12 JOURS - Raymond Depardon

A PROPOS

Un nouveau chapitre de la longue observation des rapports entre la folie et la justice par Raymond Depardon.

Depardon a filmé à plusieurs reprises les institutions juridiques et hospitalières, notammement psychiatriques (Urgences, Délits flagrants, 10e Chambre, etc.).12 jours s'inscrit dans cette veine de son cinéma documentaire, qui saisit les premiers contacts entre un individu enfermé (contrevenant, auteur de délit et/ou personne souffrant d'un déséquilibre mental) et l'institution qui va le confronter à la loi.

12 jours, c'est le temps imparti à la justice, depuis 2013, en France, pour qu'un juge estime si un malade mental hospitalisé sans son consentement (ce qu'on appelle couramment "interné" ou "interné de force") est justifié ou non, et si son séjour doit être prolongé ou non. La liberté ou sa privation, au moins encore pour un temps. La question est grave, selon surtout le souhait qu'en a le citoyen concerné.

Quelques individus hospitalisés depuis moins de douze jours, vont défiler, dans la petite pièce de l'hôpital où ils sont retenus, devant le juge qui suit leur dossier (quatre magistrats vont intervenir dans le film). Le juge fait le point avec eux, les circonstances de leur enfermement, leur passé psychaitrique et judiciaire (parfois très lourd), laisse la parole au malade puis à son avocat. Il fait état des rapports des médecins, puis statue.

Le dispositif, comme souvent chez Depardon, est très simple : des champs contrechamps, en l'occurrence. Et toujours aussi efficace. De film en film, au fil de l'évolution de la technique, l'image et le son ont gagné en profondeur. A la seconde où un être humain entre dans le champ, c'est un univers qui apparaît soudain, des vies meurtries, des crimes, la folie, la violence, la famille, le travail, etc. Chaque individu est un individu unique, aurait-on envie de dire, et c'est que qu'offre depuis toujours Depardon à la société : grâce au cinéma, il n'enferme jamais un homme ou une femme dans un cas psychiatrique, dans une prison formelle qui l'écraserait. L'enfermé est par définition fragilisé, quand on le confronte face à une institution administrative assez impressionnante. Depardon, avec sa caméra, sans rien faire, semble se protéger un peu et c'est bouleversant. C'est une fois de plus magnifique et implacable.

Jean Baptiste Morain (Les inrocks)

Avant première / rencontre
lundi 6 novembre 2017 à 20h15

SÉANCE COMPLÈTE

Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant


PAS DE VENTE EN LIGNE


12 JOURS

de Raymond Depardon

Documentaire
FRANCE - 2017 - 1h27 - Cannes 2017

Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience, d’un côté un juge, de l’autre un patient, entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et de la vie. 
http://12jours-lefilm.com/

A PROPOS

Un nouveau chapitre de la longue observation des rapports entre la folie et la justice par Raymond Depardon.

Depardon a filmé à plusieurs reprises les institutions juridiques et hospitalières, notammement psychiatriques (Urgences, Délits flagrants, 10e Chambre, etc.).12 jours s'inscrit dans cette veine de son cinéma documentaire, qui saisit les premiers contacts entre un individu enfermé (contrevenant, auteur de délit et/ou personne souffrant d'un déséquilibre mental) et l'institution qui va le confronter à la loi.

12 jours, c'est le temps imparti à la justice, depuis 2013, en France, pour qu'un juge estime si un malade mental hospitalisé sans son consentement (ce qu'on appelle couramment "interné" ou "interné de force") est justifié ou non, et si son séjour doit être prolongé ou non. La liberté ou sa privation, au moins encore pour un temps. La question est grave, selon surtout le souhait qu'en a le citoyen concerné.

Quelques individus hospitalisés depuis moins de douze jours, vont défiler, dans la petite pièce de l'hôpital où ils sont retenus, devant le juge qui suit leur dossier (quatre magistrats vont intervenir dans le film). Le juge fait le point avec eux, les circonstances de leur enfermement, leur passé psychaitrique et judiciaire (parfois très lourd), laisse la parole au malade puis à son avocat. Il fait état des rapports des médecins, puis statue.

Le dispositif, comme souvent chez Depardon, est très simple : des champs contrechamps, en l'occurrence. Et toujours aussi efficace. De film en film, au fil de l'évolution de la technique, l'image et le son ont gagné en profondeur. A la seconde où un être humain entre dans le champ, c'est un univers qui apparaît soudain, des vies meurtries, des crimes, la folie, la violence, la famille, le travail, etc. Chaque individu est un individu unique, aurait-on envie de dire, et c'est que qu'offre depuis toujours Depardon à la société : grâce au cinéma, il n'enferme jamais un homme ou une femme dans un cas psychiatrique, dans une prison formelle qui l'écraserait. L'enfermé est par définition fragilisé, quand on le confronte face à une institution administrative assez impressionnante. Depardon, avec sa caméra, sans rien faire, semble se protéger un peu et c'est bouleversant. C'est une fois de plus magnifique et implacable.

Jean Baptiste Morain (Les inrocks)