ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

CASQUE D'OR - Jacques Becker

A PROPOS

Réalisé entre deux comédies, Édouard et Caroline et Rue de l’estrapade, Casque d’or est le plus beau film de Jacques Becker. Le scénario s’inspire d’un fait divers de 1802, qui avait vu l’affrontement mortel de deux voyous pour une belle. Le récit est ténu, simple prétexte à des variations sentimentales et policières autour de Marie (Simone Signoret) et Manda (Serge Reggiani), autour desquels gravitent un amant jaloux (William Sabatier), une fiancée délaissée (Loleh Bellon), et surtout un caïd calculateur (Claude Dauphin). Les volets amoureux et policiers du scénario sont imbriqués ; mais contrairement à ce que pensait Gabin, résumant sa carrière, le cinéma, ce n’est pas seulement « une bonne histoire » : encore faut-il savoir la dialoguer, la raconter, et surtout la filmer... bref, la mettre en scène. À cet égard, Casque d’or s’avère exemplaire par sa justesse psychologique, sa fluidité et la beauté de ses prises de vue. Si l’amour entre Marie et Wanda semble si authentique, cela est peut-être dû, en partie, à la passion qui unissait dans la vie réelle Simone Signoret et Yves Montand, mais aussi les deux coscénaristes, Jacques Companéez et Annette Wademant.
Mais l’essentiel est ailleurs : ce sont des péniches traversant la Marne et déposant près d’une guinguette les futurs amants, c’est une danse au rythme de Plaisir d’amour, qui réapparaîtra en flash-back back dans la séquence finale, ce sont des volets que l’on ouvre pour apprécier un café après une nuit d’amour à la campagne, sous le regard bienveillant d’une vieille paysanne (Odette Barencey). Ancien assistant de Renoir, Becker est inspiré du style impressionniste de son maître et ce n’est sans doute pas un hasard si le montage est assuré par Marguerite Renoir, la sœur de l’auteur de Partie de campagne. Plus qu’une reconstitution de la Belle Époque, Casque d’or en semble plutôt une composition picturale, avec ses ruelles populaires, ses vieux artisans (Gaston Modot), ses prostituées généreuses (Dominique Davray) et son bon peuple gouailleur (Raymond Bussières). Le petit théâtre de Jacques Becker s’inscrit ici dans la plus belle tradition du réalisme français. L’échec public et critique de Casque d’or à sa sortie fut total. Sans doute son amertume et sa nostalgie avaient-elles un parfum d’avant-guerre et ne correspondaient plus à l’état d’esprit des années 50. La carrière de vedette de Serge Reggiani s’en ressentit et ce n’est que bien plus tard que l’on comprit l’importance du film pour le mythe de Simone Signoret, resplendissante de vie et de noblesse.

Gérard Crespo (Avoiralire.com)

Cinélégende
mardi 2 avril 2019 à 20h15

Cinéma et mythologie : Un mythe solaire
 
Présentation et débat en présence de Geoffrey Ratouis, historien "légendaire" et Louis Mathieu, président de l'association Cinéma Parlant

Séance organisée en collaboration avec l'association Cinélégende


CASQUE D'OR

de Jacques Becker

avec Simone Signoret, Serge Reggiani, Claude Dauphin
FRANCE - 1952 - 1h36 - Réédition - Version restaurée

Marie, surnommée Casque d'Or pour son éclatante chevelure blonde, fait partie d'une bande de truands qui font la loi à Belleville. Elle fait la connaissance, dans une guinguette à Joinville, de Manda, un voyou repenti devenu charpentier. Par défi pour son souteneur, Roland, elle l'invite à danser. C'est le coup de foudre. Les deux hommes en viennent aux mains. Manda tue Roland et va se cacher à la campagne avec Marie. Mais Leca, le chef de la bande, qui lui aussi convoite Marie, s'arrange pour faire inculper Raymond, l'ami de Manda. Celui-ci se voit contraint de se dénoncer…

A PROPOS

Réalisé entre deux comédies, Édouard et Caroline et Rue de l’estrapade, Casque d’or est le plus beau film de Jacques Becker. Le scénario s’inspire d’un fait divers de 1802, qui avait vu l’affrontement mortel de deux voyous pour une belle. Le récit est ténu, simple prétexte à des variations sentimentales et policières autour de Marie (Simone Signoret) et Manda (Serge Reggiani), autour desquels gravitent un amant jaloux (William Sabatier), une fiancée délaissée (Loleh Bellon), et surtout un caïd calculateur (Claude Dauphin). Les volets amoureux et policiers du scénario sont imbriqués ; mais contrairement à ce que pensait Gabin, résumant sa carrière, le cinéma, ce n’est pas seulement « une bonne histoire » : encore faut-il savoir la dialoguer, la raconter, et surtout la filmer... bref, la mettre en scène. À cet égard, Casque d’or s’avère exemplaire par sa justesse psychologique, sa fluidité et la beauté de ses prises de vue. Si l’amour entre Marie et Wanda semble si authentique, cela est peut-être dû, en partie, à la passion qui unissait dans la vie réelle Simone Signoret et Yves Montand, mais aussi les deux coscénaristes, Jacques Companéez et Annette Wademant.
Mais l’essentiel est ailleurs : ce sont des péniches traversant la Marne et déposant près d’une guinguette les futurs amants, c’est une danse au rythme de Plaisir d’amour, qui réapparaîtra en flash-back back dans la séquence finale, ce sont des volets que l’on ouvre pour apprécier un café après une nuit d’amour à la campagne, sous le regard bienveillant d’une vieille paysanne (Odette Barencey). Ancien assistant de Renoir, Becker est inspiré du style impressionniste de son maître et ce n’est sans doute pas un hasard si le montage est assuré par Marguerite Renoir, la sœur de l’auteur de Partie de campagne. Plus qu’une reconstitution de la Belle Époque, Casque d’or en semble plutôt une composition picturale, avec ses ruelles populaires, ses vieux artisans (Gaston Modot), ses prostituées généreuses (Dominique Davray) et son bon peuple gouailleur (Raymond Bussières). Le petit théâtre de Jacques Becker s’inscrit ici dans la plus belle tradition du réalisme français. L’échec public et critique de Casque d’or à sa sortie fut total. Sans doute son amertume et sa nostalgie avaient-elles un parfum d’avant-guerre et ne correspondaient plus à l’état d’esprit des années 50. La carrière de vedette de Serge Reggiani s’en ressentit et ce n’est que bien plus tard que l’on comprit l’importance du film pour le mythe de Simone Signoret, resplendissante de vie et de noblesse.

Gérard Crespo (Avoiralire.com)



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