DOG POUND - Kim Chapiron

A PROPOS

On connaissait Kim Chapiron en jeune loup au sang chaud, prêt à foutre le boxon au sein d'un cinéma hexagonal sclérosé et vieillissant. Au travers de ses kourtrajmé faussement je-m'en-foutistes et de Sheitan, son premier long, Chapiron bousculait les conventions, mixait allégrement les genres et les styles tout en imposant une griffe personnelle tout à fait reconnaissable. Ne craignant pas un seul instant de s'agiter dans tous les sens, il se heurte alors violemment à l'incompréhension d'une frange du public hostile à tout ce barouf. Chapiron n'est pour eux qu'un trublion gâté qui ne trouve rien de mieux à faire que de mordre la main qui le nourrit. Quatre ans plus tard, Dog Pound, son second effort, un huis clos dans un centre pénitencier pour adolescents, prend une tangente inattendue et impose un style si différent que l'on croirait presque avoir affaire à un tout autre cinéaste. Les excès de mise en scène de Sheitan font effectivement place à une approche plus épurée - tant au niveau des cadres que de la lumière, et plus clinique, lorgnant parfois vers la docufiction. A la base il y a un film, Scum, un violent brûlot naturaliste réalisé par deux fois par Alan Clarke, pour la BBC d'abord, puis pour le grand écran deux ans plus tard suite à la non-diffusion du téléfilm par la chaîne de service publique. Directement inspiré au point d'en être une sorte de remake-hommage, Dog Pound n'est certes original en rien, mais résonne durement comme un condensé d'agressivité juvénile. Critique Critique Dog Pound Les matons sont davantage soucieux de maintenir un semblant d'autorité que de réhabiliter les détenus, le système carcéral détruit les individus plutôt qu'il ne leur rend service : tel est ce que nous aimerions lire en filigrane. Seulement à l'instar des clips de son compère Romain Gavras (Stress pour Justice, Born Free pour M.I.A. pour ne citer que les plus polémiques), Chapiron privilégie le rythme et l'affect sur le sens, si bien qu'on ne peut que s'interroger sur la finalité du propos. Son défaut serait en somme de ne pas être parvenu à suffisamment entrer en résonance avec l'actualité. Quelle qu'elle soit. Dog Pound exerce néanmoins une réelle fascination, largement portée par l'interprétation instinctive et enragée d'Adam Butcher - LA révélation du film - qui rappelle forcément celles de Ray Winstone (Scum) et Tim Roth (Made in Britain), tout deux découverts par Alan Clarke.
Yann Rutledge (filmsactu)

Soirée rencontre
jeudi 12 avril 2018 à 20h00

suivi d'une rencontre avec GENEPI Angers


DOG POUND

de Kim Chapiron

avec Adam Butcher, Shane Kippel, Mateo Morales
FRANCE - CANADA - GRANDE BRETAGNE - 2010 - 1h31

Davis, 16 ans, trafic de stupéfiants. Angel, 15 ans, vol de voiture avec violence. Butch, 17 ans, agression sur un officier de probation. Une même sentence : la prison pour délinquants juvéniles d'Enola Vale. Arrivés au centre de détention, ils devront choisir leur camp, victime ou bourreau.

A PROPOS

On connaissait Kim Chapiron en jeune loup au sang chaud, prêt à foutre le boxon au sein d'un cinéma hexagonal sclérosé et vieillissant. Au travers de ses kourtrajmé faussement je-m'en-foutistes et de Sheitan, son premier long, Chapiron bousculait les conventions, mixait allégrement les genres et les styles tout en imposant une griffe personnelle tout à fait reconnaissable. Ne craignant pas un seul instant de s'agiter dans tous les sens, il se heurte alors violemment à l'incompréhension d'une frange du public hostile à tout ce barouf. Chapiron n'est pour eux qu'un trublion gâté qui ne trouve rien de mieux à faire que de mordre la main qui le nourrit. Quatre ans plus tard, Dog Pound, son second effort, un huis clos dans un centre pénitencier pour adolescents, prend une tangente inattendue et impose un style si différent que l'on croirait presque avoir affaire à un tout autre cinéaste. Les excès de mise en scène de Sheitan font effectivement place à une approche plus épurée - tant au niveau des cadres que de la lumière, et plus clinique, lorgnant parfois vers la docufiction. A la base il y a un film, Scum, un violent brûlot naturaliste réalisé par deux fois par Alan Clarke, pour la BBC d'abord, puis pour le grand écran deux ans plus tard suite à la non-diffusion du téléfilm par la chaîne de service publique. Directement inspiré au point d'en être une sorte de remake-hommage, Dog Pound n'est certes original en rien, mais résonne durement comme un condensé d'agressivité juvénile. Critique Critique Dog Pound Les matons sont davantage soucieux de maintenir un semblant d'autorité que de réhabiliter les détenus, le système carcéral détruit les individus plutôt qu'il ne leur rend service : tel est ce que nous aimerions lire en filigrane. Seulement à l'instar des clips de son compère Romain Gavras (Stress pour Justice, Born Free pour M.I.A. pour ne citer que les plus polémiques), Chapiron privilégie le rythme et l'affect sur le sens, si bien qu'on ne peut que s'interroger sur la finalité du propos. Son défaut serait en somme de ne pas être parvenu à suffisamment entrer en résonance avec l'actualité. Quelle qu'elle soit. Dog Pound exerce néanmoins une réelle fascination, largement portée par l'interprétation instinctive et enragée d'Adam Butcher - LA révélation du film - qui rappelle forcément celles de Ray Winstone (Scum) et Tim Roth (Made in Britain), tout deux découverts par Alan Clarke.
Yann Rutledge (filmsactu)