REMBRANDT FECIT 1669 - Jos Stelling

A PROPOS

Jos Stelling, cinéaste autodidacte né à Utrecht aux Pays-Bas, réalise plusieurs longs métrages originaux et fonde en 1981 le festival du cinéma néerlandais d’Utrecht. En 1975, il entre dans la compétition cannoise avec un premier long métrage, Mariken van Nieumeghen. Rembrandt Fecit 1669, réalisé en 1977, ressort sur les écrans à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du peintre. Jos Stelling nous offre une œuvre frémissante, extrêmement vivante et sensitive.

Et la lumière fut. Rembrandt van Rijn, maître de la peinture hollandaise, naît en 1606. L’artiste meurt en 1669. Le titre du film de Jos Stelling, Rembrandt Fecit 1669, est un clin d’œil au dernier autoportrait du peintre: c’est en ces termes que l’homme appose sa signature sur son ultime toile.

Le film retrace la vie du peintre à partir de son installation à Amsterdam, en 1631. Marié en 1634 à Saskia van Uylenburgh, Rembrandt connaît rapidement la notoriété. Peintre de l’intériorité, il excelle dans l’art de la nuance expressive et se révèle dans les nombreux portraits et autoportraits qu’il produit. Malgré une renommée qui ne cesse de croître, il rencontre de graves difficultés financières. Après le décès de son épouse, deux femmes vont successivement partager sa vie : Geertje Dircx, qui finira ses jours à l’asile et Hendrickje Stoffels, qui lui donnera une fille, Cornelia.

Ne nous trompons pas : le film de Stelling n’est pas une biographie du peintre. Si le réalisateur s’attache à dévoiler quelques éléments de la vie de l’homme, il refuse la simplicité et la linéarité de la pure biographie : pour le cinéaste, il s’agit d’interroger l’œuvre du peintre dans son processus de création. Avec quelques événements de la vie de l’artiste en toile de fond, le film plonge avant tout dans l’intimité créatrice du maître.

Stelling alterne les plans d’une scène d’époque, de la vie de l’homme et ceux des tableaux de l’artiste ; on reconnaît certaines œuvres fameuses : La Leçon d’anatomie du Docteur Nicolas Tulp, La Ronde de nuit. Le cinéaste glisse imperceptiblement d’une scène filmée dans l’embrasure d’une porte à l’exploration détaillée des étoffes, des matières et des couleurs. Par un travail remarquable sur la lumière qui ressuscite le clair-obscur des peintures de Rembrandt, Stelling modèle les visages de ses acteurs tout en saisissant l’essence de l’œuvre d’art : l’expressivité. Lorsque Rembrandt fait poser son épouse Saskia en Flore, le peintre arrange la couronne de fleurs et de fruits posée sur la tête de son modèle qui visiblement s’amuse ; la caméra lentement s’approche du visage de la jeune femme, la couronne n’est alors plus visible et le cinéaste saisit le regard et l’expression énigmatique du modèle dont le sourire a disparu.

« La splendeur théâtrale et métaphysique, le jeu avec la lumière comme composante dramatique et le pouvoir de Rembrandt de sortir du cadre de l’image dans des tableaux sombres et intimes, font de lui un phénomène sans égal. » Dramatique, la lumière est un personnage à part entière du film. Car comme le signifie Stelling dans un entretien, le point de départ du plan était l’obscurité, qu’il fallait remplir de lumière. Les scènes d’une intimité et d’une vie quotidienne baignent dans une clarté naturelle, les détails sont éclairés à la flamme d’une bougie ou au faisceau d’une lampe de poche. Par la composition des plans, par un montage audacieux, et par l’usage de l’ellipse, Stelling réussit, avec force, à capter l’émotion, le mouvement, la surprise, l’énigme ou l’esquisse d’un sourire sur les visages, dans les regards. Les dialogues se font rares et le cinéaste a préféré aux échanges verbaux l’intensité dramatique de la musique hollandaise du dix-septième siècle. Quatre siècles se sont écoulés depuis la naissance du peintre. Et le film de Stelling nous présente, aujourd’hui, un Rembrandt étonnamment vivant.

Marie Bigorrie (Critikat)

Ciné classique
dimanche 22 octobre 2017 à 17h45

présenté par Patrick Quérillacq, professeur d'arts plastiques


REMBRANDT FECIT 1669

de Jos Stelling

avec Frans Stelling, Ton De Koff, Haneke Van De Veld
PAYS-BAS - 1977 - 1h51 - VOST

La vie du maître légendaire Rembrandt van Rijn, à partir de son arrivée à Amsterdam en tant que peintre reconnu. On y découvre les démêlés amoureux et les difficultés financières d'un homme tourmenté.
http://www.eddistribution.com/rembrandt-fecit-1669/

A PROPOS

Jos Stelling, cinéaste autodidacte né à Utrecht aux Pays-Bas, réalise plusieurs longs métrages originaux et fonde en 1981 le festival du cinéma néerlandais d’Utrecht. En 1975, il entre dans la compétition cannoise avec un premier long métrage, Mariken van Nieumeghen. Rembrandt Fecit 1669, réalisé en 1977, ressort sur les écrans à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du peintre. Jos Stelling nous offre une œuvre frémissante, extrêmement vivante et sensitive.

Et la lumière fut. Rembrandt van Rijn, maître de la peinture hollandaise, naît en 1606. L’artiste meurt en 1669. Le titre du film de Jos Stelling, Rembrandt Fecit 1669, est un clin d’œil au dernier autoportrait du peintre: c’est en ces termes que l’homme appose sa signature sur son ultime toile.

Le film retrace la vie du peintre à partir de son installation à Amsterdam, en 1631. Marié en 1634 à Saskia van Uylenburgh, Rembrandt connaît rapidement la notoriété. Peintre de l’intériorité, il excelle dans l’art de la nuance expressive et se révèle dans les nombreux portraits et autoportraits qu’il produit. Malgré une renommée qui ne cesse de croître, il rencontre de graves difficultés financières. Après le décès de son épouse, deux femmes vont successivement partager sa vie : Geertje Dircx, qui finira ses jours à l’asile et Hendrickje Stoffels, qui lui donnera une fille, Cornelia.

Ne nous trompons pas : le film de Stelling n’est pas une biographie du peintre. Si le réalisateur s’attache à dévoiler quelques éléments de la vie de l’homme, il refuse la simplicité et la linéarité de la pure biographie : pour le cinéaste, il s’agit d’interroger l’œuvre du peintre dans son processus de création. Avec quelques événements de la vie de l’artiste en toile de fond, le film plonge avant tout dans l’intimité créatrice du maître.

Stelling alterne les plans d’une scène d’époque, de la vie de l’homme et ceux des tableaux de l’artiste ; on reconnaît certaines œuvres fameuses : La Leçon d’anatomie du Docteur Nicolas Tulp, La Ronde de nuit. Le cinéaste glisse imperceptiblement d’une scène filmée dans l’embrasure d’une porte à l’exploration détaillée des étoffes, des matières et des couleurs. Par un travail remarquable sur la lumière qui ressuscite le clair-obscur des peintures de Rembrandt, Stelling modèle les visages de ses acteurs tout en saisissant l’essence de l’œuvre d’art : l’expressivité. Lorsque Rembrandt fait poser son épouse Saskia en Flore, le peintre arrange la couronne de fleurs et de fruits posée sur la tête de son modèle qui visiblement s’amuse ; la caméra lentement s’approche du visage de la jeune femme, la couronne n’est alors plus visible et le cinéaste saisit le regard et l’expression énigmatique du modèle dont le sourire a disparu.

« La splendeur théâtrale et métaphysique, le jeu avec la lumière comme composante dramatique et le pouvoir de Rembrandt de sortir du cadre de l’image dans des tableaux sombres et intimes, font de lui un phénomène sans égal. » Dramatique, la lumière est un personnage à part entière du film. Car comme le signifie Stelling dans un entretien, le point de départ du plan était l’obscurité, qu’il fallait remplir de lumière. Les scènes d’une intimité et d’une vie quotidienne baignent dans une clarté naturelle, les détails sont éclairés à la flamme d’une bougie ou au faisceau d’une lampe de poche. Par la composition des plans, par un montage audacieux, et par l’usage de l’ellipse, Stelling réussit, avec force, à capter l’émotion, le mouvement, la surprise, l’énigme ou l’esquisse d’un sourire sur les visages, dans les regards. Les dialogues se font rares et le cinéaste a préféré aux échanges verbaux l’intensité dramatique de la musique hollandaise du dix-septième siècle. Quatre siècles se sont écoulés depuis la naissance du peintre. Et le film de Stelling nous présente, aujourd’hui, un Rembrandt étonnamment vivant.

Marie Bigorrie (Critikat)