LES ENFANTS DE LA PLUIE - Philippe Leclerc

A PROPOS

Les deux Philippe, croisés sur le tournage de Gandahar, le dessinateur Caza et le réalisateur Leclerc, livrent avec Les Enfants de la pluie un récit d’heroic fantasy de belle facture. A petits moyens, grandes idées. Pour les pointilleux, l’animation sous-traitée en Corée voyage en classe économique et équivaut à celle de Corto Maltese. A une différence notable: la mise en scène, dynamique et astucieuse, vient camoufler les éventuelles déficiences techniques. Les rêveries du marin privilégiaient les heures creuses, les aventures de Skän et Callisto n’autorisent aucun temps mort. La surprise vient ainsi du traitement narratif, qui recycle avec intelligence les bagages du fantastique, en ne lésinant pas sur le lyrisme et le spectaculaire.

Caza confère au monde bipolaire des Enfants de la pluie un esthétisme proche de sa série fleuve Le Monde d’Arkadi. Les Pyross, peuple du feu, belliqueux et sanguins, héritent de traits rêches et anguleux, tandis que les Hydross, pacifistes ne vivant que d’amour et d’eau fraîche, se distinguent par les courbes harmonieuses de leur silhouette. A l’image du médaillon de Skän, le film dissocie communautés, couleurs et décors pour mieux les réunir dans un final féerique et horrifique. Le choc des cultures est vécu à travers le regard ingénu de Skän, archétype du chevalier au cœur d’or. Même à petite échelle, Les Enfants de la pluie bâtit une intéressante passerelle entre l’Orient et l’Occident. Les auteurs ne cachent pas leur vénération pour Miyazaki-sama, référence de tous les instants. Les orchestrations amples de Didier Lockwood accompagnent avec efficacité les secousses de l’intrigue. Skän porte une mini-arbalète au poignet qui n’est pas sans évoquer l’accessoire fétiche d’une héroïne de Buichi Terasawa, le père de Cobra. La seconde partie, révélant la cité d’Amphibole et le dilemme insoluble des adolescents, ajoute un joli contrepoint aux velléités guerrières des Pyross. On appréciera l’attention portée au verbe, les ramifications mythologiques, en déplorant une conclusion trop hâtive. Mais les Philippe et Philippe remplissent allègrement leur mission d’entertainers.
Danielle Chou (Filmdeculte.com)

Soirée rencontre
jeudi 26 avril 2018 à 20h00

en présence de Philippe Caza, co-scénariste et créateur graphique des Enfants de la pluie

Précédé du court métrage : COMMENT WANG-FÔ FUT SAUVÉ de René Laloux

Soirée organisée dans le cadre de la 8e édition du festival de l'imaginaire et du polar à Angers


LES ENFANTS DE LA PLUIE

de Philippe Leclerc

Film d'animation
FRANCE - COREE DU SUD - 1h26 - 2002

Pour les Pyross, adorateur du soleil, l'eau n'est que mort et désolation. Elle ronge comme un acide. Les pluies annoncent le réveil des dragons qui les pourchassent. Pour les Hydross, le cycle est inverse : le feu du soleil les change en statues. Seule la pluie peut les ramener à la vie. En attendant, en saison sèche, leur corps de pierre est à la merci de leurs ennemis. La guerre des Pyross et des Hydross est un éternel recommencement... Jusqu'au jour où Skän, jeune Pyross  pose les yeux sur Kallisto.

COMMENT WANG-FÔ FUT SAUVÉ est un court métrage d'animation (15 min) réalisé par René Laloux en 1987, sur des dessins de Caza. Il s'agit d'une adaptation de la nouvelle éponyme de Marguerite Yourcenar publiée dans la Revue de Paris en 1936 puis rééditée dans le recueil Nouvelles orientales en 1938.
http://mk2films.com/film/les-enfants-de-la-pluie/

A PROPOS

Les deux Philippe, croisés sur le tournage de Gandahar, le dessinateur Caza et le réalisateur Leclerc, livrent avec Les Enfants de la pluie un récit d’heroic fantasy de belle facture. A petits moyens, grandes idées. Pour les pointilleux, l’animation sous-traitée en Corée voyage en classe économique et équivaut à celle de Corto Maltese. A une différence notable: la mise en scène, dynamique et astucieuse, vient camoufler les éventuelles déficiences techniques. Les rêveries du marin privilégiaient les heures creuses, les aventures de Skän et Callisto n’autorisent aucun temps mort. La surprise vient ainsi du traitement narratif, qui recycle avec intelligence les bagages du fantastique, en ne lésinant pas sur le lyrisme et le spectaculaire.

Caza confère au monde bipolaire des Enfants de la pluie un esthétisme proche de sa série fleuve Le Monde d’Arkadi. Les Pyross, peuple du feu, belliqueux et sanguins, héritent de traits rêches et anguleux, tandis que les Hydross, pacifistes ne vivant que d’amour et d’eau fraîche, se distinguent par les courbes harmonieuses de leur silhouette. A l’image du médaillon de Skän, le film dissocie communautés, couleurs et décors pour mieux les réunir dans un final féerique et horrifique. Le choc des cultures est vécu à travers le regard ingénu de Skän, archétype du chevalier au cœur d’or. Même à petite échelle, Les Enfants de la pluie bâtit une intéressante passerelle entre l’Orient et l’Occident. Les auteurs ne cachent pas leur vénération pour Miyazaki-sama, référence de tous les instants. Les orchestrations amples de Didier Lockwood accompagnent avec efficacité les secousses de l’intrigue. Skän porte une mini-arbalète au poignet qui n’est pas sans évoquer l’accessoire fétiche d’une héroïne de Buichi Terasawa, le père de Cobra. La seconde partie, révélant la cité d’Amphibole et le dilemme insoluble des adolescents, ajoute un joli contrepoint aux velléités guerrières des Pyross. On appréciera l’attention portée au verbe, les ramifications mythologiques, en déplorant une conclusion trop hâtive. Mais les Philippe et Philippe remplissent allègrement leur mission d’entertainers.
Danielle Chou (Filmdeculte.com)