DILILI A PARIS - Michel Ocelot

A PROPOS

Alors qu’il tombait des trombes d’eau et que le tonnerre grondait sur le lac d’Annecy, l’impatience était grande, lundi soir 11 juin , lors de la soirée d’ouverture du 42e festival international du film d’animation (jusqu’au 16 juin), qui offrait, en première mondiale, le dernier long métrage de Michel Ocelot. Celui qui est définitivement surnommé « le papa de Kirikou » allait-il se renouveler après avoir donné des suites aux aventures du petit Africain triomphal et beaucoup joué avec les ombres des princes et princesses de multiples contes ?

Le seul fait que l’histoire se déroule à Paris, à la Belle Epoque, laissait augurer élégance et charme désuets, falbalas et Tour Eiffel, rues pavées et visite guidée. Dilili à Paris (sortie prévue le 10 octobre) est cela, et bien plus : un itinéraire mutin, un manège policier où des rencontres avec les plus beaux esprits du début du XXe siècle mènent à une célébration de la culture, de l’échange, et de la libération féminine. Un petit manifeste pour apprendre au jeune public que les femmes ne doivent jamais se mettre à genoux.
Photographier Paris au lieu de la dessiner

Tilili, petite fille kanake, habillée comme une poupée, a été envoyée à Paris pour figurer dans un « village indigène » offert aux regards des Parisiens en quête d’exotisme. Mais la voilà libre, sortie de son enclos, et cette gosse qui parle comme un livre – elle a eu Louise Michel comme institutrice en Nouvelle Calédonie — ne veut pas repartir sans découvrir les beautés et les mystères de Paris. Orel, un jeune homme, beau comme un prince, mais livreur de son état, lui propose de la balader dans son triporteur. Cela tombe bien : il connaît la grande cantatrice Emma Calve?, qui connaît, elle, le tout-Paris. Cela tombe mal, aussi : depuis quelques jours, des petites filles disparaissent aux quatre coins de la capitale. La rumeur enfle, et les crieurs de journaux le confirment : c’est un coup des Mâles-Maîtres, une secte de sales types, encore plus odieux qu’on l’imagine. La balade de Dilili et son ami Orel se transforme en enquête…

Michel Ocelot a choisi de ne pas dessiner Paris, estimant qu’il ne pouvait, avec son crayon, la faire plus belle qu’au naturel. Il l’a donc longuement photographiée dans tous ses atours, des plus touristiques et célèbres aux plus insolites et discrets, et a, ensuite, retravaillé ces vues, effaçant au passage tout indice de modernité, pour remonter le temps. Le résultat est stupéfiant. Véritable fétichiste du beau, il a aussi réinventé certains intérieurs, comme le salon de Sarah Bernhardt, en piochant du mobilier dans des musées…  
Des figures historiques qui défilent

Côté « policier », le cinéaste fait son Gaston Leroux, avec portes dérobées, passages dans les égouts, et même un bateau en forme de cygne, emprunté, lui, à Louis II de Bavière, qui vogue sous l’opéra. Si Marie Curie et Emma Calvé (deux figures féminines, la scientifique et l’artiste, qu’Ocelot dessine avec énormément de respect) sont essentielles pour aider Dilili à confondre les odieux kidnappeurs de fillettes, elles sont loin d’être les seules figures historiques à apparaître. Marcel Proust, Toulouse-Lautrec, Picasso, Rodin, Erik Satie, Pasteur… ne serait-ce qu’un instant, tous les génies de 1900 participent à l’enquête ! Y compris le Prince de Galles (Edouard VII), en témoin bien utile, ou le pilote Santos-Dumont qui permettra une splendide échappée dans le ciel de Paris.

Tant de références (et de personnalités à reconnaître !) font de ce film d’animation un véritable objet culturel à partager entre les enfants et leurs parents qui devront se muer en doux professeurs. A chacune de ses rencontres, Dilili répète cette phrase toute simple, mais lumineuse, qui exprime sa reconnaissance de l’autre comme source d’enrichissement : « Je suis ravie de vous rencontrer ». Nous aussi, chère Dilili.   

Guillemette Odicino (Télérama)

Ciné Ma différence
dimanche 14 octobre 2018 à 11h15

Séance ouverte à tous et adaptée pour enfants et adultes handicapés.
Tarif : 5,00 euros (- de 14 ans 4 euros)

à partir de 7 ans


DILILI A PARIS

de Michel Ocelot

Film d'animation
FRANCE - 2018 - 1h35

Dans le Paris de la Belle Epoque, en compagnie d'un jeune livreur en triporteur, la petite kanake Dilili mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. Elle va d'aventure en aventure à travers la ville prestigieuse, rencontrant des hommes et des femmes extraordinaires, qui l'aident, et des méchants, qui sévissent dans l'ombre. Les deux amis feront triompher la lumière, la liberté et la joie de vivre ensemble.
http://www.marsfilms.com/film/dilili_a_paris/

A PROPOS

Alors qu’il tombait des trombes d’eau et que le tonnerre grondait sur le lac d’Annecy, l’impatience était grande, lundi soir 11 juin , lors de la soirée d’ouverture du 42e festival international du film d’animation (jusqu’au 16 juin), qui offrait, en première mondiale, le dernier long métrage de Michel Ocelot. Celui qui est définitivement surnommé « le papa de Kirikou » allait-il se renouveler après avoir donné des suites aux aventures du petit Africain triomphal et beaucoup joué avec les ombres des princes et princesses de multiples contes ?

Le seul fait que l’histoire se déroule à Paris, à la Belle Epoque, laissait augurer élégance et charme désuets, falbalas et Tour Eiffel, rues pavées et visite guidée. Dilili à Paris (sortie prévue le 10 octobre) est cela, et bien plus : un itinéraire mutin, un manège policier où des rencontres avec les plus beaux esprits du début du XXe siècle mènent à une célébration de la culture, de l’échange, et de la libération féminine. Un petit manifeste pour apprendre au jeune public que les femmes ne doivent jamais se mettre à genoux.
Photographier Paris au lieu de la dessiner

Tilili, petite fille kanake, habillée comme une poupée, a été envoyée à Paris pour figurer dans un « village indigène » offert aux regards des Parisiens en quête d’exotisme. Mais la voilà libre, sortie de son enclos, et cette gosse qui parle comme un livre – elle a eu Louise Michel comme institutrice en Nouvelle Calédonie — ne veut pas repartir sans découvrir les beautés et les mystères de Paris. Orel, un jeune homme, beau comme un prince, mais livreur de son état, lui propose de la balader dans son triporteur. Cela tombe bien : il connaît la grande cantatrice Emma Calve?, qui connaît, elle, le tout-Paris. Cela tombe mal, aussi : depuis quelques jours, des petites filles disparaissent aux quatre coins de la capitale. La rumeur enfle, et les crieurs de journaux le confirment : c’est un coup des Mâles-Maîtres, une secte de sales types, encore plus odieux qu’on l’imagine. La balade de Dilili et son ami Orel se transforme en enquête…

Michel Ocelot a choisi de ne pas dessiner Paris, estimant qu’il ne pouvait, avec son crayon, la faire plus belle qu’au naturel. Il l’a donc longuement photographiée dans tous ses atours, des plus touristiques et célèbres aux plus insolites et discrets, et a, ensuite, retravaillé ces vues, effaçant au passage tout indice de modernité, pour remonter le temps. Le résultat est stupéfiant. Véritable fétichiste du beau, il a aussi réinventé certains intérieurs, comme le salon de Sarah Bernhardt, en piochant du mobilier dans des musées…  
Des figures historiques qui défilent

Côté « policier », le cinéaste fait son Gaston Leroux, avec portes dérobées, passages dans les égouts, et même un bateau en forme de cygne, emprunté, lui, à Louis II de Bavière, qui vogue sous l’opéra. Si Marie Curie et Emma Calvé (deux figures féminines, la scientifique et l’artiste, qu’Ocelot dessine avec énormément de respect) sont essentielles pour aider Dilili à confondre les odieux kidnappeurs de fillettes, elles sont loin d’être les seules figures historiques à apparaître. Marcel Proust, Toulouse-Lautrec, Picasso, Rodin, Erik Satie, Pasteur… ne serait-ce qu’un instant, tous les génies de 1900 participent à l’enquête ! Y compris le Prince de Galles (Edouard VII), en témoin bien utile, ou le pilote Santos-Dumont qui permettra une splendide échappée dans le ciel de Paris.

Tant de références (et de personnalités à reconnaître !) font de ce film d’animation un véritable objet culturel à partager entre les enfants et leurs parents qui devront se muer en doux professeurs. A chacune de ses rencontres, Dilili répète cette phrase toute simple, mais lumineuse, qui exprime sa reconnaissance de l’autre comme source d’enrichissement : « Je suis ravie de vous rencontrer ». Nous aussi, chère Dilili.   

Guillemette Odicino (Télérama)