ROBOCOP - Paul Verhoeven

A PROPOS

Janvier 1988. La France découvre Robocop, un film de science fiction avec un titre de série B idiot, un peu comme Terminator en 85, véritable blockbuster estival aux USA, et lancé en grande pompe à Avoriaz sur notre territoire où il remporte le grand Prix du Jury. Issu de l’imagination du jeune scénariste Ed Neumeier, le script est acheté par Orion et fait le tour des réalisateurs qui le déclinent tous les uns après les autres. C’est finalement Paul Verhoeven, chantre de la provocation décadente du vieux continent, qui accepte le métrage, avec la volonté d’en faire un pamphlet satirique, violent et fun.
Sortant de l’expérience mi-figue mi-raisin de la coproduction médiévale La chair et le sang, le réalisateur des notoires Spetters et le Quatrième Homme s’offre un ticket d’entrée sur le continent américain par la petite porte du cinéma B, mais ressort de l’aventure avec un premier effort hollywoodien musclé comme une grosse production, habilement tenu, véritable spectacle total pour les spectateurs de la fin des années 80.
Avec intelligence et non sans humour généreux, Verhoeven trouve en Robocop, également son premier long de science-fiction, l’expédient parfait pour asséner la société de consommation américaine d’un coup de massue, œuvrant à la fois pour un studio et frappant à fond contre les multinationales. Rien de bien méchant comparé à ses brûlots passés transpirant la sexualité, la provocation religieuse et la violence barbare. Toutefois, il réussit à sacrifier un brave flic, joué par le très froid Peter Weller des Aventures de Buckaroo Banzai, qu’il fait crucifier au fusil ; il en perd ses membres et devient, avant sa réincarnation complexe en homme-robot, une figure christique avec toute l’ironie que l’on connaît du cinéaste. La scène est violente et passera au cinéma tant bien que mal grâce à des coupes opérées pour éviter le classement X, disparues depuis avec la généralisation de l’exploitation du director’s cut en vidéo.
Robocop, premier d’une trilogie, et plus gros succès de la saga avec 53M$ (même le reboot semble avoir du mal à dépasser ce score), est toujours très estimable des décennies après sa sortie et s’inscrit logiquement parmi les meilleures œuvres de S.F. de son époque : effets spéciaux de qualité, même sans l’apport du numérique des œuvres actuelles, armures en béton pour la carapace du flic, scénario cocktail astucieux qui mélange le pop-corn movie et le drame existentiel... Car avant d’être une machine à exécuter la loi, Murphy est surtout un esprit enfermé contre son gré, dans la carcasse d’un robot, une créature pathétique errant entre la vie et la mort et utilisé par la société à des fins policières ambigües.

Frédéric Mignard (avoiralire.com)

Plans cultes / Soirée Paul Verhoeven
mardi 12 décembre 2017 à 19h45

19h45 : ROBOCOP
21h45 : STARSHIP TROOPERS

Tarif spécial soirée : 9€ les 2 films sinon tarifs habituels


ROBOCOP

de Paul Verhoeven

avec Peter Weller, Nancy Allen, Dan O'Herlihy
USA - 1987 - 1h42 - VOST - Interdit aux moins de 12 ans

A l'aube de l'an 2000, Detroit est la proie du crime et de la corruption. Pour pallier ce terrible état, les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d'acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme... 
https://www.facebook.com/RobocopMovie

A PROPOS

Janvier 1988. La France découvre Robocop, un film de science fiction avec un titre de série B idiot, un peu comme Terminator en 85, véritable blockbuster estival aux USA, et lancé en grande pompe à Avoriaz sur notre territoire où il remporte le grand Prix du Jury. Issu de l’imagination du jeune scénariste Ed Neumeier, le script est acheté par Orion et fait le tour des réalisateurs qui le déclinent tous les uns après les autres. C’est finalement Paul Verhoeven, chantre de la provocation décadente du vieux continent, qui accepte le métrage, avec la volonté d’en faire un pamphlet satirique, violent et fun.
Sortant de l’expérience mi-figue mi-raisin de la coproduction médiévale La chair et le sang, le réalisateur des notoires Spetters et le Quatrième Homme s’offre un ticket d’entrée sur le continent américain par la petite porte du cinéma B, mais ressort de l’aventure avec un premier effort hollywoodien musclé comme une grosse production, habilement tenu, véritable spectacle total pour les spectateurs de la fin des années 80.
Avec intelligence et non sans humour généreux, Verhoeven trouve en Robocop, également son premier long de science-fiction, l’expédient parfait pour asséner la société de consommation américaine d’un coup de massue, œuvrant à la fois pour un studio et frappant à fond contre les multinationales. Rien de bien méchant comparé à ses brûlots passés transpirant la sexualité, la provocation religieuse et la violence barbare. Toutefois, il réussit à sacrifier un brave flic, joué par le très froid Peter Weller des Aventures de Buckaroo Banzai, qu’il fait crucifier au fusil ; il en perd ses membres et devient, avant sa réincarnation complexe en homme-robot, une figure christique avec toute l’ironie que l’on connaît du cinéaste. La scène est violente et passera au cinéma tant bien que mal grâce à des coupes opérées pour éviter le classement X, disparues depuis avec la généralisation de l’exploitation du director’s cut en vidéo.
Robocop, premier d’une trilogie, et plus gros succès de la saga avec 53M$ (même le reboot semble avoir du mal à dépasser ce score), est toujours très estimable des décennies après sa sortie et s’inscrit logiquement parmi les meilleures œuvres de S.F. de son époque : effets spéciaux de qualité, même sans l’apport du numérique des œuvres actuelles, armures en béton pour la carapace du flic, scénario cocktail astucieux qui mélange le pop-corn movie et le drame existentiel... Car avant d’être une machine à exécuter la loi, Murphy est surtout un esprit enfermé contre son gré, dans la carcasse d’un robot, une créature pathétique errant entre la vie et la mort et utilisé par la société à des fins policières ambigües.

Frédéric Mignard (avoiralire.com)

STARSHIP TROOPERS - Paul Verhoeven

A PROPOS

Plus de dix ans ont passé depuis la polémique qui a fait rage au moment de la sortie de ce Starship troopers (1997), accusé par de nombreux critiques et intellectuels d’être une apologie du fascisme. Déjà à l’époque, il fallait vraiment être aveugle pour ne pas comprendre les intentions réelles des auteurs. Paul Verhoeven et son scénariste Edward Neumeier avaient déjà collaboré sur Robocop (1987) où de nombreux flashs de journaux télévisés dénonçaient par l’absurde la manipulation médiatique. En adaptant le roman de SF de Robert Heinlein (effectivement peu connu pour ses opinions progressistes), les deux lurons poussent le bouchon bien plus loin en réalisant un gigantesque spot de pub de plus de deux heures. Utilisant jusqu’à la nausée l’esthétique propre aux films de propagande nazis (merci Leni Riefenstahl), Verhoeven trouble le spectateur et le force à adopter le point de vue indéfendable de personnages d’une superficialité crasse. Ainsi, tous les protagonistes humains semblent sortis d’une agence de mannequins : beaux, musclés, absolument divins dans leur perfection physique, ils exhibent un sourire éclatant qui rappellent les figurines désincarnées des jouets Barbie. Durant une première heure, sans doute un peu trop longue, le cinéaste nous plonge dans un soap dégoulinant où les jeunes recrues qui s’engagent sont d’une naïveté et d’une superficialité irritantes. Ils sont en fait le produit d’une société normative dont on apprend peu à peu à déchiffrer les codes : la réflexion y est totalement absente, le service militaire est le seul moyen de devenir citoyen et les célébrations de masse se font sous des emblèmes impériaux (l’aigle d’acier). Au final, cette société « idéale » n’est autre qu’un vaste empire fasciste qui prétend se défendre contre des agresseurs aliens.

Très rapidement, le spectateur se rend compte que l’espèce en question est certes dangereuse, mais elle défend simplement son territoire colonisé par une puissance impérialiste. Les séquences finales qui montrent le cerveau alien faire l’objet d’expériences odieuses ne peuvent que confirmer l’aspect totalement ironique du long-métrage. En réalité, Paul Verhoeven s’en prend de manière indirecte à la toute-puissante Amérique. Les nombreuses séquences qui renvoient à la mythologie de la conquête de l’Ouest (l’attaque du fort en plein désert, la chevauchée de l’insecte géant) sont autant d’indices qui invitent le spectateur à réfléchir à l’extermination des Indiens par une société dite « civilisée ». A posteriori, on pourrait presque y voir un commentaire acerbe de l’intrusion américaine au Proche-Orient. A côté de cet aspect politique particulièrement détonnant, il ne faut pas négliger la qualité du spectacle de SF qui nous est offert. Sur ce plan, le cinéaste ne se moque pas de son public : il offre des combats spatiaux dantesques et de très violentes attaques entre humains et aliens. Très gore, Starship troopers bénéficie d’effets spéciaux absolument parfaits qui font du film une référence du genre. Alors, pour le sourire faux-jeton de Denise Richards et la représentation jubilatoire d’une société impérialiste, laissez-vous tenter par l’aventure.

Virgile Dumez (avoiralire.com)


STARSHIP TROOPERS

de Paul Verhoeven

avec Casper Van Dien, Dina Meyer, Denise Richards
USA - 1997 - 2h15 - VOST - Interdit aux moins de 12 ans

Au XXIVe siècle, une fédération musclée fait régner sur la Terre l'ordre et la vertu, exhortant sans relâche la jeunesse à la lutte, au devoir, à l'abnégation et au sacrifice de soi. Mais aux confins de la galaxie, une armée d'arachnides se dresse contre l'espèce humaine et ces insectes géants rasent en quelques secondes la ville de Buenos-Aires. Cinq jeunes gens, cinq volontaires à peine sortis du lycée, pleins d'ardeurs et de courage, partent en mission dans l'espace pour combattre les envahisseurs. Ils sont loin de se douter de ce qui les attend.
https://www.facebook.com/StarshipTroopersMovie/

A PROPOS

Plus de dix ans ont passé depuis la polémique qui a fait rage au moment de la sortie de ce Starship troopers (1997), accusé par de nombreux critiques et intellectuels d’être une apologie du fascisme. Déjà à l’époque, il fallait vraiment être aveugle pour ne pas comprendre les intentions réelles des auteurs. Paul Verhoeven et son scénariste Edward Neumeier avaient déjà collaboré sur Robocop (1987) où de nombreux flashs de journaux télévisés dénonçaient par l’absurde la manipulation médiatique. En adaptant le roman de SF de Robert Heinlein (effectivement peu connu pour ses opinions progressistes), les deux lurons poussent le bouchon bien plus loin en réalisant un gigantesque spot de pub de plus de deux heures. Utilisant jusqu’à la nausée l’esthétique propre aux films de propagande nazis (merci Leni Riefenstahl), Verhoeven trouble le spectateur et le force à adopter le point de vue indéfendable de personnages d’une superficialité crasse. Ainsi, tous les protagonistes humains semblent sortis d’une agence de mannequins : beaux, musclés, absolument divins dans leur perfection physique, ils exhibent un sourire éclatant qui rappellent les figurines désincarnées des jouets Barbie. Durant une première heure, sans doute un peu trop longue, le cinéaste nous plonge dans un soap dégoulinant où les jeunes recrues qui s’engagent sont d’une naïveté et d’une superficialité irritantes. Ils sont en fait le produit d’une société normative dont on apprend peu à peu à déchiffrer les codes : la réflexion y est totalement absente, le service militaire est le seul moyen de devenir citoyen et les célébrations de masse se font sous des emblèmes impériaux (l’aigle d’acier). Au final, cette société « idéale » n’est autre qu’un vaste empire fasciste qui prétend se défendre contre des agresseurs aliens.

Très rapidement, le spectateur se rend compte que l’espèce en question est certes dangereuse, mais elle défend simplement son territoire colonisé par une puissance impérialiste. Les séquences finales qui montrent le cerveau alien faire l’objet d’expériences odieuses ne peuvent que confirmer l’aspect totalement ironique du long-métrage. En réalité, Paul Verhoeven s’en prend de manière indirecte à la toute-puissante Amérique. Les nombreuses séquences qui renvoient à la mythologie de la conquête de l’Ouest (l’attaque du fort en plein désert, la chevauchée de l’insecte géant) sont autant d’indices qui invitent le spectateur à réfléchir à l’extermination des Indiens par une société dite « civilisée ». A posteriori, on pourrait presque y voir un commentaire acerbe de l’intrusion américaine au Proche-Orient. A côté de cet aspect politique particulièrement détonnant, il ne faut pas négliger la qualité du spectacle de SF qui nous est offert. Sur ce plan, le cinéaste ne se moque pas de son public : il offre des combats spatiaux dantesques et de très violentes attaques entre humains et aliens. Très gore, Starship troopers bénéficie d’effets spéciaux absolument parfaits qui font du film une référence du genre. Alors, pour le sourire faux-jeton de Denise Richards et la représentation jubilatoire d’une société impérialiste, laissez-vous tenter par l’aventure.

Virgile Dumez (avoiralire.com)




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