JEAN CLAUDE BRIALY, LE GOÛT DES AUTRES - Henry-Jean Servat et Bruno Bouvier

A PROPOS

Dans une de ses plus délicieuses chansons, Boris Vian décrivait l'épouvantable travail de fond, l'épuisant entraînement auquel devait se soumettre tout apprenti avant de pouvoir s'écrier enfin : « J'suis snob ! » Ce n'est pas à moins d'efforts, de constance, d'énergie et de lucidité qu'a dû consentir Jean-Claude Brialy avant de pouvoir se regarder dans une glace (ce qu'il ne détestait pas), et de se dire : « Je suis léger. Enfin ! »

Le moins que puisse offrir un auteur quand il rend hommage à un maître, c'est de mettre lui-même en pratique les qualités de son modèle. Et c'est avec une légèreté infiniment profonde qu'Henry-Jean Servat brosse dans « Jean- Claude Brialy, le goût des autres » un portrait fascinant, élargissant et affinant de scène en scène la vision du personnage, grâce à un défilé brillantissime de témoins. Ainsi découvre-t-on les dessous d'un éclatant itinéraire qui a conduit un fils de militaire maintenu dans le droit chemin à la cravache jusqu'au sommet d'une carrière charmeuse, influente et, surtout, bienveillante. On apprend ainsi ce que doit à l'effort personnel un parcours professionnel réussi, dont nous n'avions pas jusqu'ici mesuré l'importance. Jamais encore je n'avais entendu un acteur révéler ses ficelles. Or Brialy explique sans détours comment, à ses débuts, il a délibérément subjugué, par un numéro de séduction très au point, de jeunes réalisateurs doués et ambitieux pour qu'ils l'engagent tous dans leur premier film. Ce qu'ils firent. Ils avaient nom Godard, Truffaut, Rohmer, Rivette, et surtout Chabrol. Il y a de soi-disant chances qui se méritent.

En approfondissant sans cesse son travail de statuaire, Henry-Jean Servat nous donne une fresque proustienne du monde du spectacle et du cinéma dans la seconde moitié du xxe siècle en France, une réflexion subtile et franche sur les dessous de la gloire, un témoignage sincère mais tendre sur la cruauté du temps qui passe. Max Ophuls observait que le bonheur n'est pas gai. Brialy et Servat nous prouvent qu'en plus, il n'est pas facile.
Le Nouvel Obs (mai 2013)

Hommage à Jean-Claude Brialy
mardi 20 juin 2017 à 19h45

en présence de Henry-Jean Servat, réalisateur,  Nicolas Briançon, directeur artistique du Festival d'Anjou et Claude Éric Poiroux, délégué général du Festival 1ers Plans.

À l’occasion des 10 ans de la disparition de Jean-Claude Brialy, le Festival d’Anjou et les 400 coups rendent hommage au directeur artistique, à l’amoureux de l’Anjou, à l’homme passionné et passionnant, qu’il était.

Soirée organisée en collaboration avec le Festival d'Anjou


JEAN CLAUDE BRIALY, LE GOÛT DES AUTRES

de Henry-Jean Servat et Bruno Bouvier

Documentaire
FRANCE - 1h30 - 2013

Acteur, auteur, artiste : Jean-Claude Brialy, disparu en 2007, est un personnage hors normes. Son parcours est affaire de rencontres professionnelles, mais surtout de profondes amitiés avec tous les grands de son époque. Fils de militaire, né en Algérie, le comédien a longtemps rêvé de faire carrière dans le cinéma. Pour réaliser ses fantasmes, il s'enfuit du domicile de ses parents, au milieu des années 1950 et débarque à Paris, où il ne tarde pas à rencontrer un succès époustouflant. Disséminés à travers les recoins de sa demeure à tourelles et de son théâtre des Bouffes-Parisiens, les amis de Brialy évoquent l'artiste comme l'homme, sensible et extravagant.    

A PROPOS

Dans une de ses plus délicieuses chansons, Boris Vian décrivait l'épouvantable travail de fond, l'épuisant entraînement auquel devait se soumettre tout apprenti avant de pouvoir s'écrier enfin : « J'suis snob ! » Ce n'est pas à moins d'efforts, de constance, d'énergie et de lucidité qu'a dû consentir Jean-Claude Brialy avant de pouvoir se regarder dans une glace (ce qu'il ne détestait pas), et de se dire : « Je suis léger. Enfin ! »

Le moins que puisse offrir un auteur quand il rend hommage à un maître, c'est de mettre lui-même en pratique les qualités de son modèle. Et c'est avec une légèreté infiniment profonde qu'Henry-Jean Servat brosse dans « Jean- Claude Brialy, le goût des autres » un portrait fascinant, élargissant et affinant de scène en scène la vision du personnage, grâce à un défilé brillantissime de témoins. Ainsi découvre-t-on les dessous d'un éclatant itinéraire qui a conduit un fils de militaire maintenu dans le droit chemin à la cravache jusqu'au sommet d'une carrière charmeuse, influente et, surtout, bienveillante. On apprend ainsi ce que doit à l'effort personnel un parcours professionnel réussi, dont nous n'avions pas jusqu'ici mesuré l'importance. Jamais encore je n'avais entendu un acteur révéler ses ficelles. Or Brialy explique sans détours comment, à ses débuts, il a délibérément subjugué, par un numéro de séduction très au point, de jeunes réalisateurs doués et ambitieux pour qu'ils l'engagent tous dans leur premier film. Ce qu'ils firent. Ils avaient nom Godard, Truffaut, Rohmer, Rivette, et surtout Chabrol. Il y a de soi-disant chances qui se méritent.

En approfondissant sans cesse son travail de statuaire, Henry-Jean Servat nous donne une fresque proustienne du monde du spectacle et du cinéma dans la seconde moitié du xxe siècle en France, une réflexion subtile et franche sur les dessous de la gloire, un témoignage sincère mais tendre sur la cruauté du temps qui passe. Max Ophuls observait que le bonheur n'est pas gai. Brialy et Servat nous prouvent qu'en plus, il n'est pas facile.
Le Nouvel Obs (mai 2013)

LE BEAU SERGE - Claude Chabrol

A PROPOS

Grâce à un petit héritage personnel, Claude Chabrol, alors jeune critique aux Cahiers du cinéma, produit lui-même son premier film, réalisé avec le concours efficace d'une bande de copains réunie dans un village de la Creuse, Sardant, au cours de l'hiver 1957-58. Il ne coûtera que 42 millions de francs et symbolisera, dans le monde vieillissant du 7e Art, l'irruption  de la jeunesse.
En novembre 1957, Françoise Giroud, qui avait le sens des formules, écrivait dans l'Express : -  " la Nouvelle Vague arrive !" - L'image était lancée. L'année suivante, la France, pays conservateur, allait se doter d'une nouvelle Constitution et placer à la tête d'une société, prospère mais vétuste, un vieux militaire qui savait dire non à la fatalité : Charles de Gaulle.
La Nouvelle Vague fut au cinéma un mouvement d'une ampleur exceptionnelle comme le sera la Ve République et cette vague secouera vigoureusement un art qui avait pris l'habitude de ronronner paisiblement à l'abri des grandes convulsions innovantes. Et Le beau Serge sera considéré comme le manifeste de cette Nouvelle Vague cinématographique. " Confrontation, dans le cadre très minutieusement décrit d'une campagne pauvre, de deux types de jeunes hommes, fort opposés et néanmoins amis " - dira de son film le réalisateur lors de sa présentation au public. Il ajoutait qu'il s'agissait là " d'une traversée des apparences". En effet - poursuivait-il - au-delà des apparences, une vérité doit peu à peu de dégager pour le spectateur : l'instable, le complexé, le fou, ce n'est pas Serge mais François. (...) En somme dans "Le beau Serge" se juxtaposent deux films : l'un dans lequel Serge est le sujet et François l'objet, l'autre dans lequel François est le sujet et Serge l'objet. Par définition, c'est le premier de ces films qui apparaît tout d'abord. L'idéal pour moi est que l'on soit sensible à l'autre". 

LE BEAU SERGE

de Claude Chabrol

avec Gérard Blain, Jean-Claude Brialy, Bernadette Lafont
FRANCE - 1958 - 1h37

 Francois retourne dans son village après des années d'absence. Il y retrouve son ami Serge qui, de son mariage avec Yvonne, a eu un enfant trisomique et a sombré dans l'alcool. 

A PROPOS

Grâce à un petit héritage personnel, Claude Chabrol, alors jeune critique aux Cahiers du cinéma, produit lui-même son premier film, réalisé avec le concours efficace d'une bande de copains réunie dans un village de la Creuse, Sardant, au cours de l'hiver 1957-58. Il ne coûtera que 42 millions de francs et symbolisera, dans le monde vieillissant du 7e Art, l'irruption  de la jeunesse.
En novembre 1957, Françoise Giroud, qui avait le sens des formules, écrivait dans l'Express : -  " la Nouvelle Vague arrive !" - L'image était lancée. L'année suivante, la France, pays conservateur, allait se doter d'une nouvelle Constitution et placer à la tête d'une société, prospère mais vétuste, un vieux militaire qui savait dire non à la fatalité : Charles de Gaulle.
La Nouvelle Vague fut au cinéma un mouvement d'une ampleur exceptionnelle comme le sera la Ve République et cette vague secouera vigoureusement un art qui avait pris l'habitude de ronronner paisiblement à l'abri des grandes convulsions innovantes. Et Le beau Serge sera considéré comme le manifeste de cette Nouvelle Vague cinématographique. " Confrontation, dans le cadre très minutieusement décrit d'une campagne pauvre, de deux types de jeunes hommes, fort opposés et néanmoins amis " - dira de son film le réalisateur lors de sa présentation au public. Il ajoutait qu'il s'agissait là " d'une traversée des apparences". En effet - poursuivait-il - au-delà des apparences, une vérité doit peu à peu de dégager pour le spectateur : l'instable, le complexé, le fou, ce n'est pas Serge mais François. (...) En somme dans "Le beau Serge" se juxtaposent deux films : l'un dans lequel Serge est le sujet et François l'objet, l'autre dans lequel François est le sujet et Serge l'objet. Par définition, c'est le premier de ces films qui apparaît tout d'abord. L'idéal pour moi est que l'on soit sensible à l'autre".