L'ABRI - Fernand Melgar

A PROPOS

Dernier volet d'une trilogie sur l'immigration en Suisse (après La Forteresse, en 2009, et Vol spécial, en 2011), ce film retrace le calvaire quotidien de migrants venus à Lausanne se chercher un avenir. Au coeur de l'hiver, ils sont des centaines, en couple ou célibataires, avec ou sans enfants, à attendre que s'ouvre la porte de « l'abri », un hébergement d'urgence souterrain. Pour 5 francs, les élus auront droit à un lit et à un ­repas chaud, les autres retourneront à la rue, à la faim et au givre. Mais avant, ils rumineront leur désespoir et leur colère, parqués comme des bêtes derrière des barrières. Le « bunker » a beau disposer de cent lits, seuls soixante-cinq sont occupés chaque soir : ainsi en a mystérieusement décidé la municipalité. Parce qu'en Suisse, à l'instar de l'ineffable gérant du refuge, on aime bien l'ordre : « Quand le train est parti, il est parti, tant pis pour ceux qui restent sur le quai. »

Fernand Melgar filme, bien en face, les deux côtés de la barrière : les travailleurs SDF s'abîmant à vue d'oeil, mais aussi les veilleurs triant les pauvres au pifomètre, la mort dans l'âme. De l'instrumentalisation des enfants au racisme entre Roms et Africains, tous les maux de l'exclusion sautent aux yeux. Sans oublier l'horreur administrative, qui oblige ce Congolais à épuiser ses maigres ressources en attendant, des semaines, un permis de travail finalement refusé. Le réalisateur suit les uns dans leur recherche d'emploi, regarde les autres mendier ou grappiller une heure de chaleur dans une bibliothèque. Il en retrouve certains à la dérive, des ­semaines plus tard, les yeux vides. A l'image de ce couple d'immigrés espagnols que la rue sépare en quelques mois, il montre à quelle vitesse la misère ronge, comme de l'acide, les liens entre les gens. Au fil du film, on ­découvre une immigration nouvelle, issue de la crise de 2008 : arrivés d'Espagne ou du Portugal, ces migrants avaient, hier encore, un travail, un toit, une famille... Aux côtés de ces parias des pays riches, le réalisateur instruit aussi le procès d'un pays fermé jusqu'au déni, crispé sur son confort, aveuglé par la peur.

Mathilde Blottière (Télérama)

Ciné doc
lundi 4 mai 2015 à 18h00

suivi d'une rencontre avec la coordination migrant:
APTIRA, Bon Pasteur, Cimade, Emmaüs, Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde, Pastorale des Migrants, Réseau d'Entraide aux Demandeurs d'Asile, Restos du cœur, Saint Vincent de Paul, Secours Catholique, Secours Populaire, Une famille un toit

Séance organisée en collaboration avec la Ligue des Droits de l'Homme


L'ABRI

de Fernand Melgar

Documentaire
Suisse - 2014 - 1h41 - version originale sous titrée

Un hiver au coeur d’un hébergement d’urgence pour sans-abris à Lausanne. A la porte de ce souterrain méconnu se déroule chaque soir le même rituel d’entrée qui donne lieu à des bousculades parfois violentes. Le personnel a la lourde tâche de « trier les pauvres » : femmes et enfants d’abord, hommes ensuite –de tous horizons, et de plus en plus d’Europe… Alors que la capacité totale de l’abri est de 100 places, seuls 50 « élus » seront admis à l’intérieur et auront droit à un repas chaud et à un lit. Les autres savent que la nuit va être longue. 
https://www.facebook.com/abri.film?fref=ts

A PROPOS

Dernier volet d'une trilogie sur l'immigration en Suisse (après La Forteresse, en 2009, et Vol spécial, en 2011), ce film retrace le calvaire quotidien de migrants venus à Lausanne se chercher un avenir. Au coeur de l'hiver, ils sont des centaines, en couple ou célibataires, avec ou sans enfants, à attendre que s'ouvre la porte de « l'abri », un hébergement d'urgence souterrain. Pour 5 francs, les élus auront droit à un lit et à un ­repas chaud, les autres retourneront à la rue, à la faim et au givre. Mais avant, ils rumineront leur désespoir et leur colère, parqués comme des bêtes derrière des barrières. Le « bunker » a beau disposer de cent lits, seuls soixante-cinq sont occupés chaque soir : ainsi en a mystérieusement décidé la municipalité. Parce qu'en Suisse, à l'instar de l'ineffable gérant du refuge, on aime bien l'ordre : « Quand le train est parti, il est parti, tant pis pour ceux qui restent sur le quai. »

Fernand Melgar filme, bien en face, les deux côtés de la barrière : les travailleurs SDF s'abîmant à vue d'oeil, mais aussi les veilleurs triant les pauvres au pifomètre, la mort dans l'âme. De l'instrumentalisation des enfants au racisme entre Roms et Africains, tous les maux de l'exclusion sautent aux yeux. Sans oublier l'horreur administrative, qui oblige ce Congolais à épuiser ses maigres ressources en attendant, des semaines, un permis de travail finalement refusé. Le réalisateur suit les uns dans leur recherche d'emploi, regarde les autres mendier ou grappiller une heure de chaleur dans une bibliothèque. Il en retrouve certains à la dérive, des ­semaines plus tard, les yeux vides. A l'image de ce couple d'immigrés espagnols que la rue sépare en quelques mois, il montre à quelle vitesse la misère ronge, comme de l'acide, les liens entre les gens. Au fil du film, on ­découvre une immigration nouvelle, issue de la crise de 2008 : arrivés d'Espagne ou du Portugal, ces migrants avaient, hier encore, un travail, un toit, une famille... Aux côtés de ces parias des pays riches, le réalisateur instruit aussi le procès d'un pays fermé jusqu'au déni, crispé sur son confort, aveuglé par la peur.

Mathilde Blottière (Télérama)