PATIENTS - Grand Corps Malade & Mehdi Idir

A PROPOS

COMPLET

Casse-gueule de se raconter à nouveau, lorsque l’on est auteur et slameur reconnu. Et qu’on a déjà témoigné d’un moment essentiel de son parcours atypique dans un livre, Patients, paru en 2012 aux Éditions Don Quichotte. Mais le défi et le renouveau font partie intrinsèque de la vie et de la création de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade. Ce nom de scène justement, qui trouve tout son sens originel avec ce récit d’un grand garçon à la carcasse brisée, qui se recolle en un avec la vie. Judicieuse idée de donner un autre prénom au héros du film, Ben. On est ici dans une fiction, et il faut accrocher à un personnage incarné par un acteur. Et ça marche.

Vu notamment chez Louis Julien Petit dans Discount et Carole Matthieu, et chez Emmanuelle Bercot dans La Fille de Brest, Pablo Pauly a la tâche délicate de se glisser dans la peau de celui que Grand Corps Malade fut, qui plus est devant sa caméra. Avec précision et sans esbroufe, il réussit une composition tout en finesse. Intérieure, forcément, car la plupart du temps immobilisé physiquement, avec comme moyen d’expression le visage, le regard, la voix. Puis le corps, progressivement, gagne en mouvement. Composition extérieure finalement, car l’enveloppe, même figée, donne à voir, exprime, témoigne. Qu’il soit alité, assis dans un fauteuil, ou qu’il tombe, et retombe.

Mehdi Idir et Grand Corps Malade misent sur une caméra subjective initiale, et la carte de l’immersion par identification totale fonctionne. Puis l’axe se déplace, pour faire voir celui par les yeux duquel on voyait jusque là, dans l’environnement de son recouvrement. Pari gagné de faire adhérer le spectateur à un lieu unique, souvent fermé, et à une intrigue réduite. Mais l’écriture est riche. Les micro-événements ont leur importance, et gagnent en sens avec leur répétition, qui s’enrichit chaque fois des liens tissés et de l’attention portée à l’Autre : soins, ateliers, exercices, visites, repas, échanges. Les enjeux de survie, d’amélioration physique, de cap mental et d’affects transcendent la peinture réaliste.

Chaque personnage vient d’un être réel que Fabien a côtoyé durant son année de rééducation. Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune et Franck Falise transmettent une humanité forte à leur version des autres patients, face aux soignants bienveillants (Yannick Renier, Dominique Blanc) et foutraques (Anne Benoît). Pas de visée tire-larmes, mais une option plein cap sur l’énergie et sur l’autostimulation. La croyance dans son être entier pour Grand Corps Malade, qui raconte la réincarnation et la reconquête de soi-même. Lui qui aura quarante ans cette année. Une corde de plus à son arc de funambule.

Olivier Pélisson (Bande à part)

Soirée rencontre
jeudi 14 septembre 2017 à 20h15

COMPLET
en présence de Tarik Ben Salah , association Handimaine et Valérie Jean, psychologue

Soirée organisée en collaboration avec l'association Atlas


PAS DE VENTE EN LIGNE


PATIENTS

de Grand Corps Malade & Mehdi Idir

Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly
FRANCE - 2017 - 1h50 - Prix du public Premiers Plans 2017

Se laver, s'habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens.... Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s'engueuler, se séduire mais surtout trouver l'énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l'histoire d'une renaissance, d'un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul.
https://www.facebook.com/Patients.LeFilm/

A PROPOS

COMPLET

Casse-gueule de se raconter à nouveau, lorsque l’on est auteur et slameur reconnu. Et qu’on a déjà témoigné d’un moment essentiel de son parcours atypique dans un livre, Patients, paru en 2012 aux Éditions Don Quichotte. Mais le défi et le renouveau font partie intrinsèque de la vie et de la création de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade. Ce nom de scène justement, qui trouve tout son sens originel avec ce récit d’un grand garçon à la carcasse brisée, qui se recolle en un avec la vie. Judicieuse idée de donner un autre prénom au héros du film, Ben. On est ici dans une fiction, et il faut accrocher à un personnage incarné par un acteur. Et ça marche.

Vu notamment chez Louis Julien Petit dans Discount et Carole Matthieu, et chez Emmanuelle Bercot dans La Fille de Brest, Pablo Pauly a la tâche délicate de se glisser dans la peau de celui que Grand Corps Malade fut, qui plus est devant sa caméra. Avec précision et sans esbroufe, il réussit une composition tout en finesse. Intérieure, forcément, car la plupart du temps immobilisé physiquement, avec comme moyen d’expression le visage, le regard, la voix. Puis le corps, progressivement, gagne en mouvement. Composition extérieure finalement, car l’enveloppe, même figée, donne à voir, exprime, témoigne. Qu’il soit alité, assis dans un fauteuil, ou qu’il tombe, et retombe.

Mehdi Idir et Grand Corps Malade misent sur une caméra subjective initiale, et la carte de l’immersion par identification totale fonctionne. Puis l’axe se déplace, pour faire voir celui par les yeux duquel on voyait jusque là, dans l’environnement de son recouvrement. Pari gagné de faire adhérer le spectateur à un lieu unique, souvent fermé, et à une intrigue réduite. Mais l’écriture est riche. Les micro-événements ont leur importance, et gagnent en sens avec leur répétition, qui s’enrichit chaque fois des liens tissés et de l’attention portée à l’Autre : soins, ateliers, exercices, visites, repas, échanges. Les enjeux de survie, d’amélioration physique, de cap mental et d’affects transcendent la peinture réaliste.

Chaque personnage vient d’un être réel que Fabien a côtoyé durant son année de rééducation. Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune et Franck Falise transmettent une humanité forte à leur version des autres patients, face aux soignants bienveillants (Yannick Renier, Dominique Blanc) et foutraques (Anne Benoît). Pas de visée tire-larmes, mais une option plein cap sur l’énergie et sur l’autostimulation. La croyance dans son être entier pour Grand Corps Malade, qui raconte la réincarnation et la reconquête de soi-même. Lui qui aura quarante ans cette année. Une corde de plus à son arc de funambule.

Olivier Pélisson (Bande à part)