, les amateurs du cinéaste ne seront pas déçus puisque celui-ci leur réserve quelques scènes bien dégoûtantes dont il a le secret : le corps de Brundle devient un champ d’expérimentation, un terrain miné par la désagrégation. Lors de sa mutation, le personnage principal devient plus fort et éprouve une véritable fascination pour la chair, obsession chronique chez Cronenberg qui lie toujours le sexe, la mort et la création d’une entité hybride, mélange d’être humain et de mécanique. Il arrive à créer une ambiance trouble et dérangeante, aidé en cela par la magnifique musique d’Howard Shore, alors très en verve après celle de Vidéodrome (1983).
La mouche (1986) a connu les suffrages du public et les critiques, déjà interpellées par l’excellent Dead zone (1983), commencèrent à s’intéresser à ce fou canadien qu’ils considéraient jusqu’alors comme un simple réalisateur de films putrides destinés aux dégénérés. Belle ironie quand on pense que cet indépendant forcené a été reconnu pour ce petit chef-d’œuvre d’horreur psychologique qui n’en demeure pas moins une commande de studio. Le succès a entraîné la réalisation d’une suite moins réussie, confiée à Chris Walas, directeur des effets spéciaux du premier.

Virgile Dumez (avoiralire.com)



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