ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Qu’il semble loin le temps où De Sica filmait son Umberto D. errant dans les rues de Rome, cherchant avec sa caméra le petit rien qui voudrait dire beaucoup. Car dans Mariage à l’italienne, il ne reste plus grand-chose de ce réalisateur là, l’artiste dominant son film étant devenu un artisan au service de celui-ci. Vittorio de Sica se fait petit derrière sa caméra, obnubilé par l’idée de mettre en valeur ses acteurs et son script. Et le but est atteint tant la réalisation modeste leur donne tout pouvoir.
Quelque part derrière, on sent également poindre le spectre de la comédie à l’italienne, genre par rapport auquel le film ne parvient jamais vraiment à se situer. Les effets comiques reposent principalement sur Marcello Mastroianni, mais ceux-ci interviennent souvent à contre-temps et peinent à arracher plus qu’un demi-sourire. D’autant que Mastroianni est assez mal servi par un personnage monolithique et figé, sur lequel les évènements et les années semblent glisser sans laisser de traces. Mais cette petite faiblesse devient une force tant ce ton étrange, naviguant sans cesse entre rires amères et joyeuses colères, finit par donner au film sa couleur et une personnalité à part.
L’organisation du récit contribue quant à elle au propos, les longs flashbacks renvoyant aux interrogations sur la vérité, permettant de construire doucement la réalité des choses et de découvrir les mensonges. Particulièrement pertinente, cette construction souligne surtout l’évolution du rapport de force entre les deux personnages. Car, s’il ne s’agit pas que de cela, ce sont pourtant deux des enjeux les plus forts du métrage : le rapport de domination et la dignité, les deux étant liés inextricablement.
Et puis, au milieu de tout ça, dévorant dans un même ensemble la réalisation et son partenaire de jeu, il y a Sophia Loren. Sur chacune des scènes où elle n’apparaît pas pèse son absence, et l’ensemble sombre alors lentement dans la léthargie. Le buste droit, la tête haute, le regard fier : la voila qui réapparaît et c’est soudainement toute la mécanique qui se réveille, le mouvement qui reprend. La force qu’elle dégage et la drôlerie mélancolique de son débit innarétable habillent ce film parfois bancal d’une chaleur émouvante. Et le spectateur minuscule la regarde trôner, rire en pleurant, et s’en aller dans un haussement d’épaules...
(avoiralire.com)
Séance d'ouverture
mercredi 8 novembre
2017 à 17h45
Séance d'ouverture présentée par Marie-France Touati-Caraguel, Association Cinéma Parlant
Soirée organisée dans le cadre de la semaine de cinéma de langue italienne
MARIAGE A L'ITALIENNE
de Vittorio De Sica
avec Sophia Loren, Marcello Mastroianni, Aldo Puglisi
ITALIE - 1964 - 1h44 - VOST
Durant de nombreuses années, Filumena a été à la fois servante et maîtresse de Domenico. Ce dernier a finalement décidé de se marier avec une jeune fille de bonne famille. C'est alors qu'elle décide de lui tendre un piège en lui faisant croire qu'elle est mourante et que son dernier désir est de se faire épouser. Dès que l'homme cède, la mourante ressuscite et lui apprend qu'il est déjà le père d'un de ses enfants...
A PROPOS
Qu’il semble loin le temps où De Sica filmait son Umberto D. errant dans les rues de Rome, cherchant avec sa caméra le petit rien qui voudrait dire beaucoup. Car dans Mariage à l’italienne, il ne reste plus grand-chose de ce réalisateur là, l’artiste dominant son film étant devenu un artisan au service de celui-ci. Vittorio de Sica se fait petit derrière sa caméra, obnubilé par l’idée de mettre en valeur ses acteurs et son script. Et le but est atteint tant la réalisation modeste leur donne tout pouvoir.
Quelque part derrière, on sent également poindre le spectre de la comédie à l’italienne, genre par rapport auquel le film ne parvient jamais vraiment à se situer. Les effets comiques reposent principalement sur Marcello Mastroianni, mais ceux-ci interviennent souvent à contre-temps et peinent à arracher plus qu’un demi-sourire. D’autant que Mastroianni est assez mal servi par un personnage monolithique et figé, sur lequel les évènements et les années semblent glisser sans laisser de traces. Mais cette petite faiblesse devient une force tant ce ton étrange, naviguant sans cesse entre rires amères et joyeuses colères, finit par donner au film sa couleur et une personnalité à part.
L’organisation du récit contribue quant à elle au propos, les longs flashbacks renvoyant aux interrogations sur la vérité, permettant de construire doucement la réalité des choses et de découvrir les mensonges. Particulièrement pertinente, cette construction souligne surtout l’évolution du rapport de force entre les deux personnages. Car, s’il ne s’agit pas que de cela, ce sont pourtant deux des enjeux les plus forts du métrage : le rapport de domination et la dignité, les deux étant liés inextricablement.
Et puis, au milieu de tout ça, dévorant dans un même ensemble la réalisation et son partenaire de jeu, il y a Sophia Loren. Sur chacune des scènes où elle n’apparaît pas pèse son absence, et l’ensemble sombre alors lentement dans la léthargie. Le buste droit, la tête haute, le regard fier : la voila qui réapparaît et c’est soudainement toute la mécanique qui se réveille, le mouvement qui reprend. La force qu’elle dégage et la drôlerie mélancolique de son débit innarétable habillent ce film parfois bancal d’une chaleur émouvante. Et le spectateur minuscule la regarde trôner, rire en pleurant, et s’en aller dans un haussement d’épaules...
(avoiralire.com)