ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

FORTUNA - Germinal Roaux

A PROPOS

Depuis son premier court-métrage en 2003 Des tas de choses, le réalisateur suisse Germinal Roaux ne cesse de poser un regard interrogateur sur notre réalité contemporaine. Après Left Foot Right Foot, son premier long-métrage où il s’attaque à la dictature de l’apparence qui pousse des jeunes filles à se prostituer pour s’acheter des vêtements de luxe, il choisit cette fois, à travers le parcours solitaire de cette toute jeune fille, d’installer le spectateur en toute humilité et sans prétendre apporter de solutions miraculeuses, dans un espace de réflexion face aux questions que la crise migratoire suscite dans nos sociétés actuelles. Bouleversé par les récits de ces jeunes migrants, mineurs et non accompagnés, qu’il rencontre grâce à sa compagne chargée de les encadrer, il se lance dans l’écriture de son film et découvre que pour pallier le manque de places dans les centres d’hébergements, certains de ces réfugiés sont accueillis au sein de communautés religieuses.

Le choix du noir et blanc auquel le réalisateur est fidèle depuis sa première œuvre éclaire en demi-teintes un récit riche de questions essentielles sur notre condition humaine et donne à des personnages en proie aux doutes et à l’adversité mais aussi portés par un profond désir de changement leur part d’ombre et de lumière. La jeune Kidist Siyum Beza, presque novice au cinéma (elle avait déjà tenu un petit rôle dans un film éthiopien), dont le visage transmet seul, sans l’aide de mots, à la fois détermination et fragilité, porte le film haut et fort et habille à l’exacte mesure cette orpheline de toutes les couleurs de la détresse humaine. La lenteur avec laquelle le réalisateur la filme dans ce décor de montagnes magnifiques enneigées, à la fois barrière à l’apparence hostile mais aussi nid douillet, contribue à établir un climat d’apaisement propre à chatouiller gentiment le spectateur.

Laissant de côté toute indignation ou même dénonciation, il l’incite à dépasser quelques-unes de ses idées préconçues et lui ouvre les portes d’un monde plus bienveillant, tout auréolé de la sagesse et de la voix posée d’un Bruno Ganz impressionnant de justesse dans ce costume de chef chanoine que l’on jurerait taillé précisément pour lui.

Si comme récemment dans le film de Cédric Kahn La prière, la spiritualité est au cœur du récit, elle n’est là que pour voler au secours de repères malmenés par une société de consommation effrénée et nous emmène plus sûrement sur la voie de l’altruisme que sur celle de la religion. Un débat nourri d’arguments brillants et mené avec éloquence et sensibilité par les chanoines, révèle les contradictions auxquelles sont confrontés ces hommes d’Église tiraillés entre leur désir d’accueil et d’ouverture au monde et le devoir de réserve et d’isolement inhérent à leur vocation, nous offrant ainsi un sacré beau moment d’émotion.
Qu’avons-nous fait ? Quel est ce monde ? Y a t-il quelque-chose que l’on puisse faire ? Si ce drame poignant n’a évidemment pas la réponse à ces questions, il a, à coup sûr, la belle capacité de nous réunir autour d’idées plus promptes à nous unir qu’à nous diviser.
Claudine Levanneur (Avoiralire.com)

Avant première
jeudi 13 septembre 2018 à 20h00

En présence du réalisateur et du comédien, Patrick D’Assumçao

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant


FORTUNA

de Germinal Roaux

avec Kidist Siyum Beza, Bruno Ganz, Patrick d'Assumçao
SUISSE - BELGIQUE - 2018 - 1h46 - VOST - Ours de cristal du meilleur film Berlin 2018

Fortuna, jeune Ethiopienne de 14 ans, est accueillie avec d'autres réfugiés par une communauté de religieux catholiques dans un monastère des Alpes suisses. Elle y rencontre Kabir, un jeune Africain dont elle tombe amoureuse. C'est l'hiver et à mesure que la neige recouvre les sommets, le monastère devient leur refuge mais aussi le théâtre d'événements qui viennent ébranler la vie paisible des chanoines.  Ceux-ci vont-ils renoncer à leur tradition d'hospitalité ? Parviendront-ils à guider Fortuna vers sa nouvelle vie ? 
https://www.nourfilms.com/fortuna/

A PROPOS

Depuis son premier court-métrage en 2003 Des tas de choses, le réalisateur suisse Germinal Roaux ne cesse de poser un regard interrogateur sur notre réalité contemporaine. Après Left Foot Right Foot, son premier long-métrage où il s’attaque à la dictature de l’apparence qui pousse des jeunes filles à se prostituer pour s’acheter des vêtements de luxe, il choisit cette fois, à travers le parcours solitaire de cette toute jeune fille, d’installer le spectateur en toute humilité et sans prétendre apporter de solutions miraculeuses, dans un espace de réflexion face aux questions que la crise migratoire suscite dans nos sociétés actuelles. Bouleversé par les récits de ces jeunes migrants, mineurs et non accompagnés, qu’il rencontre grâce à sa compagne chargée de les encadrer, il se lance dans l’écriture de son film et découvre que pour pallier le manque de places dans les centres d’hébergements, certains de ces réfugiés sont accueillis au sein de communautés religieuses.

Le choix du noir et blanc auquel le réalisateur est fidèle depuis sa première œuvre éclaire en demi-teintes un récit riche de questions essentielles sur notre condition humaine et donne à des personnages en proie aux doutes et à l’adversité mais aussi portés par un profond désir de changement leur part d’ombre et de lumière. La jeune Kidist Siyum Beza, presque novice au cinéma (elle avait déjà tenu un petit rôle dans un film éthiopien), dont le visage transmet seul, sans l’aide de mots, à la fois détermination et fragilité, porte le film haut et fort et habille à l’exacte mesure cette orpheline de toutes les couleurs de la détresse humaine. La lenteur avec laquelle le réalisateur la filme dans ce décor de montagnes magnifiques enneigées, à la fois barrière à l’apparence hostile mais aussi nid douillet, contribue à établir un climat d’apaisement propre à chatouiller gentiment le spectateur.

Laissant de côté toute indignation ou même dénonciation, il l’incite à dépasser quelques-unes de ses idées préconçues et lui ouvre les portes d’un monde plus bienveillant, tout auréolé de la sagesse et de la voix posée d’un Bruno Ganz impressionnant de justesse dans ce costume de chef chanoine que l’on jurerait taillé précisément pour lui.

Si comme récemment dans le film de Cédric Kahn La prière, la spiritualité est au cœur du récit, elle n’est là que pour voler au secours de repères malmenés par une société de consommation effrénée et nous emmène plus sûrement sur la voie de l’altruisme que sur celle de la religion. Un débat nourri d’arguments brillants et mené avec éloquence et sensibilité par les chanoines, révèle les contradictions auxquelles sont confrontés ces hommes d’Église tiraillés entre leur désir d’accueil et d’ouverture au monde et le devoir de réserve et d’isolement inhérent à leur vocation, nous offrant ainsi un sacré beau moment d’émotion.
Qu’avons-nous fait ? Quel est ce monde ? Y a t-il quelque-chose que l’on puisse faire ? Si ce drame poignant n’a évidemment pas la réponse à ces questions, il a, à coup sûr, la belle capacité de nous réunir autour d’idées plus promptes à nous unir qu’à nous diviser.
Claudine Levanneur (Avoiralire.com)