RODIN - Jacques Doillon

A PROPOS

Rodin, de Depardieu à Lindon
Avant que Vincent Lindon ne prête ses traits au célèbre sculpteur Rodin, un autre grand acteur s'est glissé dans la peau de l'artiste, Gérard Depardieu dans Camille Claudel en 1987.

La genèse de Rodin

Jacques Doillon revient sur la manière dont le projet Rodin est venu à lui : "Lorsque mon film précédent, Mes Séances de lutte, est sorti, deux producteurs de documentaires m’ont contacté pour me dire qu’il leur avait fait penser à Rodin. Comme la célébration du centenaire de la mort du sculpteur se profilait, ils m’ont proposé d’envisager la réalisation d’un documentaire sur lui. Je connaissais son oeuvre, mais sans plus. J’avais été quelquefois au musée, voilà tout. J’ai accepté dans un premier temps, mais assez vite, j’ai imaginé des scènes de fiction pour mieux « faire revivre l’animal ». Au fur et à mesure de l’écriture, la fiction a pris de plus en plus de place, et je me suis aperçu que je n’étais pas intéressé ou capable de faire un film documentaire, qu’il me fallait des comédiens. J’ai donc décliné cette offre et j’ai continué à écrire, en me documentant, des scènes de « fiction ». La première écriture terminée, je suis allé voir Vincent Lindon à qui le projet a plu. Vincent a mis en marche la machine : Kristina Larsen a souhaité le produire, et voilà… !"

Tournage

Rodin a été tourné durant le printemps 2016 à Chartres et Meudon, dans la vraie maison de Rodin : "Nous avons tourné à Meudon, dans la maison de Rodin, dans sa chambre et dans sa salle à manger. Le grand Christ espagnol que l’on voit dans sa chambre était le sien. Pour le reste, on n’a pas toujours pu utiliser des maquettes, trop fragiles, et des sculptures authentiques. On a donc fait faire des reproductions par de très bons sculpteurs. Plusieurs éléments que vous voyez dans le film sont authentiques : la salle à manger, des éléments de l’atelier, ainsi que le lit. C’est une drôle de sensation que de faire revivre les lieux réellement investis par les personnages, fouler le même escalier, marcher sur le plancher, s’asseoir dans l’atelier et voir la silhouette de Vincent Lindon, c’est un voyage dans le temps.", précise la chef-décoratrice Katia Wyszkop.

La vie qui l'emporte

Jacques Doillon a une façon bien à lui de concevoir un tournage : "C’est la vie qui m’importe et qui l’emporte. C’est la raison pour laquelle j’ai besoin d’être surpris sur un tournage pour que la vie jaillisse. Je n’aime donc pas beaucoup les repérages, et quand j’arrive sur le plateau, je n’ai pas d’idées préconçues sur ce que je vais faire. On a la scène, les dialogues, mais la manière dont les comédiens vont bouger dans la mise en place que j’improvise, ça, je ne veux pas le savoir à l’avance, sinon c’est de l’exécution."

Rodin, star de 2017

2017 marque l'année du 100ème anniversaire de la mort d'Auguste Rodin, une année parfaite pour ce biopic, qui fêtera sûrement l'événement de fort belle manière, avec une sélection au Festival de Cannes.

Une actrice rare

La comédienne Séverine Caneele interprète Rose Beuret, compagne de Rodin, qui épousera le sculpteur quelques semaines avant sa mort. L'actrice, originaire de Bailleul, a une histoire insolite. Formée en tant qu'ouvrière dans le textile, elle répond un jour à une annonce de Bruno Dumont. Le cinéaste lui offre le rôle de Domino dans son deuxième long métrage L'Humanite. Le film est présenté à Cannes en 1999 et la comédienne obtient un prix d'interprétation feminine très controversé pour son premier rôle. Aucune proposition ne suit et Severine Caneele retourne travailler en usine. Elle ne jouera ensuite que dans 3 films, Une part du ciel, Holy Lola et Quand la mer monte. Ce dernier rôle remonte à 2004. On retrouve donc Séverine au cinéma plus de 13 ans après avoir quitté le grand écran.

La musique d'une scène

Pour comprendre la musique d’une scène, il faut que Jacques Doillon puisse en ressentir l’étendue, la voir dans toute sa longueur : "Je ne peux donc pas dire « coupez ! » tant qu’une scène n’est pas terminée. C’est aussi pour cette raison que je tourne à deux caméras. Je refuse le découpage au tournage pour permettre la circulation de l’énergie et pour trouver la musique de l’ensemble. Si je devais procéder par fragments, je sais que je ne pourrais pas saisir grand-chose. À moi de me débrouiller pour que les acteurs puissent jouer avec bonheur la scène du début jusqu’à la fin. Ce sont des caméras portées, qui ne sont pas frénétiques, souvent assez « fixes », mais à leur « bonne » place pour que la fluidité de la petite « chorégraphie » des acteurs soit ressentie. Idéalement, c’est une « mise en scène » peu visible, comme le prolongement= discret de ma main, même si ce n’est pas moi qui tiens la caméra."

Incarner Rodin

Vincent Lindon a pris très au sérieux l’obligation de savoir manipuler la terre, et a suivi un grand nombre de cours avec un sculpteur : "Comment travaillait exactement Rodin ? Nul ne le sait. Il y a beaucoup de livres d’historiens sur lui, mais il n’existe pas de témoignage de proches collaborateurs qui le décrivent au travail. Il existe un petit film de Sacha Guitry sur lui, mais on le voit avec un burin en train de taper sur de la pierre. C’est comique et Rodin en sourit d’ailleurs lui-même", confie Jacques Doillon.

Dans la peau de Camille Claudel

Après Isabelle Adjani (Camille Claudel) et Juliette Binoche (Camille Claudel, 1915), c'est au tour d'Izïa Higelin de camper la muse de Rodin, Camille Claudel : "Elle s’est imposée à moi, car je voulais de la jeunesse et de la gaieté pour interpréter Camille Claudel. Je ne voulais pas la plomber d’entrée. Je ne l’avais pas vue jouer et ça m’allait bien. Je retrouvais les gènes virevoltants du père, avec qui j’avais travaillé vingt ans plus tôt. Elle avait une belle intensité, et une joyeuse vivacité ; ça me semblait très bien coller au personnage de Camille, à sa fantaisie joyeuse qui a tant séduit Rodin et à son exaltation qui pouvait vite tourner à l’orage. Elle a été une évidence tout de suite pour moi", explique Jacques Doillon.

Reproduire les sculptures de Rodin

Une des oeuvres les plus emblématiques de Rodin, La Porte de l'Enfer, a été intégralement reconstituée : "Nous avons fait le pari de la reconstruire grandeur nature. Il ne fallait pas qu’elle soit plus grande, pour ne pas toucher la structure du toit. Pendant les quatre semaines du tournage dans l’atelier, la porte s’élaborait en fonction des séquences. Il y avait des sculpteurs qui, chaque matin ou soir, mettaient en place les nouveaux éléments que l’on avait construits durant nos sept semaines de préparation", indique Jacques Doillon.
L'équipe du film a également réuni des sculpteurs intermittents du spectacle, de jeunes sculpteurs de l’École des Beaux-Arts, des professeurs, qui ont tous travaillé de nombreuses semaines dans l'atelier de Rodin. Pour une dizaine de sculptures, l'équipe a aussi utilisé une imprimante 3D. Rodin avait plusieurs ateliers qui ont été réunis pour n’en faire qu’un, où les modèles venaient poser, où la terre, le moulage et le marbre étaient travaillés.

Le musée Rodin impliqué

L'équipe du musée Rodin a été très impliquée dans la production du film, comme le souligne Véronique Mattiussi, responsable du fonds historique du musée : "Le musée s’attacha à répondre aux attentes précises de la production, tout en découvrant en temps réel les besoins d’un projet historiquement ambitieux et ses contraintes cinématographiques. La motivation du musée sûrement renforcée par le désir de participer, à sa façon, à une aventure exceptionnelle tout en servant le projet, fut récompensée tant Jacques Doillon, parvient avec sincérité à appréhender l’intériorité du statuaire, le tourment du génie et son moi dévastateur. L’écriture aussi personnelle que poétique du scénariste sert ici miraculeusement le récit authentique de l’itinéraire d’un artiste hors-norme."

Ciné Cosy
jeudi 1 juin 2017 à 13h15

Séance adaptée aux parents avec leur bébé, avec son adouci, mise à disposition d'une table à langer, d'un chauffe biberon...


RODIN

de Jacques Doillon

Avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele
FRANCE - 2017 - 1h59

A Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l'Etat : ce sera La Porte de L'Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme Le Baiser et Le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu'il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d'admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face au refus et à l'enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.

http://rodin-lefilm.com/presse/

A PROPOS

Rodin, de Depardieu à Lindon
Avant que Vincent Lindon ne prête ses traits au célèbre sculpteur Rodin, un autre grand acteur s'est glissé dans la peau de l'artiste, Gérard Depardieu dans Camille Claudel en 1987.

La genèse de Rodin

Jacques Doillon revient sur la manière dont le projet Rodin est venu à lui : "Lorsque mon film précédent, Mes Séances de lutte, est sorti, deux producteurs de documentaires m’ont contacté pour me dire qu’il leur avait fait penser à Rodin. Comme la célébration du centenaire de la mort du sculpteur se profilait, ils m’ont proposé d’envisager la réalisation d’un documentaire sur lui. Je connaissais son oeuvre, mais sans plus. J’avais été quelquefois au musée, voilà tout. J’ai accepté dans un premier temps, mais assez vite, j’ai imaginé des scènes de fiction pour mieux « faire revivre l’animal ». Au fur et à mesure de l’écriture, la fiction a pris de plus en plus de place, et je me suis aperçu que je n’étais pas intéressé ou capable de faire un film documentaire, qu’il me fallait des comédiens. J’ai donc décliné cette offre et j’ai continué à écrire, en me documentant, des scènes de « fiction ». La première écriture terminée, je suis allé voir Vincent Lindon à qui le projet a plu. Vincent a mis en marche la machine : Kristina Larsen a souhaité le produire, et voilà… !"

Tournage

Rodin a été tourné durant le printemps 2016 à Chartres et Meudon, dans la vraie maison de Rodin : "Nous avons tourné à Meudon, dans la maison de Rodin, dans sa chambre et dans sa salle à manger. Le grand Christ espagnol que l’on voit dans sa chambre était le sien. Pour le reste, on n’a pas toujours pu utiliser des maquettes, trop fragiles, et des sculptures authentiques. On a donc fait faire des reproductions par de très bons sculpteurs. Plusieurs éléments que vous voyez dans le film sont authentiques : la salle à manger, des éléments de l’atelier, ainsi que le lit. C’est une drôle de sensation que de faire revivre les lieux réellement investis par les personnages, fouler le même escalier, marcher sur le plancher, s’asseoir dans l’atelier et voir la silhouette de Vincent Lindon, c’est un voyage dans le temps.", précise la chef-décoratrice Katia Wyszkop.

La vie qui l'emporte

Jacques Doillon a une façon bien à lui de concevoir un tournage : "C’est la vie qui m’importe et qui l’emporte. C’est la raison pour laquelle j’ai besoin d’être surpris sur un tournage pour que la vie jaillisse. Je n’aime donc pas beaucoup les repérages, et quand j’arrive sur le plateau, je n’ai pas d’idées préconçues sur ce que je vais faire. On a la scène, les dialogues, mais la manière dont les comédiens vont bouger dans la mise en place que j’improvise, ça, je ne veux pas le savoir à l’avance, sinon c’est de l’exécution."

Rodin, star de 2017

2017 marque l'année du 100ème anniversaire de la mort d'Auguste Rodin, une année parfaite pour ce biopic, qui fêtera sûrement l'événement de fort belle manière, avec une sélection au Festival de Cannes.

Une actrice rare

La comédienne Séverine Caneele interprète Rose Beuret, compagne de Rodin, qui épousera le sculpteur quelques semaines avant sa mort. L'actrice, originaire de Bailleul, a une histoire insolite. Formée en tant qu'ouvrière dans le textile, elle répond un jour à une annonce de Bruno Dumont. Le cinéaste lui offre le rôle de Domino dans son deuxième long métrage L'Humanite. Le film est présenté à Cannes en 1999 et la comédienne obtient un prix d'interprétation feminine très controversé pour son premier rôle. Aucune proposition ne suit et Severine Caneele retourne travailler en usine. Elle ne jouera ensuite que dans 3 films, Une part du ciel, Holy Lola et Quand la mer monte. Ce dernier rôle remonte à 2004. On retrouve donc Séverine au cinéma plus de 13 ans après avoir quitté le grand écran.

La musique d'une scène

Pour comprendre la musique d’une scène, il faut que Jacques Doillon puisse en ressentir l’étendue, la voir dans toute sa longueur : "Je ne peux donc pas dire « coupez ! » tant qu’une scène n’est pas terminée. C’est aussi pour cette raison que je tourne à deux caméras. Je refuse le découpage au tournage pour permettre la circulation de l’énergie et pour trouver la musique de l’ensemble. Si je devais procéder par fragments, je sais que je ne pourrais pas saisir grand-chose. À moi de me débrouiller pour que les acteurs puissent jouer avec bonheur la scène du début jusqu’à la fin. Ce sont des caméras portées, qui ne sont pas frénétiques, souvent assez « fixes », mais à leur « bonne » place pour que la fluidité de la petite « chorégraphie » des acteurs soit ressentie. Idéalement, c’est une « mise en scène » peu visible, comme le prolongement= discret de ma main, même si ce n’est pas moi qui tiens la caméra."

Incarner Rodin

Vincent Lindon a pris très au sérieux l’obligation de savoir manipuler la terre, et a suivi un grand nombre de cours avec un sculpteur : "Comment travaillait exactement Rodin ? Nul ne le sait. Il y a beaucoup de livres d’historiens sur lui, mais il n’existe pas de témoignage de proches collaborateurs qui le décrivent au travail. Il existe un petit film de Sacha Guitry sur lui, mais on le voit avec un burin en train de taper sur de la pierre. C’est comique et Rodin en sourit d’ailleurs lui-même", confie Jacques Doillon.

Dans la peau de Camille Claudel

Après Isabelle Adjani (Camille Claudel) et Juliette Binoche (Camille Claudel, 1915), c'est au tour d'Izïa Higelin de camper la muse de Rodin, Camille Claudel : "Elle s’est imposée à moi, car je voulais de la jeunesse et de la gaieté pour interpréter Camille Claudel. Je ne voulais pas la plomber d’entrée. Je ne l’avais pas vue jouer et ça m’allait bien. Je retrouvais les gènes virevoltants du père, avec qui j’avais travaillé vingt ans plus tôt. Elle avait une belle intensité, et une joyeuse vivacité ; ça me semblait très bien coller au personnage de Camille, à sa fantaisie joyeuse qui a tant séduit Rodin et à son exaltation qui pouvait vite tourner à l’orage. Elle a été une évidence tout de suite pour moi", explique Jacques Doillon.

Reproduire les sculptures de Rodin

Une des oeuvres les plus emblématiques de Rodin, La Porte de l'Enfer, a été intégralement reconstituée : "Nous avons fait le pari de la reconstruire grandeur nature. Il ne fallait pas qu’elle soit plus grande, pour ne pas toucher la structure du toit. Pendant les quatre semaines du tournage dans l’atelier, la porte s’élaborait en fonction des séquences. Il y avait des sculpteurs qui, chaque matin ou soir, mettaient en place les nouveaux éléments que l’on avait construits durant nos sept semaines de préparation", indique Jacques Doillon.
L'équipe du film a également réuni des sculpteurs intermittents du spectacle, de jeunes sculpteurs de l’École des Beaux-Arts, des professeurs, qui ont tous travaillé de nombreuses semaines dans l'atelier de Rodin. Pour une dizaine de sculptures, l'équipe a aussi utilisé une imprimante 3D. Rodin avait plusieurs ateliers qui ont été réunis pour n’en faire qu’un, où les modèles venaient poser, où la terre, le moulage et le marbre étaient travaillés.

Le musée Rodin impliqué

L'équipe du musée Rodin a été très impliquée dans la production du film, comme le souligne Véronique Mattiussi, responsable du fonds historique du musée : "Le musée s’attacha à répondre aux attentes précises de la production, tout en découvrant en temps réel les besoins d’un projet historiquement ambitieux et ses contraintes cinématographiques. La motivation du musée sûrement renforcée par le désir de participer, à sa façon, à une aventure exceptionnelle tout en servant le projet, fut récompensée tant Jacques Doillon, parvient avec sincérité à appréhender l’intériorité du statuaire, le tourment du génie et son moi dévastateur. L’écriture aussi personnelle que poétique du scénariste sert ici miraculeusement le récit authentique de l’itinéraire d’un artiste hors-norme."