LA TAULARDE - Audrey Estrougo

A PROPOS

Audrey Estrougo se définit comme une réalisatrice citoyenne. Elle n’aime rien d’autre que de s’attaquer à ce qui dysfonctionne. Après Regarde moi en 2008 où il était question de la vie dans les cités, puis une fable sur les sans-papiers en 2011 avec Toi, moi et les autres et enfin en 2013 le très beau mais très ignoré Une histoire banale sur les conséquences du viol, la jeune réalisatrice, contre vents et marées, continue à s’emparer des sujets sociaux, en plantant sa caméra au cœur d’une prison de femmes.
On a encore tous en mémoire l’excellent Un prophète de Jacques Audiard abordant le thème de l’enfermement des hommes. Mais les films traitant des incarcérations dans l’hexagone sont rares. Le sujet peut paraître rébarbatif, surtout lorsqu’il s’agit d’un huis-clos entièrement tourné dans une ancienne prison désaffectée, du côté de Rennes. Et pourtant, c’est tout en subtilité qu’Estrougo nous décrit cet univers oppressant de violence et d’humiliation dont elle suggère, sans toutefois la dénoncer, la contre-productivité quant à une éventuelle réinsertion. Dans cet univers restreint où la promiscuité est constante, le choix de plans fixes et serrés nous étouffe petit à petit dans une ambiance sombre où la violence du dehors (menaces, chantages, arnaques ...) se retrouve confinée et démultipliée face à des détenues broyées et marginalisées, animées de rancœurs et de frustrations nées d’un enfermement insupportable. Enfin la restitution précise du cliquetis des clés et de l’ouverture des grilles conjuguée au brouhaha des cellules renforce encore l’horreur de la détention.
Comme dans toutes les histoires humaines, rien n’est tout à fait blanc, ni tout à fait noir. Quelques moments légers et même poétiques permettent d’éviter l’écueil d’une noirceur trop complaisante. Au-delà de l’observation du monde pénitentiaire, la réalisatrice s’attache avant tout à nous proposer une étude du comportement humain en situation extrême. Ainsi Mathilde, professeur de lettres, doit apprendre à s’adapter à cet environnement hostile dont elle ne connaît rien, peuplé de femmes issues d’un milieu moins favorisé que le sien. Les surveillantes, prisonnières volontaires, tiraillées entre le règlement, les problèmes identitaires, leur désir de bien faire malgré le manque criant de moyens et leur besoin d’humanité (généreuse Carole Franck) se heurtent aux mêmes errements que celles dont elles ont la garde. La prison n’est décidément qu’une machine à écraser les êtres, quels qu’ils soient.
Mais cette magistrale mise en scène ne serait rien sans l’excellence du casting, à commencer par la présence de Sophie Marceau qui, en acceptant de tuer définitivement la petite Vic de La Boum nous révèle toute la diversité de son jeu d’actrice. Elle investit son rôle avec une force qu’on lui a rarement connue, se mettant à nu (dans tous les sens du terme) sans souci de son apparence physique. A la fois forte et fragile, elle est de tous les plans et nous subjugue par sa capacité à restituer avec une parfaite exactitude la palette infinie des sentiments de son héroïne, à l’instar du reste du casting qui est d’une authenticité à couper le souffle.
Un film noir mais astucieux qui grâce à cette bande de filles (actrices et réalisatrice) au talent infini parvient à mettre du beau dans du laid et de la lumière dans du noir. Qu’elles en soient remerciées !

Claudine Levanneur (avoiralire.com)

Soirée rencontre
jeudi 16 novembre 2017 à 20h15

en présence d'avocats et de membres des associations en lien avec le monde carcéral

Prison: les oubliés de la société

Soirée organisée dans le cadre des Journées Nationales Prison


LA TAULARDE

de Audrey Estrougo

avec Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny
FRANCE - 2016 - 1h40 - Interdit aux moins de 12 ans

Pour sauver l'homme qu'elle aime de la prison, Mathilde prend sa place en lui permettant de s'évader. Alors que sa survie en milieu carcéral ne dépend que de lui, Mathilde n'en reçoit plus aucune nouvelle. Isolée, soutenue uniquement par son fils, elle répond désormais au numéro d'écrou 383205-B. Mathilde deviendra-t-elle une taularde comme une autre ?


Soirée organisée par le Groupe Angevin de Concertation Prison:

- les visiteurs de prison
- le Secours Catholique
- les aumôneries de la Maison d'Arrêt
- les étudiants du Genepi
- Emmaüs
- l'association Olivier Giran (accueil des familles de personnes détenues)
- le Courrier de Bovet (correspondance avec les personnes détenues)
- la Ligue des Droits de l'Homme

A PROPOS

Audrey Estrougo se définit comme une réalisatrice citoyenne. Elle n’aime rien d’autre que de s’attaquer à ce qui dysfonctionne. Après Regarde moi en 2008 où il était question de la vie dans les cités, puis une fable sur les sans-papiers en 2011 avec Toi, moi et les autres et enfin en 2013 le très beau mais très ignoré Une histoire banale sur les conséquences du viol, la jeune réalisatrice, contre vents et marées, continue à s’emparer des sujets sociaux, en plantant sa caméra au cœur d’une prison de femmes.
On a encore tous en mémoire l’excellent Un prophète de Jacques Audiard abordant le thème de l’enfermement des hommes. Mais les films traitant des incarcérations dans l’hexagone sont rares. Le sujet peut paraître rébarbatif, surtout lorsqu’il s’agit d’un huis-clos entièrement tourné dans une ancienne prison désaffectée, du côté de Rennes. Et pourtant, c’est tout en subtilité qu’Estrougo nous décrit cet univers oppressant de violence et d’humiliation dont elle suggère, sans toutefois la dénoncer, la contre-productivité quant à une éventuelle réinsertion. Dans cet univers restreint où la promiscuité est constante, le choix de plans fixes et serrés nous étouffe petit à petit dans une ambiance sombre où la violence du dehors (menaces, chantages, arnaques ...) se retrouve confinée et démultipliée face à des détenues broyées et marginalisées, animées de rancœurs et de frustrations nées d’un enfermement insupportable. Enfin la restitution précise du cliquetis des clés et de l’ouverture des grilles conjuguée au brouhaha des cellules renforce encore l’horreur de la détention.
Comme dans toutes les histoires humaines, rien n’est tout à fait blanc, ni tout à fait noir. Quelques moments légers et même poétiques permettent d’éviter l’écueil d’une noirceur trop complaisante. Au-delà de l’observation du monde pénitentiaire, la réalisatrice s’attache avant tout à nous proposer une étude du comportement humain en situation extrême. Ainsi Mathilde, professeur de lettres, doit apprendre à s’adapter à cet environnement hostile dont elle ne connaît rien, peuplé de femmes issues d’un milieu moins favorisé que le sien. Les surveillantes, prisonnières volontaires, tiraillées entre le règlement, les problèmes identitaires, leur désir de bien faire malgré le manque criant de moyens et leur besoin d’humanité (généreuse Carole Franck) se heurtent aux mêmes errements que celles dont elles ont la garde. La prison n’est décidément qu’une machine à écraser les êtres, quels qu’ils soient.
Mais cette magistrale mise en scène ne serait rien sans l’excellence du casting, à commencer par la présence de Sophie Marceau qui, en acceptant de tuer définitivement la petite Vic de La Boum nous révèle toute la diversité de son jeu d’actrice. Elle investit son rôle avec une force qu’on lui a rarement connue, se mettant à nu (dans tous les sens du terme) sans souci de son apparence physique. A la fois forte et fragile, elle est de tous les plans et nous subjugue par sa capacité à restituer avec une parfaite exactitude la palette infinie des sentiments de son héroïne, à l’instar du reste du casting qui est d’une authenticité à couper le souffle.
Un film noir mais astucieux qui grâce à cette bande de filles (actrices et réalisatrice) au talent infini parvient à mettre du beau dans du laid et de la lumière dans du noir. Qu’elles en soient remerciées !

Claudine Levanneur (avoiralire.com)