VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS - Bertrand Tavernier

A PROPOS

COMPLET

Découvert à Cannes en mai dernier, le documentaire fleuve de Bertrand Tavernier avait eu cet effet rare de reposer soudain les nerfs de la poignée de spectateurs venus se barricader et s’isoler trois heures durant des combats critiques déchaînés du Festival. Hébergé dans la douillette sélection parallèle de Cannes Classic, le film, à l’écart de toute compétition, étirait langoureusement sa déambulation amicale dans les ruelles secrètes d’un cinéma national trop méconnu. Nul doute que le film gardera son pouvoir apaisant, aujourd’hui qu’une sortie en salle lui est offerte. Dès la première image, voyant Bertrand Tavernier arpenter le jardin de sa maison d’enfance avec sa démarche d’albatros, le film avance au rythme des pas d’un vieil homme, revenu sur les tombes de ses chers disparus, et marque d’emblée son originalité. Nul documentaire au ton professoral ici, mais bien plutôt une forme d’autobiographie pudique, où une existence de cinéphile se révèle dans les plis de pellicules anciennes, et s’illumine à la lueur d’images oubliées et tremblotantes. Avec sa voix haut perchée, traversée d’aigus enthousiastes ou se voilant souvent d’un timbre grave vibrant d’émotion, Tavernier abandonne un instant sa fébrilité d’artiste engagé pour revoir se dérouler les films de sa vie comme on regarde couler un fleuve à la tombée du jour, dans une invite lancée aux spectateurs de s’asseoir à ses côtés, et laisser les fantômes de Julien Duvivier, Jean Sacha, Claude Sautet et tant d’autres venir à leur rencontre.

Emmanuel Raspiengeas (Bande à part)

Séance exceptionnelle
vendredi 27 janvier 2017 à 09h30

COMPLET


VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS

de Bertrand Tavernier

Documentaire
FRANCE - 2016 - 3h15

Ce travail de citoyen et d'espion, d'explorateur et de peintre, de chroniqueur et d'aventurier qu'ont si bien décrit tant d'auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n'est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l'on a envie d'appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de l'Atalante, à Duvivier, aussi bien qu'à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d'une scène ou d'un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c'est un peu de charbon pour les nuits d'hiver.
http://www.pathefilms.com/film/voyageatraverslecinemafrancais

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Découvert à Cannes en mai dernier, le documentaire fleuve de Bertrand Tavernier avait eu cet effet rare de reposer soudain les nerfs de la poignée de spectateurs venus se barricader et s’isoler trois heures durant des combats critiques déchaînés du Festival. Hébergé dans la douillette sélection parallèle de Cannes Classic, le film, à l’écart de toute compétition, étirait langoureusement sa déambulation amicale dans les ruelles secrètes d’un cinéma national trop méconnu. Nul doute que le film gardera son pouvoir apaisant, aujourd’hui qu’une sortie en salle lui est offerte. Dès la première image, voyant Bertrand Tavernier arpenter le jardin de sa maison d’enfance avec sa démarche d’albatros, le film avance au rythme des pas d’un vieil homme, revenu sur les tombes de ses chers disparus, et marque d’emblée son originalité. Nul documentaire au ton professoral ici, mais bien plutôt une forme d’autobiographie pudique, où une existence de cinéphile se révèle dans les plis de pellicules anciennes, et s’illumine à la lueur d’images oubliées et tremblotantes. Avec sa voix haut perchée, traversée d’aigus enthousiastes ou se voilant souvent d’un timbre grave vibrant d’émotion, Tavernier abandonne un instant sa fébrilité d’artiste engagé pour revoir se dérouler les films de sa vie comme on regarde couler un fleuve à la tombée du jour, dans une invite lancée aux spectateurs de s’asseoir à ses côtés, et laisser les fantômes de Julien Duvivier, Jean Sacha, Claude Sautet et tant d’autres venir à leur rencontre.

Emmanuel Raspiengeas (Bande à part)