CADET D'EAU DOUCE - Charles Reisner

A PROPOS

Steamboat Bill, Jr. est un chef d’œuvre à bien des égards !

Nous l’aurons deviné, Canfield/Steamboat Bill, Jr. est interprété par Buster Keaton. Un Buster Keaton au sommet de son art et qui se dévoile peut-être un peu plus que d’habitude… Sans doute cela est-il dû au fait que, dans cette histoire, il a un père. Même si leurs rapports psychologiques sont traités de façon visuelle et comique, ce lien filial crée une sorte de rapprochement avec le spectateur : Keaton nous offre - chose rare - son visage en gros plan. Ce visage, sur lequel on a tant écrit, « l’homme au visage de pierre », « celui qui ne sourit jamais », impénétrable. En nous laissant entrevoir un peu de sa propre histoire, Keaton nous livre, avec Cadet d'eau douce (Steamboat Bill, Jr.) un film intensément personnel.

Le comique de la première partie du film est du pur Keaton, il tient à son savoir-faire : l’exploitation du matériau minimal et sa science du détail. Ainsi tout relève d’une subtilité qui défie la description. Depuis ses premiers courts métrages, Keaton a appris à exploiter toutes les ressources d’un décor ou d’un accessoire (il adore tout particulièrement les trains et les bateaux). Ici, il joue avec tout à Junction River, cette petite ville si bien dépeinte, avec le Mississippi et les deux steamers : Keaton épuise tous les ressorts comiques de toutes les situations.

Steamboat Bill, Jr. reflète sa maîtrise sans équivalent en matière de mise en scène de séquences spectaculaires. Celles du cyclone nous laissent le souffle coupé. Ce sont sans doute les plus belles de sa filmographie. Keaton y déploie une variété inédite de plans défiants la pesanteur : des façades éventrées s’écroulent, d’autres se plantent intactes, des arbres déracinés et de lourdes caisses s’envolent, pareils à des feuilles mortes. Des objets s’animent et se dotent d’une vie propre, tel ce lit en fer blanc et à roulettes, qui promène le héros où bon lui semble. Au réalisme fascinant des images du cyclone se mêle un univers onirique, que Keaton démultiplie encore en amenant son héros dans un théâtre. Il joue alors avec les trucages de la scène et du cinéma : les décors, les trucs des prestidigitateurs sont autant de trompe-l’œil et de faux-semblants sans cesse étonnants. L’art de Keaton atteint des dimensions surréalistes. S’il existe peu de probabilités qu’une machine à coudre rencontre un parapluie, combien y en a-t-il pour qu’un homme alité se retrouve dans une étable entouré de chevaux ? Telles sont les merveilleuses trouvailles de Buster Keaton !

Ciné Classique
dimanche 25 février 2018 à 15h30

Séance présentée par Louis Mathieu, président de l'Association Cinéma Parlant.

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant dans le cadre du festival Télérama enfants


CADET D'EAU DOUCE

de Charles Reisner

avec Buster Keaton, Ernest Torrence, Tom McGuire
USA - 1928 - 1h10 - Sans dialogues

Le jeune William Canfield retrouve son père propriétaire d'un vieux bateau qui navigue sur le Mississippi. Le vieux Canfield voudrait que son fils l'aide mais William a mieux a faire, il est amoureux de Kitty, la fille d'un banquier qui possede un magnifique steamer. 

A PROPOS

Steamboat Bill, Jr. est un chef d’œuvre à bien des égards !

Nous l’aurons deviné, Canfield/Steamboat Bill, Jr. est interprété par Buster Keaton. Un Buster Keaton au sommet de son art et qui se dévoile peut-être un peu plus que d’habitude… Sans doute cela est-il dû au fait que, dans cette histoire, il a un père. Même si leurs rapports psychologiques sont traités de façon visuelle et comique, ce lien filial crée une sorte de rapprochement avec le spectateur : Keaton nous offre - chose rare - son visage en gros plan. Ce visage, sur lequel on a tant écrit, « l’homme au visage de pierre », « celui qui ne sourit jamais », impénétrable. En nous laissant entrevoir un peu de sa propre histoire, Keaton nous livre, avec Cadet d'eau douce (Steamboat Bill, Jr.) un film intensément personnel.

Le comique de la première partie du film est du pur Keaton, il tient à son savoir-faire : l’exploitation du matériau minimal et sa science du détail. Ainsi tout relève d’une subtilité qui défie la description. Depuis ses premiers courts métrages, Keaton a appris à exploiter toutes les ressources d’un décor ou d’un accessoire (il adore tout particulièrement les trains et les bateaux). Ici, il joue avec tout à Junction River, cette petite ville si bien dépeinte, avec le Mississippi et les deux steamers : Keaton épuise tous les ressorts comiques de toutes les situations.

Steamboat Bill, Jr. reflète sa maîtrise sans équivalent en matière de mise en scène de séquences spectaculaires. Celles du cyclone nous laissent le souffle coupé. Ce sont sans doute les plus belles de sa filmographie. Keaton y déploie une variété inédite de plans défiants la pesanteur : des façades éventrées s’écroulent, d’autres se plantent intactes, des arbres déracinés et de lourdes caisses s’envolent, pareils à des feuilles mortes. Des objets s’animent et se dotent d’une vie propre, tel ce lit en fer blanc et à roulettes, qui promène le héros où bon lui semble. Au réalisme fascinant des images du cyclone se mêle un univers onirique, que Keaton démultiplie encore en amenant son héros dans un théâtre. Il joue alors avec les trucages de la scène et du cinéma : les décors, les trucs des prestidigitateurs sont autant de trompe-l’œil et de faux-semblants sans cesse étonnants. L’art de Keaton atteint des dimensions surréalistes. S’il existe peu de probabilités qu’une machine à coudre rencontre un parapluie, combien y en a-t-il pour qu’un homme alité se retrouve dans une étable entouré de chevaux ? Telles sont les merveilleuses trouvailles de Buster Keaton !