T2 TRAINSPOTTING - Danny Boyle

A PROPOS

Il y a 21 ans sortait Trainspotting, second long-métrage d’un dénommé Danny Boyle, dont la tête d’affiche était tenue par Ewan McGregor. Racontant les dérives d’une jeunesse écossaises sans espoir, se morfondant dans l’ennui, avec une réalisation paradoxalement punchy et imaginative et le tout dopé par une bande-son tour à tour sauvage, planante ou mélancolique, cet ovni avait tout pour devenir culte et générationnel. Et c’est ce qu’il fut.
Succès oblige, une suite eut tôt fait d’être attendue... Et elle aura mis son temps à venir puisque évoquée par le réalisateur anglais une première fois en 2009 seulement. Ce sera finalement chose faite en 2017 et, en 20 ans, les choses ont forcément changé : le numérique s’est emparé de nos vies comme du cinéma, la crise économique est passée par là, apportant avec elle le populisme qui en découle, Ewan McGregor est devenu une star, Danny Boyle s’est construit une filmographie des plus intéressantes... Mais la jeunesse écossaise de 1996, elle, s’emmerde toujours autant.

T2 Trainspotting a donc des allures de retrouvailles avec des vieux potes perdus de vue, et c’est d’ailleurs ce qui nous est conté au début. Après une longue absence, Renton (Ewan McGregor) retourne dans sa ville natale, aussi déprimante qu’elle le fut à son départ, peut-être même encore plus. Là, il recroise le chemin de sa bande de l’époque, cette même bande qu’il a quittée sans même un au-revoir. Une suite presque directe donc, et qui reprend de loin la trame du roman dont elle s’inspire, le Porno d’Irvin Wesh (de nombreuses différences de scénarios justifient pleinement le changement de titre, ainsi que les raisons commerciales que l’on devine).

Ne nous mentons pas, les sensations de l’époque ne seront pas retrouvées dans ce séquel qui semble avant tout vouloir faire vibrer la fibre nostalgique du spectateur. Les échos au film originel sont nombreux (par le biais de citations, de flash-back, ou même pas une habile utilisation de la musique), peut-être trop, et si l’on ne remet jamais en cause l’honnêteté de la démarche, l’intérêt de T2 ne pourra qu’être moindre pour un novice découvrant Renton, Spud, Sick Boy et Begbie pour la première fois. Les autres devraient être soulagés que la formule fonctionne toujours autant. On ne peut que ressentir de l’empathie envers ces personnages tous plus ou moins paumés, toujours à la dérive, et se traînant un accent écossais à couper au couteau (il est d’ailleurs hautement recommandable de voir le film en v.o.). Chaque protagoniste, du plus important au plus mineur, a une personnalité qui lui est propre. Cela se mettant au service de situations parfois vraiment drôles. Et, à l’instar du film de 96, ce qui pourrait ne s’apparenter qu’à une comédie un peu trash se charge parfois d’une tension et d’une gravité dotée de vrais enjeux dramatiques.

Il serait néanmoins exagéré de prétendre que le nouveau long de Danny Boyle se contente de ressasser le passé d’un œil ému. Car la justesse du propos est toujours là, et en cela, T2 Trainspotting est peut-être plus alarmiste que son prédécesseur. En 20 ans, tout n’a fait que se dégrader un petit peu plus, et ce, même si une petite lueur d’espoir subsiste toujours d’une manière ou d’un autre (la notion d’opportunités à saisir). T2 n’a pourtant rien de déprimant, car outre l’aspect comédie évoqué plus haut, le cinéaste, ayant acquis beaucoup d’expérience depuis le temps, a su pleinement apprivoiser l’outil numérique pour donner corps à une mise en scène stylisée et moderne (on sent que 127 heures et Trance sont passés par là). Son modèle donnait parfois cette impression de "trip filmé", et c’est ici toujours le cas (de manière toute relative, nous ne sommes pas non plus dans le jusqu’au-boutisme d’Enter The Void).

T2 Trainspotting a donc des contours de Trainspotting bis, prenant ses propres initiatives, sans faire table rase du passé. Et justement, qu’est-ce qu’on l’aime ce passé. Parfaitement requinquant.

Hugo Maurier (Avoiralire.com)

Avant première
lundi 27 février 2017 à 19h45


T2 TRAINSPOTTING

de Danny Boyle

avec Ewan McGregor, Jonny Lee Miller, Ewen Bremner, Robert Carlyle
GRANDE BRETAGNE - 2017 - 1h57 - VOST

D'abord, une bonne occasion s'est présentée. Puis vint la trahison.
Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, d'autres non.
Mark Renton revient au seul endroit qu'il ait jamais considéré comme son foyer.
Spud, Sick Boy et Begbie l'attendent.
Mais d'autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l'amitié, le désir, la peur, les regrets, l'héroïne, l'autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l'accueillir, prêtes à entrer dans la danse... 
https://www.facebook.com/T2.Trainspotting.LeFilm

A PROPOS

Il y a 21 ans sortait Trainspotting, second long-métrage d’un dénommé Danny Boyle, dont la tête d’affiche était tenue par Ewan McGregor. Racontant les dérives d’une jeunesse écossaises sans espoir, se morfondant dans l’ennui, avec une réalisation paradoxalement punchy et imaginative et le tout dopé par une bande-son tour à tour sauvage, planante ou mélancolique, cet ovni avait tout pour devenir culte et générationnel. Et c’est ce qu’il fut.
Succès oblige, une suite eut tôt fait d’être attendue... Et elle aura mis son temps à venir puisque évoquée par le réalisateur anglais une première fois en 2009 seulement. Ce sera finalement chose faite en 2017 et, en 20 ans, les choses ont forcément changé : le numérique s’est emparé de nos vies comme du cinéma, la crise économique est passée par là, apportant avec elle le populisme qui en découle, Ewan McGregor est devenu une star, Danny Boyle s’est construit une filmographie des plus intéressantes... Mais la jeunesse écossaise de 1996, elle, s’emmerde toujours autant.

T2 Trainspotting a donc des allures de retrouvailles avec des vieux potes perdus de vue, et c’est d’ailleurs ce qui nous est conté au début. Après une longue absence, Renton (Ewan McGregor) retourne dans sa ville natale, aussi déprimante qu’elle le fut à son départ, peut-être même encore plus. Là, il recroise le chemin de sa bande de l’époque, cette même bande qu’il a quittée sans même un au-revoir. Une suite presque directe donc, et qui reprend de loin la trame du roman dont elle s’inspire, le Porno d’Irvin Wesh (de nombreuses différences de scénarios justifient pleinement le changement de titre, ainsi que les raisons commerciales que l’on devine).

Ne nous mentons pas, les sensations de l’époque ne seront pas retrouvées dans ce séquel qui semble avant tout vouloir faire vibrer la fibre nostalgique du spectateur. Les échos au film originel sont nombreux (par le biais de citations, de flash-back, ou même pas une habile utilisation de la musique), peut-être trop, et si l’on ne remet jamais en cause l’honnêteté de la démarche, l’intérêt de T2 ne pourra qu’être moindre pour un novice découvrant Renton, Spud, Sick Boy et Begbie pour la première fois. Les autres devraient être soulagés que la formule fonctionne toujours autant. On ne peut que ressentir de l’empathie envers ces personnages tous plus ou moins paumés, toujours à la dérive, et se traînant un accent écossais à couper au couteau (il est d’ailleurs hautement recommandable de voir le film en v.o.). Chaque protagoniste, du plus important au plus mineur, a une personnalité qui lui est propre. Cela se mettant au service de situations parfois vraiment drôles. Et, à l’instar du film de 96, ce qui pourrait ne s’apparenter qu’à une comédie un peu trash se charge parfois d’une tension et d’une gravité dotée de vrais enjeux dramatiques.

Il serait néanmoins exagéré de prétendre que le nouveau long de Danny Boyle se contente de ressasser le passé d’un œil ému. Car la justesse du propos est toujours là, et en cela, T2 Trainspotting est peut-être plus alarmiste que son prédécesseur. En 20 ans, tout n’a fait que se dégrader un petit peu plus, et ce, même si une petite lueur d’espoir subsiste toujours d’une manière ou d’un autre (la notion d’opportunités à saisir). T2 n’a pourtant rien de déprimant, car outre l’aspect comédie évoqué plus haut, le cinéaste, ayant acquis beaucoup d’expérience depuis le temps, a su pleinement apprivoiser l’outil numérique pour donner corps à une mise en scène stylisée et moderne (on sent que 127 heures et Trance sont passés par là). Son modèle donnait parfois cette impression de "trip filmé", et c’est ici toujours le cas (de manière toute relative, nous ne sommes pas non plus dans le jusqu’au-boutisme d’Enter The Void).

T2 Trainspotting a donc des contours de Trainspotting bis, prenant ses propres initiatives, sans faire table rase du passé. Et justement, qu’est-ce qu’on l’aime ce passé. Parfaitement requinquant.

Hugo Maurier (Avoiralire.com)