L'EXORCISTE - William Friedkin

A PROPOS

Le romancier William Peter Blatty rencontre un succès inattendu avec son roman The exorcist lorsque le studio Warner Bros compte s’emparer de la poule aux oeufs d’or afin d’en tirer un long métrage. Bon nombre de réalisateurs sont pressentis, de Stanley Kubrick en passant par Mark Rydell avant que William Peter Blatty n’impose William Friedkin. Ce dernier, tout juste auréolé par le triomphe de French connection (1971), choisit de traiter ce cas de possession démoniaque comme un véritable documentaire, s’affranchissant ainsi des figures imposées d’un genre pourtant très codifié. Avec une très grande économie de moyens et un minimum d’effets, le réalisateur se penche sur le destin d’une ado pré-pubère qui est peu à peu possédée par le diable, ainsi que sur l’effet que cet événement extraordinaire induit sur l’entourage de la victime.
Prenant irrémédiablement son temps (il faut attendre près d’une cinquantaine de minutes avant la première manifestation directe du démon), Friedkin a à coeur de décrire les tourments psychologiques de la mère - magnifique Ellen Burstyn - et du prêtre qui lui vient en aide. Avec un grand souci d’ancrer le surnaturel dans le quotidien, le réalisateur crée petit à petit une sorte de malaise qui ne quitte plus le spectateur jusqu’au mot fin, comme si une présence maléfique se trouvait derrière chaque plan. Lorsque le fantastique finit par s’imposer, le choc en est alors décuplé.
Osant mettre dans la bouche de la jeune Linda Blair les plus ordurières paroles, le cinéaste multiplie les séquences outrageantes pour l’Eglise : le point d’orgue étant bien entendu le passage où la jeune fille possédée s’introduit un crucifix dans le sexe. Autant d’éléments chocs qui deviendront par la suite la marque de fabrique d’un auteur pas toujours inspiré, mais constamment fasciné par les racines du Mal. Porté par une réalisation limpide et épurée, une musique sublime utilisée avec parcimonie (le fameux thème de Mike Oldfield ne se fait entendre que trois fois) et des acteurs habités par leurs rôles, L’exorciste demeure aujourd’hui encore un modèle inégalé, provoquant l’angoisse et le doute plus qu’une peur panique. Ses trois suites, aussi différentes les unes que les autres, ainsi que tous les ersatz qui ont fleuri dans les années 70 (La malédiction pour n’en citer qu’un) ne lui sont jamais arrivés à la cheville. Le diable les emporte !

Virgile Dumez (avoiralire.com)

L'épouvantable soirée
lundi 31 octobre 2016 à 20h00

20h : L'EXORCISTE de William Friedkin
22h30 : THE WITCH de Robert Eggers

Tarif spécial soirée : 9€ les 2 films sinon tarifs habituels


L'EXORCISTE

de William Friedkin

avec Linda Blair, Ellen Burstyn, Max von Sydow
USA - 1973 - 2h02 - VOST - Réédition - Version restaurée - Interdit aux moins de 12 ans

En Irak, le Père Merrin est profondément troublé par la découverte d'une figurine du démon Pazuzu et les visions macabres qui s'ensuivent.
Parallèlement, à Washington, la maison de l'actrice Chris MacNeil est troublée par des phénomènes étranges : celle-ci est réveillée par des grattements mystérieux provenant du grenier, tandis que sa fille Regan se plaint que son lit bouge.
Quelques jours plus tard, une réception organisée par Chris est troublée par l'arrivée de Regan, qui profère des menaces de mort à l'encontre du réalisateur Burke Dennings. Les crises se font de plus en plus fréquentes. En proie à des spasmes violents, l'adolescente devient méconnaissable.
Chris fait appel à un exorciste. L'Eglise autorise le Père Damien Karras à officier en compagnie du Père Merrin. Une dramatique épreuve de force s'engage alors pour libérer Regan. 

A PROPOS

Le romancier William Peter Blatty rencontre un succès inattendu avec son roman The exorcist lorsque le studio Warner Bros compte s’emparer de la poule aux oeufs d’or afin d’en tirer un long métrage. Bon nombre de réalisateurs sont pressentis, de Stanley Kubrick en passant par Mark Rydell avant que William Peter Blatty n’impose William Friedkin. Ce dernier, tout juste auréolé par le triomphe de French connection (1971), choisit de traiter ce cas de possession démoniaque comme un véritable documentaire, s’affranchissant ainsi des figures imposées d’un genre pourtant très codifié. Avec une très grande économie de moyens et un minimum d’effets, le réalisateur se penche sur le destin d’une ado pré-pubère qui est peu à peu possédée par le diable, ainsi que sur l’effet que cet événement extraordinaire induit sur l’entourage de la victime.
Prenant irrémédiablement son temps (il faut attendre près d’une cinquantaine de minutes avant la première manifestation directe du démon), Friedkin a à coeur de décrire les tourments psychologiques de la mère - magnifique Ellen Burstyn - et du prêtre qui lui vient en aide. Avec un grand souci d’ancrer le surnaturel dans le quotidien, le réalisateur crée petit à petit une sorte de malaise qui ne quitte plus le spectateur jusqu’au mot fin, comme si une présence maléfique se trouvait derrière chaque plan. Lorsque le fantastique finit par s’imposer, le choc en est alors décuplé.
Osant mettre dans la bouche de la jeune Linda Blair les plus ordurières paroles, le cinéaste multiplie les séquences outrageantes pour l’Eglise : le point d’orgue étant bien entendu le passage où la jeune fille possédée s’introduit un crucifix dans le sexe. Autant d’éléments chocs qui deviendront par la suite la marque de fabrique d’un auteur pas toujours inspiré, mais constamment fasciné par les racines du Mal. Porté par une réalisation limpide et épurée, une musique sublime utilisée avec parcimonie (le fameux thème de Mike Oldfield ne se fait entendre que trois fois) et des acteurs habités par leurs rôles, L’exorciste demeure aujourd’hui encore un modèle inégalé, provoquant l’angoisse et le doute plus qu’une peur panique. Ses trois suites, aussi différentes les unes que les autres, ainsi que tous les ersatz qui ont fleuri dans les années 70 (La malédiction pour n’en citer qu’un) ne lui sont jamais arrivés à la cheville. Le diable les emporte !

Virgile Dumez (avoiralire.com)

THE WITCH - Robert Eggers

A PROPOS

Exorcisme, possession, satanisme... Depuis une dizaine d'années, l'imaginaire et la symbolique chrétienne règnent sur le fantastique américain, avec la bénédiction d'un public jeune, qui plébiscite ce revival sous influence (Insidious, The Conjuring, etc...). Avec The Witch, le réalisateur Robert Eggers nous propose de revenir aux origines de cette mythologie populaire et de comprendre combien la vision que nous en proposent nombre de films contemporains est aseptisée, simplifiée à l'extrême.

Il sera ici question d'une famille, que son fondamentalisme religieux a condamné à vivre éloigné de la Colonie de Nouvelle Angleterre où elle avait trouvé refuge. Installé à l'orée d'une forêt inquiétante, le clan se dissout alors que des évènements de plus en pus étranges le mettent à l'épreuve. De ce postulat, le film tire une passionnante analyse de nos peurs et de leurs origines, en revenant aux fondements esthétiques de notre conception du mal.

C'est tout un pan de l'imaginaire occidental qui assaille les personnages de The Witch. Car si sorcière il y a, la peur s'insinue ici via un complexe jeu de références. Symbolique païenne, retour de l'animalité, sexualité réfrénée mais suintant de chaque image, importance du sang... La présence du surnaturel ne sera jamais circonscrite à un élément ou à un personnage, mais guette littéralement à l'intérieur de chaque séquence, s'infiltre dans le film et le spectateur, créant un hors-champ fantasmagorique d'une remarquable puissance.

Chaque scène referme inexorablement le piège qui se noue autour des personnages. Au centre du dispositif, l'excellente idée de mener à la fois une analyse critique du fondamentalisme religieux ET un récit fantastique frontal. Entre la folie religieuse, les interprétations implacables de faits anodins et la propagation d'une horreur venue du fond des âges, le spectateur n'a aucune échappatoire, aucun répit.

On l'aura compris, The Witch entend nous reconnecter violemment avec une peur primitive. Et Robert Eggers y parvient. Âpre, tournée dans un décor rugueux et porté par un anglais du XVIIème siècle dont les accents gutturaux hantent une bande-originale tourmentée, son oeuvre est exigeante mais terriblement accessible, en cela qu'elle nous ramène à un état de pure croyance, où l'interprétation des signes, la foi et la folie s'entremêlent.

Plastiquement somptueux, toujours ambigu, le film atteint lors de sa conclusion une maîtrise telle qu'une simple voix, guettée par le spectateur depuis le début du cauchemar, suffit à créer un sentiment de terreur abyssal. Ce sont les dernières minutes du film qui révèlent le talent de Robert Eggers, alors que The Witch s'assume totalement et nous plonge dans une horreur inscrite en filigrane dans la culture occidentale.

Simon Riaux (Ecranlarge.com)

THE WITCH

de Robert Eggers

avec Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie
Canada / USA - 2016 - 1h33 - VOST - Interdit aux moins de 12 ans

1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres… 
https://www.facebook.com/TheWitchMovie/?fref=ts

A PROPOS

Exorcisme, possession, satanisme... Depuis une dizaine d'années, l'imaginaire et la symbolique chrétienne règnent sur le fantastique américain, avec la bénédiction d'un public jeune, qui plébiscite ce revival sous influence (Insidious, The Conjuring, etc...). Avec The Witch, le réalisateur Robert Eggers nous propose de revenir aux origines de cette mythologie populaire et de comprendre combien la vision que nous en proposent nombre de films contemporains est aseptisée, simplifiée à l'extrême.

Il sera ici question d'une famille, que son fondamentalisme religieux a condamné à vivre éloigné de la Colonie de Nouvelle Angleterre où elle avait trouvé refuge. Installé à l'orée d'une forêt inquiétante, le clan se dissout alors que des évènements de plus en pus étranges le mettent à l'épreuve. De ce postulat, le film tire une passionnante analyse de nos peurs et de leurs origines, en revenant aux fondements esthétiques de notre conception du mal.

C'est tout un pan de l'imaginaire occidental qui assaille les personnages de The Witch. Car si sorcière il y a, la peur s'insinue ici via un complexe jeu de références. Symbolique païenne, retour de l'animalité, sexualité réfrénée mais suintant de chaque image, importance du sang... La présence du surnaturel ne sera jamais circonscrite à un élément ou à un personnage, mais guette littéralement à l'intérieur de chaque séquence, s'infiltre dans le film et le spectateur, créant un hors-champ fantasmagorique d'une remarquable puissance.

Chaque scène referme inexorablement le piège qui se noue autour des personnages. Au centre du dispositif, l'excellente idée de mener à la fois une analyse critique du fondamentalisme religieux ET un récit fantastique frontal. Entre la folie religieuse, les interprétations implacables de faits anodins et la propagation d'une horreur venue du fond des âges, le spectateur n'a aucune échappatoire, aucun répit.

On l'aura compris, The Witch entend nous reconnecter violemment avec une peur primitive. Et Robert Eggers y parvient. Âpre, tournée dans un décor rugueux et porté par un anglais du XVIIème siècle dont les accents gutturaux hantent une bande-originale tourmentée, son oeuvre est exigeante mais terriblement accessible, en cela qu'elle nous ramène à un état de pure croyance, où l'interprétation des signes, la foi et la folie s'entremêlent.

Plastiquement somptueux, toujours ambigu, le film atteint lors de sa conclusion une maîtrise telle qu'une simple voix, guettée par le spectateur depuis le début du cauchemar, suffit à créer un sentiment de terreur abyssal. Ce sont les dernières minutes du film qui révèlent le talent de Robert Eggers, alors que The Witch s'assume totalement et nous plonge dans une horreur inscrite en filigrane dans la culture occidentale.

Simon Riaux (Ecranlarge.com)