SPLIT - M. Night Shyamalan

A PROPOS

On n’y croyait plus, mais Shyamalan l’a accompli. Le réalisateur de Sixième Sense et Incassable revient à l’inspiration de ses débuts en construisant un scénario miracle servi aux oignons : finition d’écriture et confection artistique confinent au pur bijou du cinéma à suspense. L’auteur, produit astucieux des années « twists », cette fameuse décennie 90, caractérisée par les rebondissements des scripts de Joe Eszterhas (Basic Instinct) et l’ingéniosité de Bryan Singer (Usual suspects), ne perd pas son souffle en court de film et achève un thriller sinueux, torturé et paranoïaque, sur le thème des personnalités multiples d’un personnage fracturé, à l’image d’une réalisation qui ne manque pas de scinder ses images de façon bluffante.
James McAvoy, possédé, cultive en lui les voix, plus d’une vingtaine, alignant les tics et les tons variés pour un jeu protéiforme qui le relance dans la course des grands de ce siècle, aux côté de Michael Fassbender et de Tom Hardy.
Dans ce sinistre récit d’enlèvement d’adolescentes, qui peut évoquer aussi les ruptures du réel d’Un silence des Agneaux, le huis clos souterrain, en terres inconnues, est jouissif. Férocement acharné à nous dissimuler là où il veut nous mener, le réalisateur de Signes et Le Village brouille les pistes psychologiques, convoque les travestissements d’un Hitchcock (Psychose), l’excentricité maligne d’un Danny Boyle (Split cultive ses ressemblances avec Trance, qui était interprété par le même James McAvoy), pour finalement exhorter les genres qui s’entrechoquent jusqu’à un final paroxysmique, proche du survival sanglant, qui aurait (presque) pu convier l’apocalypse, et un rebondissement de situation tellement énorme qu’il réinscrit le film dans l’histoire.
Pour ses premiers pas dans le film d’épouvante psychiatrique, Shyamalan libère la bête qui sommeillait en lui et se rappelle à l’esprit des cinéphiles. Il a été grand et pourrait bien le revenir à nouveau.
To be continued.

Frédéric Mignard (Avoiralire.com)

Soirée Facebook
mardi 18 avril 2017 à 19h30

Vous avez été 388 à voter sur notre page facebook pour choisir le film que vous souhaiteriez voir programmé pour une soirée spéciale. Les 2 films que vous avez plébiscités sont donc :

19h30 : SPLIT
22h00 : A CURE FOR LIFE

9€ les 2 films


SPLIT

de M. Night Shyamalan

avec James McAvoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley
USA - 2017 - 1h57 - VOST - Interdit aux moins de 12 ans

Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats
https://www.facebook.com/SplitMovie/?fref=ts

A PROPOS

On n’y croyait plus, mais Shyamalan l’a accompli. Le réalisateur de Sixième Sense et Incassable revient à l’inspiration de ses débuts en construisant un scénario miracle servi aux oignons : finition d’écriture et confection artistique confinent au pur bijou du cinéma à suspense. L’auteur, produit astucieux des années « twists », cette fameuse décennie 90, caractérisée par les rebondissements des scripts de Joe Eszterhas (Basic Instinct) et l’ingéniosité de Bryan Singer (Usual suspects), ne perd pas son souffle en court de film et achève un thriller sinueux, torturé et paranoïaque, sur le thème des personnalités multiples d’un personnage fracturé, à l’image d’une réalisation qui ne manque pas de scinder ses images de façon bluffante.
James McAvoy, possédé, cultive en lui les voix, plus d’une vingtaine, alignant les tics et les tons variés pour un jeu protéiforme qui le relance dans la course des grands de ce siècle, aux côté de Michael Fassbender et de Tom Hardy.
Dans ce sinistre récit d’enlèvement d’adolescentes, qui peut évoquer aussi les ruptures du réel d’Un silence des Agneaux, le huis clos souterrain, en terres inconnues, est jouissif. Férocement acharné à nous dissimuler là où il veut nous mener, le réalisateur de Signes et Le Village brouille les pistes psychologiques, convoque les travestissements d’un Hitchcock (Psychose), l’excentricité maligne d’un Danny Boyle (Split cultive ses ressemblances avec Trance, qui était interprété par le même James McAvoy), pour finalement exhorter les genres qui s’entrechoquent jusqu’à un final paroxysmique, proche du survival sanglant, qui aurait (presque) pu convier l’apocalypse, et un rebondissement de situation tellement énorme qu’il réinscrit le film dans l’histoire.
Pour ses premiers pas dans le film d’épouvante psychiatrique, Shyamalan libère la bête qui sommeillait en lui et se rappelle à l’esprit des cinéphiles. Il a été grand et pourrait bien le revenir à nouveau.
To be continued.

Frédéric Mignard (Avoiralire.com)

A CURE FOR LIFE - Gore Verbinski

A PROPOS

Attention OFNI. Hollywood est parfois capable de nous clouer le bec et, en 2017, cela s’avère réjouissant. A cure for life ne ressemble en rien à l’offre actuelle de la production horrifique. Le film d’épouvante n’est pas un micro-budget à moins de 10M$, contrairement à 90% de ce qui se produit dans le domaine. L’on parlera d’ailleurs d’œuvre et non de produit, et elle est assumée comme tel par son studio. Ce n’est ni un remake, ni un reboot, encore moins une suite, et l’on ne sait jamais trop la direction que les scénaristes souhaitent emprunter tellement l’habillage est étrange. Il n’y a point d’héroïsme, puisque le personnage central est plus proche de l’anti-héros-égoïste que des canons de beaux gosses contemporains qui polluent un type de divertissement injustement associé au public adolescent.
De surcroît, le thriller abonde dans les thèmes glauques, entre inceste, viol ou réflexion sur le vieillissement en sanatorium, ce qui n’est pas franchement sexy pour les plus jeunes. Le réalisateur ose l’audace en alignant les séquences malaisées (gare aux dents et aux sangsues phalliques), et ne se montre nullement pudique quant à la nudité. Verbinski semble même vouloir porter un message sur la finance, avec une critique en filigrane du système financier capitaliste (assimilé donc aux sangsues, la métaphore est filée et offre une lecture riche de l’ensemble du film), de l’aliénation au travail…
Plus qu’inhabituel également, A cure for life affiche une durée excessive de 2h30, jamais observée dans le domaine. Ce qui peut être un frein avant d’entrer en salle, devient source de « bien-être » (wellness, en anglais), puisque l’on s’installe dans un trip intemporel, où l’on est invité à perdre ses repères hors du réel. La démarche ne répond pas à des obligations narratives (cela n’apporte a priori rien au récit, qui aurait largement pu être condensé), mais cela donne corps à la narration. Celle-ci précipite un jeune yuppie de la finance américaine, dans un établissement médical huppé, perdue dans les montagnes, à la recherche du patron d’une grande société, parti en cure. Il va lui-même perdre la notion du temps. Ce qui devait être un passage de quelques heures devient un séjour quasi… tombal. Ne soyons pas réfractaire face à la durée, l’ennui est inexistant et le sentiment d’apprécier le film dans sa littérarité est un vrai bonheur de cinéphile.
Comble du plaisir et de l’originalité dans le genre, le regard du cinéaste est celui d’un visionnaire qui compose l’image de trouvailles épatantes, infiniment grandioses et vertigineuses, à l’image du cadre alpin qui sert d’arrière-plan délicieusement gothique, effaçant ainsi les souvenirs d’une décennie de found-footages moisis. Sans aucune star à l’écran, le film est le fruit de l’imagination d’un réalisateur plutôt méconnu du grand public, même s’il a réalisé Pirates des Caraïbes ou le remake américain réussi de Ring, Monsieur Gore Verbinski. Le studio l’a suivi dans cette aventure irrationnelle, alors qu’il se relevait à peine d’un des plus gros échecs américains de la décennie, à savoir l’étonnant Lone Ranger, avec Johnny Depp, où il démontrait déjà qu’il n’était pas un cinéaste comme les autres, dans son goût pour les inserts décalés, du sublime visuel, et des durées, pour le coup, excessive. Aussi, nous saluerons Twentieth Century Fox, comme Warner à l’époque du remake de Mad Max, pour cette prise de risque commerciale décidément trop rare.
Nonobstant tous cela, l’on notera la multitude de critiques négatives que le film a reçue aux USA, dénotant les attentes trop élevées de certains après le visionnage de ses intrigantes bandes annonces. Il est vrai que l’aboutissement narratif n’est pas des plus satisfaisants, tout en étant curieux. Et c’est peut-être, nous semble-t-il, le seul petit reproche à faire au film qui n’offre pas vraiment de rebondissements de situation qui permet une relecture du film. Certains blâmeront le cinéaste pour ses excès d’ambitions. Dans la démesure, A cure for Life, titre ironique « français » à peine mieux que l’original (A cure for wellness), peut susciter l’animosité, voire l’antagonisme des réfractaires qui ne se retrouveront pas dans cet univers sombre, loin du pop corn movie habituel, vendu pourtant par une ridicule petite affiche de série B qui ne reflète pour le coup rien du monument gothique de Gore Verbinski.
Dans tout son dispositif de l’étrange et avec ses grands moyens A Cure for Life semble appelé à être un échec en salle. Malheureusement. Mais si tel est le cas, l’œuvre saura in fine se relever. Dans 15 ans, l’on imagine une autre génération s’interroger sur la réception critique et publique initiale d’un tel parangon du cinéma visionnaire. En attendant, un conseil, il serait infiniment dommage de se priver sur grand écran d’une vision aussi élaborée de cinéma. Sachez que l’auteur de ses lignes a parfaitement jubilé sans jamais sombrer dans l’ennui. Trop occupé à vivre l’expérience, comme ce qu’elle est, un magnifique hommage au cinéma et à la littérature gothiques britanniques. Oui, il y a du Mary Shelley, pour son goût pour la science, mais aussi du Horace Walpole et du Ann Radcliffe, dans cette peinture accidentée de la nature, donc forcément romantique également, au sens pictural du terme.
Cette offre d’alternative au cinéma balisé hollywoodien était inespérée. Le résultat dément tient du miracle. Tout simplement immanquable.

Frédéric Mignard (Avoiralire.com)

A CURE FOR LIFE

de Gore Verbinski

avec Dane DeHaan, Jason Isaacs, Mia Goth
USA - 2017 - 2h27 - VOST - Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Lockhart, jeune cadre ambitieux, est lancé sur la trace de son patron disparu dans un mystérieux centre de bien-être en Suisse.Pris au piège de l’Institut et de son énigmatique corps médical, il découvre peu à peu la sinistre nature des soins proposés aux patients. Alors qu’on lui diagnostique le même mal qui habite l’ensemble des pensionnaires, Lockhart n’a plus d’autres choix que de se soumettre à l’étrange traitement délivré par le centre…la Cure.
http://www.acureforwellness.com/

A PROPOS

Attention OFNI. Hollywood est parfois capable de nous clouer le bec et, en 2017, cela s’avère réjouissant. A cure for life ne ressemble en rien à l’offre actuelle de la production horrifique. Le film d’épouvante n’est pas un micro-budget à moins de 10M$, contrairement à 90% de ce qui se produit dans le domaine. L’on parlera d’ailleurs d’œuvre et non de produit, et elle est assumée comme tel par son studio. Ce n’est ni un remake, ni un reboot, encore moins une suite, et l’on ne sait jamais trop la direction que les scénaristes souhaitent emprunter tellement l’habillage est étrange. Il n’y a point d’héroïsme, puisque le personnage central est plus proche de l’anti-héros-égoïste que des canons de beaux gosses contemporains qui polluent un type de divertissement injustement associé au public adolescent.
De surcroît, le thriller abonde dans les thèmes glauques, entre inceste, viol ou réflexion sur le vieillissement en sanatorium, ce qui n’est pas franchement sexy pour les plus jeunes. Le réalisateur ose l’audace en alignant les séquences malaisées (gare aux dents et aux sangsues phalliques), et ne se montre nullement pudique quant à la nudité. Verbinski semble même vouloir porter un message sur la finance, avec une critique en filigrane du système financier capitaliste (assimilé donc aux sangsues, la métaphore est filée et offre une lecture riche de l’ensemble du film), de l’aliénation au travail…
Plus qu’inhabituel également, A cure for life affiche une durée excessive de 2h30, jamais observée dans le domaine. Ce qui peut être un frein avant d’entrer en salle, devient source de « bien-être » (wellness, en anglais), puisque l’on s’installe dans un trip intemporel, où l’on est invité à perdre ses repères hors du réel. La démarche ne répond pas à des obligations narratives (cela n’apporte a priori rien au récit, qui aurait largement pu être condensé), mais cela donne corps à la narration. Celle-ci précipite un jeune yuppie de la finance américaine, dans un établissement médical huppé, perdue dans les montagnes, à la recherche du patron d’une grande société, parti en cure. Il va lui-même perdre la notion du temps. Ce qui devait être un passage de quelques heures devient un séjour quasi… tombal. Ne soyons pas réfractaire face à la durée, l’ennui est inexistant et le sentiment d’apprécier le film dans sa littérarité est un vrai bonheur de cinéphile.
Comble du plaisir et de l’originalité dans le genre, le regard du cinéaste est celui d’un visionnaire qui compose l’image de trouvailles épatantes, infiniment grandioses et vertigineuses, à l’image du cadre alpin qui sert d’arrière-plan délicieusement gothique, effaçant ainsi les souvenirs d’une décennie de found-footages moisis. Sans aucune star à l’écran, le film est le fruit de l’imagination d’un réalisateur plutôt méconnu du grand public, même s’il a réalisé Pirates des Caraïbes ou le remake américain réussi de Ring, Monsieur Gore Verbinski. Le studio l’a suivi dans cette aventure irrationnelle, alors qu’il se relevait à peine d’un des plus gros échecs américains de la décennie, à savoir l’étonnant Lone Ranger, avec Johnny Depp, où il démontrait déjà qu’il n’était pas un cinéaste comme les autres, dans son goût pour les inserts décalés, du sublime visuel, et des durées, pour le coup, excessive. Aussi, nous saluerons Twentieth Century Fox, comme Warner à l’époque du remake de Mad Max, pour cette prise de risque commerciale décidément trop rare.
Nonobstant tous cela, l’on notera la multitude de critiques négatives que le film a reçue aux USA, dénotant les attentes trop élevées de certains après le visionnage de ses intrigantes bandes annonces. Il est vrai que l’aboutissement narratif n’est pas des plus satisfaisants, tout en étant curieux. Et c’est peut-être, nous semble-t-il, le seul petit reproche à faire au film qui n’offre pas vraiment de rebondissements de situation qui permet une relecture du film. Certains blâmeront le cinéaste pour ses excès d’ambitions. Dans la démesure, A cure for Life, titre ironique « français » à peine mieux que l’original (A cure for wellness), peut susciter l’animosité, voire l’antagonisme des réfractaires qui ne se retrouveront pas dans cet univers sombre, loin du pop corn movie habituel, vendu pourtant par une ridicule petite affiche de série B qui ne reflète pour le coup rien du monument gothique de Gore Verbinski.
Dans tout son dispositif de l’étrange et avec ses grands moyens A Cure for Life semble appelé à être un échec en salle. Malheureusement. Mais si tel est le cas, l’œuvre saura in fine se relever. Dans 15 ans, l’on imagine une autre génération s’interroger sur la réception critique et publique initiale d’un tel parangon du cinéma visionnaire. En attendant, un conseil, il serait infiniment dommage de se priver sur grand écran d’une vision aussi élaborée de cinéma. Sachez que l’auteur de ses lignes a parfaitement jubilé sans jamais sombrer dans l’ennui. Trop occupé à vivre l’expérience, comme ce qu’elle est, un magnifique hommage au cinéma et à la littérature gothiques britanniques. Oui, il y a du Mary Shelley, pour son goût pour la science, mais aussi du Horace Walpole et du Ann Radcliffe, dans cette peinture accidentée de la nature, donc forcément romantique également, au sens pictural du terme.
Cette offre d’alternative au cinéma balisé hollywoodien était inespérée. Le résultat dément tient du miracle. Tout simplement immanquable.

Frédéric Mignard (Avoiralire.com)