QUAND LES BULLES ÉCLATENT - Hans Petter Moland

A PROPOS

C’est dans la petite commune de Vik, sur la côté ouest de la Norvège, que le réalisateur Hans Petter Moland a décidé de poser sa caméra pour témoigner des conséquences concrètes de la crise de 2008. Peu avant la crise, les habitants avaient lancé un vaste projet de désenclavement de la ville. En prévision de ce grand investissement, ils avaient mis toute la trésorerie de la bourgade dans des obligations que leur avait vendues Citigroup, via la Vik Savings Bank… Des produits réputés sûrs et garantis. Mais c’était sans compter sur la crise dite des subprimes, qui a vu s’envoler l’intégralité de leurs économies et, avec elles, leurs rêves de désenclavement.

Tel est le point de départ de ce road-movie économique où l’on va suivre, durant tout le documentaire, le voyage initiatique des élus du village, partis outre-Atlantique comprendre comment et pourquoi ils avaient été abusés. Comment cette petite ville aisée, enrichie pendant des années par l’industrie hydro-électrique, s’était retrouvée ruinée. Comment cette ville élue « ville la plus agréable à vivre de Norvège » (pays lui-même élu « pays le plus agréable à vivre au monde ») avait perdu sa quiétude.

Les interviews d’économistes tout au long du documentaire fonctionnent comme un fil conducteur pour prendre par la main le spectateur et l’amener à la prise de conscience de la nature profonde du problème. À ce titre, Carlota Perez, historienne économique, y tient le premier rôle. Elle replace cette crise des subprimes dans la longue succession des crises qui ont rythmé ces deux derniers siècles.

À chaque fois le même processus. À chaque fois l’arrivée d’une révolution technique (généralement accompagnée de nouveaux moyens de communication (les canaux, les trains, les bateaux à vapeur, l’automobile, puis internet…). À chaque fois une crise, suite à l’explosion de la bulle financière du crédit qui avait accompagné la révolution. À chaque fois un âge d’or après la reprise en main de la régulation financière (l’ère victorienne, la belle époque, les 30 glorieuses…). Mais cette fois-ci, il pourrait bien en être différemment. Car pour la première fois dans l’histoire les marchés financiers sont devenus plus puissants que les États, et les multinationales au-dessus de nos gouvernements.

La force du film tient, d’une manière générale, beaucoup à la grande qualité des interviews d’experts économiques, et en premier lieu, de Joseph Stiglitz (toujours très juste) et de Michael Hudson. Sur la forme, le documentaire bénéficie également d’une image très travaillée et d’une scénarisation qui en fait plus qu’un documentaire. C’est aussi un film très bien documenté, avec notamment des images pour moi inconnues de Central Park dans les années 30 (surprenant !) ou les images très fortes de Détroit, une ville en ruine, comme abandonnée après une guerre… une guerre économique.

Quand les bulles éclatent pourrait être un excellent préquel au documentaire Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, tant il se termine précisément là où Demain démarre… Sur ce constat d’une fin de cycle, et la nécessité absolue de réfléchir à l’après.

Nico Las (TDH)

Ciné doc
jeudi 27 avril 2017 à 20h15

en présence de Christophe Hélou, enseignant en classe préparatoire économique

Soirée organisée en collaboration avec ATTAC


QUAND LES BULLES ÉCLATENT

de Hans Petter Moland

Documentaire
NORVEGE - 2017 - 1h37 - VOST

Cette enquête partant de Norvège examine les mécanismes derrière les bulles et les crises économiques aux quatre coins du monde. Et si notre système actuel était arrivé à sa fin, quel monde choisir pour demain ? 
http://www.jupiter-films.com/film-quand-les-bulles-eclatent-71.php

A PROPOS

C’est dans la petite commune de Vik, sur la côté ouest de la Norvège, que le réalisateur Hans Petter Moland a décidé de poser sa caméra pour témoigner des conséquences concrètes de la crise de 2008. Peu avant la crise, les habitants avaient lancé un vaste projet de désenclavement de la ville. En prévision de ce grand investissement, ils avaient mis toute la trésorerie de la bourgade dans des obligations que leur avait vendues Citigroup, via la Vik Savings Bank… Des produits réputés sûrs et garantis. Mais c’était sans compter sur la crise dite des subprimes, qui a vu s’envoler l’intégralité de leurs économies et, avec elles, leurs rêves de désenclavement.

Tel est le point de départ de ce road-movie économique où l’on va suivre, durant tout le documentaire, le voyage initiatique des élus du village, partis outre-Atlantique comprendre comment et pourquoi ils avaient été abusés. Comment cette petite ville aisée, enrichie pendant des années par l’industrie hydro-électrique, s’était retrouvée ruinée. Comment cette ville élue « ville la plus agréable à vivre de Norvège » (pays lui-même élu « pays le plus agréable à vivre au monde ») avait perdu sa quiétude.

Les interviews d’économistes tout au long du documentaire fonctionnent comme un fil conducteur pour prendre par la main le spectateur et l’amener à la prise de conscience de la nature profonde du problème. À ce titre, Carlota Perez, historienne économique, y tient le premier rôle. Elle replace cette crise des subprimes dans la longue succession des crises qui ont rythmé ces deux derniers siècles.

À chaque fois le même processus. À chaque fois l’arrivée d’une révolution technique (généralement accompagnée de nouveaux moyens de communication (les canaux, les trains, les bateaux à vapeur, l’automobile, puis internet…). À chaque fois une crise, suite à l’explosion de la bulle financière du crédit qui avait accompagné la révolution. À chaque fois un âge d’or après la reprise en main de la régulation financière (l’ère victorienne, la belle époque, les 30 glorieuses…). Mais cette fois-ci, il pourrait bien en être différemment. Car pour la première fois dans l’histoire les marchés financiers sont devenus plus puissants que les États, et les multinationales au-dessus de nos gouvernements.

La force du film tient, d’une manière générale, beaucoup à la grande qualité des interviews d’experts économiques, et en premier lieu, de Joseph Stiglitz (toujours très juste) et de Michael Hudson. Sur la forme, le documentaire bénéficie également d’une image très travaillée et d’une scénarisation qui en fait plus qu’un documentaire. C’est aussi un film très bien documenté, avec notamment des images pour moi inconnues de Central Park dans les années 30 (surprenant !) ou les images très fortes de Détroit, une ville en ruine, comme abandonnée après une guerre… une guerre économique.

Quand les bulles éclatent pourrait être un excellent préquel au documentaire Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, tant il se termine précisément là où Demain démarre… Sur ce constat d’une fin de cycle, et la nécessité absolue de réfléchir à l’après.

Nico Las (TDH)